Responsable d’à peine 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, l’Afrique reste le continent le plus touché par les effets néfastes des changements climatiques. La victime principale c’est le secteur agricole [déjà fragilisé par les faibles moyens de production et des chocs exogènes] et ses acteurs, les petits exploitants. Face à la persistance des manifestations climatiques et la menace de la faim, l’Agriculture de l’Afrique subsaharienne n’a d’autre choix que de s’adapter. Ceci à travers des pratiques qui promettent d’accroître sa résilience de l’agriculture du continent et qui doivent être mises en œuvre sans délai.
L’insécurité alimentaire et la faim menacent dangereusement l’Afrique subsaharienne. De nombreux événements s’enchaînent pour imposer une situation critique au continent et à ses populations. Bien que des efforts se déploient à tous les niveaux, l’atteinte des ODD est encore incertaine à moins de 8 ans de son terme. À l’état actuel, 278 millions d’Africains sont touchés par la faim chronique. Les rendements agricoles sont insuffisants pour couvrir la demande des consommateurs et les facteurs de productions des aliments sont affectés.
Les pratiques agricoles non durables et les effets du réchauffement climatique occasionnent la perte de 45 % des terres cultivables. Les prévisions du programme des Nations unies pour l’environnement annoncent que 55 % de cette superficie risque une dégradation avancée.
« C’est l’Afrique qui contribue le moins à ce qui alimente la crise du changement climatique », va faire remarquer Paul Kagame, président du Rwanda au sommet de l’AGRF. En effet, avec les changements climatiques inscrits au tableau des facteurs d’influence, on constate une perte de la productivité agricole qui a atteint 34 % par habitant depuis 1961. En Afrique subsaharienne particulièrement, les impacts des changements climatiques se sont manifestés par des saisons sèches plus longues et des inondations. Malgré ce tableau sombre et inquiétant à plus d’un point, l’Afrique peut sauver son agriculture, accroître la résilience des populations et se sortir de ce cercle vicieux.
Transformer les systèmes alimentaires en touchant les petits exploitants agricoles
L’adaptation de l’Agriculture africaine au changement climatique est plus qu’une urgence. Afin de préserver les moyens de subsistance, il faut adopter sans délai des pratiques agricoles durables. C’est du moins ce que les voix averties semblent signifier lorsqu’elles se font fervents défenseurs de la transformation des systèmes alimentaires en accordant une attention particulière aux producteurs.
« Nous devons nous assurer que les petits producteurs sont au cœur, à l’avant et au centre, du système alimentaire. » va souligner Ismahane Elouafi, scientifique en chef à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) lors du sommet 2022 de l’AGRF. Cette action doit consister à revoir les manières dont les aliments sont produits, transformés et commercialisés.
L’une des conclusions fortes du sommet de l’AGRF stipule d’ailleurs qu’il sera question de « remédier aux inefficacités de la chaîne de valeur qui rendent coûteuses la production et la distribution de produits alimentaires bruts et transformés, et de garantir l’accès à la terre, au financement et aux intrants. » La gestion post-récolte et la recherche — et l’accès — aux marchés constituent des facteurs essentiels de réussite.
Une stratégie d’adaptation plus élaborée sera développée par Dr Agnès Kalibata, présidente de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA).
Mieux contrôler l’émission du carbone
Dans une interview accordée au site Climate Champions elle suggère dans un premier temps de réduire l’emprunte carbone de l’agriculture. Ceci en réduisant l’agriculture et l’élevage industriel et l’utilisation des engrais chimiques émettrice de 70 % des carbones produits par l’agriculture. Cela nécessite également l’adoption des énergies renouvelables.
Elle suggère également des investissements massifs dans le reverdissement des forêts et l’activité agroforestière pour favoriser la séquestration du carbone. L’agriculture irriguée figure parmi les panacées à explorer pour solutionner la rareté économique de l’eau. Les ressources financières que sa maîtrise exige n’étant pas à la portée des petits producteurs, il serait alors du rôle des décideurs d’y apporter des réponses adéquates, selon Dr Agnès Kalibata.
Par ailleurs, il faudra selon son analyse remettre au goût du jour, les cultures indigènes, résilientes en nutritives propres au continent. En plus du maïs, du riz et du blé qui concentre le plus de recherches scientifiques, des cultures telles que le sorgho, le millet, le manioc, le fonio et la teff doivent retenir les attentions. Et pour cause, elles sont aussi capables de s’adapter aux conditions climatiques qui s’endurcissent de plus en plus.
Ainsi, malgré les chocs endogènes et exogènes qui affectent l’agriculture de l’Afrique, l’espoir est permis, dès lors que les politiques au niveau de chaque pays adoptent les bonnes stratégies.
Méchac A.