Les engrais organo-minéraux représentent une alternative durable et peu couteuse pouvant booster la production agricole en Afrique de l’Ouest et au Sahel. C’est en substance ce qu’il faut retenir du webinaire organisé le jeudi 28 aout par le projet Feed The Future EnGRAIS mis en œuvre par le Centre International de Développement des Engrais, IFDC, sur financement de l’USAID. Le rendez-vous a été réhaussé par la participation du Dr Mabouba Diagne, ministre sénégalais de l’Agriculture. Portant sur le thème « Engrais Organo-Minéraux : Opportunité d’accroître la Production locale et l’accès aux nutriments pour les Agriculteurs d’Afrique de l’Ouest », cette rencontre virtuelle était l’occasion de montrer les avantages et de susciter l’intérêt pour cette forme d’engrais.
« Considérant les crises alimentaires et la famine à travers le monde, la sécurité alimentaire et la production locale des engrais doivent être en première ligne des politiques agricoles dans les pays. Nous allons ajouter à cette liste, les engrais organo-minéraux », c’est par ces mots que Dr Bokar Diagana, Directeur pays de IFDC au Sénégal et Responsable du département Enabling Impact de IFDC au Sénégal a planté le décor de ce webinaire qui a réuni environ 150 acteurs de la chaîne de valeurs des engrais dans la sous-région.
En effet, face aux problématiques du faible taux d’utilisation des engrais, de l’épuisement des nutriments dans les sols arables, de la forte dépendance de l’agriculture de la sous-région aux engrais de synthèse, l’alternative la plus accessible s’avère les engrais formulés à base de ressources disponibles localement. Au cours de leur recherche, les experts de IFDC ont découvert que la combinaison des engrais organiques et minéraux obtenus à partir de ressources locales (résidus agricoles et déchets ménagers) pourrait résoudre dans une grande mesure les problèmes de disponibilité et de cherté de l’engrais pour les cultures et la préservation de la santé des sols.
« Les engrais organiques jouent un rôle très important vis-à-vis du sol. Ils sont plus fiables que les engrais synthétiques en ce qui concerne la durabilité du sol », a expliqué Dr Upendra Singh, vice-président chargé de la recherche au niveau de IFDC lors de sa communication. A l’en croire, les engrais obtenus grâce à la matière organique sont pauvres en nutriments et présentent une faible compétitivité face aux engrais chimiques. « Nous avons les sources minérales d’un côté et les sources organiques de l’autre côté, la combinaison est possible. Il faudrait homogénéiser le contenu, et la combinaison des engrais organiques et des minéraux permettra donc d’obtenir de meilleurs résultats. »
De nombreux facteurs favorables à la production des engrais organo- minéraux
Partant d’une analyse SWOT sur la production locale des engrais organo-minéraux, Dr Upendra Singh a soutenu que les conditions sont réunies dans plusieurs pays pour produire ces engrais. Notamment, la disponibilité dans les exploitations agricoles de la matière organique qui constitue la principale base de ces engrais (fumier, son de riz, résidus de tige de canne à sucre, etc). Le recyclage de ces bases contenant du carbone, avec d’autres sources (différentes types de potasses) en un seul endroit, permet d’obtenir une concentration des nutriments nécessaires au développement des cultures et de réduire l’impact environnemental que provoquerait leur rejet dans la nature ou leur destruction. « Accumulés dans un seul endroit, les déchets devraient avoir cette concentration. Et cela pourrait être facilement collecté », précise le conférencier.
Le sulfate d’ammonium organique avec un taux de nutriments de l’ordre de 10 à 15%, développé par IFDC, le NPK obtenus à partir de la bagasse de canne à sucre, le bio charbon sont autant d’exemples évoqués lors de cette conférence virtuelle pour montrer le potentiel de l’utilisation de résidus agricoles pour fabriquer des engrais organo-minéraux.
Le secteur privé, fer de lance de la production d’engrais organo-minéraux local
Bien que la sous-région dispose de nombreuses ressources, le cadre politique nécessaire pour améliorer la disponibilité et l’utilisation des engrais organo-mineraux de façon durable, reste encore un défi à relever dans plusieurs pays.
Le Sénégal par exemple, met en œuvre des actions motivant le secteur privé à s’investir dans la production des engrais organo-minéraux. « Je suis heureux de voir le travail abattu pour éviter des engrais 100% chimiques. Mon ministère s’engage à collaborer avec IFDC dans ce sens, voire signer un mémorandum. Il faut toute une chaîne d’industrie pour les engrais organo-minéraux. Le secteur privé mène déjà des actions sur le marché, il est prêt à investir de l’argent pour la production, le mélange d’engrais, et l’appui technique de IFDC est indispensable », a confié Dr Mabouba Diagne, ministre de l’Agriculture du Sénégal.
Les politiques nationales en matière d’engrais doivent accorder une place importante au secteur privé qui est en mesure de développer une industrie locale productrice d’engrais, respectueuse de l’environnement. À cet effet, IFDC ne marchande pas son accompagnement vers cet idéal. En témoigne, l’expertise scientifique dont il dispose et dont l’efficacité a été confirmée par des tests en situation réels à travers le monde.
Méchac A.
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