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Dr Yao Akpo : « Lorsque la rage se déclare chez l’homme, c’est la mort qui s’en suit »

Le 29 septembre de chaque année, le monde entier célèbre la journée de lutte contre la rage. La célébration de cette année est axée sur le thème « Briser les frontières de la rage ». A l’occasion de cet événement, le média Agratime a reçu en entretien Dr. Yao AKPO, directeur de l’élevage du Ministère de l’agriculture de l’élevage et de la pêche au Bénin. Il met en lumière les enjeux de cette maladie zoonotique, les chiffres alarmants de la rage dans le pays et les stratégies mises en œuvre pour éradiquer ce fléau d’ici 2030. Le directeur de l’Elevage souligne l’importance de la vaccination et de la collaboration entre les différents acteurs de la santé.

Agratime : Quand on parle de la rage, de quoi s’agit-il ?

Dr. Yao AKPO : La rage est une maladie zoonotique transmise par les animaux de compagnie à l’homme, surtout le chien, le chat et les singes. C’est une maladie qui présente essentiellement des signes qui engendrent des manifestations assez violentes chez le sujet, qui lui-même pourrait devenir violent.

Il y a deux types de rages ; la rage qui est dite furieuse et celle qui est silencieuse. Pour la rage silencieuse, l’animal va commencer à se cacher, s’isoler et avec un changement de comportement. Alors que la rage dite furieuse va se traduire par une agressivité de l’animal.

Ce sont donc des manifestations nerveuses qui vont intervenir en dehors des autres signes qui peuvent être des signes digestifs, avec une hausse de la température.   C’est pour cela qu’il est conseillé de ne pas attendre l’apparition de ces signes. Et surtout il est fortement recommandé que les animaux soient vaccinés pour éviter que cette maladie n’apparaisse.

Quel est l’état des lieux de la situation de la rage au Bénin ?

Nous déplorons encore assez de pertes en vie humaine au sein de la population béninoise. Depuis le 1er janvier à ce jour, nous avons déjà eu 20 cas de décès liés à la rage, et 1 194 cas de morsures de chiens. Ce qui est à préciser, c’est que ces morsures interviennent plus chez les jeunes, essentiellement les enfants de moins de 15 ans. Il faudrait que la population puisse prendre conscience et faire vacciner les chiens. Surtout les propriétaires d’animaux de compagnie, les chiens, les chats et les singes.

Le Bénin a adopté le plan stratégique national pour l’élimination de la rage d’ici 2030 comme mesure d’éradication du mal. Quel est l’état de mise en œuvre de ce plan ?

Il est admis au plan mondial que cette zoonose peut être contrôlée par la vaccination. Donc il y a une stratégie mondiale à l’horizon de 2030. Au Bénin également, nous avons un plan d’élimination arrimé à la stratégie mondiale pour que la rage soit éradiquée à l’horizon 2030. Cette stratégie prévoit des actions de sensibilisation, de communication et surtout des vaccinations de masse des animaux. A cet effet, des campagnes de vaccination de masse ont été engagées depuis 2019. Cette année-là, il y a eu plus de 30 000 têtes vaccinées. Aujourd’hui, la campagne de 2023 a permis de vacciner plus de 90 000 têtes d’animaux de compagnie.

Quid de l’approche raisonnée de l’élimination de la rage (SARE) ?

La mesure la plus indiquée, c’est la vaccination parce que le chien vacciné constitue un soldat pour la lutte contre la rage simplement. Le virus ne peut plus s’installer et ne peut plus être transmis à l’homme. L’approche raisonnée, c’est le fait que nous devons connaître le statut, procéder à un dénombrement, connaître la démographie canine et procéder par palier à l’aide de la surveillance épidémiologique à la vaccination puis au contrôle. Nous avions reçu des formations dans ce sens et les services vétérinaires ont été renforcés. Nous disposons également d’une unité de diagnostic de la rage au laboratoire vétérinaire de Parakou qui permet de confirmer les cas de suspicion de rage.

Quelles sont les mesures préventives et les premiers gestes à adopter en cas d’exposition à la rage ?

Essentiellement, quand c’est l’humain, il faut rappeler que lorsque la rage se déclare chez l’homme, c’est la mort qui s’en suit. C’est une maladie létale. C’est pour cela qu’on insiste sur la prévention. Une fois la rage déclarée, il n’y a plus de guérison possible, c’est la mort. Il faut tout faire pour que les animaux soient vaccinés. Les propriétaires doivent prendre conscience et savoir que disposer ou avoir un chien, c’est une responsabilité. On doit pouvoir vacciner son chien.

Quel message véhicule, selon vous, la thématique centrale de cette année ?

Il s’agira essentiellement de dire que plus rien ne peut nous empêcher de lutter contre la rage, il ne doit plus avoir de barrières. Les services vétérinaires, les services de la santé humaine et les services de l’environnement doivent se mettre ensemble pour combattre cette maladie et qu’aucun obstacle ne constitue un handicap majeur à l’élimination de la rage.

Aujourd’hui, la rage ne doit plus être un tabou. Tous les acteurs doivent être mobilisés pour que la population comprenne, sensibiliser les élus locaux et tous les acteurs à divers niveaux, des propriétaires aux professionnels de la santé animale, les vétérinaires et les paras professionnels, pour que nous puissions véritablement être au rendez-vous de 2030 en éliminant la rage canine, bien sûr, pour rompre le cycle de transmission à l’homme.

Propos recueillis par Auriol HOUDEGBE

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