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« Le ‘’Gali sin’’ est déjà à Philadelphie », confie Neuly Thècle Abiala

Au Bénin, le produit ‘’Gali sin’’ a suscité polémique sur la toile en 2022 après sa mise sur le marché. Aujourd’hui, l’eau de gari embouteillée (La Fermière) est certifiée par l’ABSSA et s’exporte déjà au-delà des frontières nationales. Sa promotrice, Neuly Thècle Abiala s’est confiée au journal Agratime. Retour sur les motivations et perspectives d’une entrepreneure accomplie dans l’agroalimentaire.

Embouteiller et vendre l’eau de gari à grande échelle n’était pas évident jusqu’à ce qu’une entrepreneure béninoise le fasse. Il faut être Neuly Abiala pour oser créer ce choc populaire sur les réseaux sociaux et dans le monde entrepreneurial. On était le 27 mai 2022. Quand la bouteille de 330 ml a circulé sur la toile, il y avait tellement de doute autour du contenu : « c’est faux, ce n’est pas l’eau de gari ».

Et pourtant, on était tous ainsi témoins d’un prodige. Pour l’entrepreneure, deux raisons ont été à la base de cette innovation. « D’abord j’ai voulu rendre hommage à ce produit. Ensuite, j’ai voulu montrer à mes confrères entrepreneurs qu’on n’a pas besoin d’aller chercher de grandes idées d’illumination pour pouvoir donner de la valeur à quelque chose », a confié Neuly Abiala, promotrice de l’entreprise La Fermière.

En effet, le gari, produit dérivé du manioc, est très prisé au Bénin. Il est devenu, aux yeux de l’entrepreneure, « l’emblème national » auquel elle a voulu « rendre hommage » pour promouvoir à sa manière le made in Bénin. Selon l’idée répandue, l’eau de gari serait souvent source de bagarre dans nombre de ménages. « A force d’entendre ça, j’ai dit, je vais faire à chacun sa bouteille d’eau de gari et on va avoir finalement la paix dans les foyers. C’était parti comme de la glaise, finalement elle est là, elle existe et tient sa promesse », déclare fièrement la quadragénaire, souriante derrière son bureau à Cotonou.

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Du buzz à la pleine révélation

« J’ai juste lancé ce prototype pour provoquer un déclic dans la tête du Béninois et de l’entrepreneur en herbe. Puis le buzz a suivi ». Environ un an après ce discours tenu par Neuly Abiala, elle avoue que « ce buzz a contribué à faire connaître » ce produit parmi tant d’autres estampillés La Fermière.

Les critiques, dit-elle, ont participé de l’amélioration de l’image de marque du « Gali sin » qui n’est plus désormais que pour le Bénin. « Le Gali sin est déjà à Bamako, à Ouaga. Il a voyagé encore plus, il est même parti en France, à Philadelphie. Ça fait plaisir de voir les gens apprécier », se réjouit la passionnée de l’entrepreneuriat et de l’Afrique.

Quant à la qualité du produit, il n’y a plus de doute. « Le Gali sin a déjà obtenu l’autorisation de la mise sur le marché au Bénin. C’est déjà validé et certifié par l’ABSSA [Agence béninoise de sécurité sanitaire des aliments] ». Aussi bien le Gali sin simple que le Gali sin citronné, il n’y a ni d’additif ni de conservateur ; et la demande est croissante. « On a beaucoup de commandes personnalisées. Même pour les événements, les gens en commandent », nous a soufflé la fermière.

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Gali sin, une richesse pour la santé malgré son air banal

Pour beaucoup, l’eau de gari est comme une eau ordinaire. Mais Neuly Abiala clarifie que le gari « roi des supers aliments » est lui-même « la plus grande richesse en matière de santé ». Naturellement fermenté, il contient, informe-t-elle, des « bonnes bactéries » qui « empêchent d’avoir des inflammations aux intestins ». Pour les nourrices, l’eau de gari est le « meilleur aliment lactogène qui soit ».

« Quand la maman qui vient d’accoucher consomme l’eau de gari, pas forcément celle de La Fermière, mais qu’elle délaie son gari à la maison et qu’elle consomme l’eau, ça favorise la montée de lait », explique la présidente de la maison de la femme entrepreneure. Le Gali sin est par ailleurs un aliment amincissant, nettoie le foie et les intestins. « Donc l’eau de gari, ça a l’air banal, mais c’est quelque chose de riche pour la santé. C’est bon pour le Bénin et ça porte haut l’emblème national », conclut Neuly Abiala.

Neuly Thècle Abiala
Neuly Thècle Abiala, promotrice de La Fermière

Neuly Abiala, un parcours admirable

Partie de rien, avec 5000f comme capital de départ, l’ancienne directrice des opérations de Nasuba international dirige aujourd’hui une entreprise de dix-sept personnes. En France, elle avait créé le bar brasserie Le Bistro qui sera plus tard installé au Bénin sous son management. Promotrice de plusieurs entreprises, Neuly Abiala est plus connue aujourd’hui comme CO de La Fermière, établissement offrant des produits bios à la population béninoise. Pour elle, les entreprises sont créatrices de richesse de par la transformation des matières premières, le recrutement et l’emploi de plus de ressources.

Neuly Abiala a rencontré plusieurs obstacles et connu des abandons du fait de la voie qu’elle a choisi d’emprunter. Mais pour elle, si tous les projets tombent à l’eau, il faut y nager pour atteindre l’objectif final. Il n’y a pas à s’excuser, « tu démarres et au fur et à mesure, tu grandis », recommande la consultante formatrice internationale. L’agrobusiness au Bénin, en Afrique, constitue selon elle une chance pour « éliminer tout ce qu’il y a comme taux de chômage ».

Emmanuel M. LOCONON

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