Alors que le financement des projets agricoles apparaît comme un nœud difficile à défaire, le Fonds National pour le Développement Agricole (Fnda) apporte l’une des solutions les plus avantageuses aux producteurs. L’instrument public de financement du secteur agricole au Bénin propose à travers son premier guichet d’offrir des subventions aux porteurs de projets agricoles. Joé Toho, représentant du Fnda dans le pôle de développement agricole 7, nous explique les conditions à remplir pour accéder aux subventions du Fnda.
Agratime : Présentez-nous le guichet 1 du Fnda.
Joé Toho : Le guichet 1 offre des subventions aux projets structurants dans le secteur agricole. Il adresse deux types d’acteurs : les acteurs publics et les acteurs privés. Pour ces deux types d’acteurs, le secteur public il s’agit des collectivités locales, des communes ou bien des associations intercommunales. La deuxième manche concerne le privé notamment les coopératives, les producteurs, les OPA, les groupements d’intérêt économique. Donc tous ses acteurs peuvent exprimer leur besoin au niveau du guichet 1. Précision que le sous-guichet 1-2 destiné aux acteurs privés n’adresse pas les entreprises agricoles. L’idée derrière cette spécification c’est de servir de levier aux producteurs à la base.
Quelle est la particularité du sous-guichet 1.2 par rapport au guichet 3 qui adresse les mêmes cibles ?
Évidemment, aussi bien au guichet 3 qu’au sous-guichet 1.2 il est question de financement aux acteurs agricoles du secteur privé. Mais au niveau du sous-guichet 1.2, nous offrons uniquement des subventions et non du crédit. C’est donc du financement à fond perdu. Ainsi, lorsqu’un bénéficiaire est en convention avec le FNDA, et qu’il accorde un financement soumis au sous-guichet 1 2, l’argent n’est pas à retourner.Lorsqu4il s’agit du guichet 1-2. Par contre, au guichet 3, le Fonds facilite exclusivement l’accès au crédit. Et, il convient de préciser à ce niveau que ce n’est pas le FNDA qui accorde le crédit, car l’institution n’a pas pour cœur de métier une activité financière. Ceux-sont les institutions financières, les banques avec lesquelles, nous avons un partenariat qui le font.
L’autre élément qui nous distingue c’est le mode d’accès qui est différent. Pour le guichet 3, le dossier est déposé au niveau des institutions financières. Alors que pour le sous-guichet 1.2, les dossiers de candidature aux subventions se déposent au niveau des Agences Territoriaux de Développement Agricole (Atda).
Que doit faire un acteur pour bénéficier des facilités du guichet 1 du Fnda ?
Si un acteur souhaite bénéficier des facilités du guichet 1, il doit dans un premier temps élaborer son projet, et cette étape commence par l’identification du projet. Dès que le projet est identifié, le candidat doit porter son document au niveau du démembrement communal de l’Atda de sa localité. Au nombre des précautions qu’il doit prendre, il doit faire valider cette idée de projet au niveau de la cellule communale. Là il peut développer le projet, c’est-à-dire rédiger le dossier en faisant la description du projet et notamment faire le lien entre son idée de projet et les orientations au plan national lié de façon globale à la filière relative à son projet. Ainsi, après le dépôt de celui-ci, la cellule communale se charge d’envoyer le projet au niveau du Fnda. Une fois à notre niveau, nous organisons un comité conjoint pour procéder à l’évaluation et à la validation du projet. Dès qu’il est validé, nous nous engageons avec le candidat retenu à travers une convention. Nous collaborons avec des cabinets qui ont pour cœur de métier, l’accompagnement dans le secteur agricole. Donc le porteur de projet ensemble avec nos Prestataires de Services Non Financiers (PSNF) travaillent pour mettre en œuvre le projet.
Qu’est-ce qui garantit la qualité du dossier d’un candidat aux subventions du guichet 1 ?
Vu qu’il est question de projet structurant au guichet 1, cela nécessite une étape fondamentale : les études de faisabilité. Lors de la validation, nous ne regardons pas seulement ce qui est inscrit dans le dossier. Lorsqu’une communauté, un groupe d’acteurs, une coopérative ou une union communale de producteurs demande au Fnda de lui construire un magasin, il faut nécessairement réaliser une étude de faisabilité qui donne une réelle estimation des besoins. Cette étude de faisabilité permet vraiment d’illustrer les éléments de coût voir les aspects sociologiques de l’infrastructure à réaliser.
L’autre atout favorable à la sélection du dossier, c’est qu’il faut aussi accepter de donner votre contribution. Il ne s’agira pas d’exprimer un besoin de 100 millions pour réaliser le projet et s’attendre à obtenir la totalité. Les demandeurs doivent pouvoir apporter une contribution. Dans ce cadre, nous essayons de voir un certain nombre d’aspects notamment le potentiel de ce groupe d’acteurs et l’aspect genre. Lorsque le projet est porté par un groupe de femme, nous nous montrons moins frileux.
Quel bilan peut faire des activités du guichet 1 au 31 décembre 2021 ?
En termes de bilan, au niveau du sous-guichet 1-1, nous avons déjà accompagné près d’une dizaine de projets à plus de 400 millions de FCFA. Et au niveau du sous-guichet 1.2, environ 30 projets ont été subventionnés pour près de 1,5 milliard de nos francs.
Soulignons que n’importe qui ne peut se lever pour venir prendre les ressources du Fnda. Il y a bien sûr des critères. Un dispositif d‘examen et d’évaluation du porteur de projet est mis en place et c’est d’ailleurs pourquoi nous recevons beaucoup de dossiers, mais peu sont validés. Nous voulons adresser ces ressources à ceux qui sont vraiment dans le besoin. Une fois que le demandeur touche aux ressources, il y a un suivi aussi bien au niveau des Atda. Le Fnda dispose d’un personnel dédié pour faire le suivi. Il y a aussi les prestataires qui sont recrutés pour le suivi auprès de ce bénéficiaire. Par ailleurs, nous ne transférons pas ces ressources à ces bénéficiaires et que cela reste dans leur caisse. Il existe un plan de décaissement qui s’opère seulement lorsque le Fnda constate que le travail est fait. Il y a donc un suivi rigoureux.
Pour le commun des Béninois, le Fnda ce n’est que le guichet 3. Que faites-vous pour corriger le manque d’information au niveau des autres guichets qui offrent également des facilités intéressantes aux acteurs agricoles ?
Beaucoup ont pensé que le Fnda, ce n’est que le guichet 3. Or nous offrons des facilités intéressantes aux guichets 1 et 2. Pour pallier, le manque d’information qui prévaut autour de ces guichets, nous misons sur la communication. Depuis l’année passée, nous avons démarré des séances d’information qui a pour but de passer dans les 77 communes du Bénin. Dans toutes les communes où nous sommes déjà passés, nous essayons de mobiliser les acteurs, les producteurs, les OPA, les faîtières, les interprofessions… qui travaillent sur nos filières. Nous associons aussi les responsables qui sont au niveau des mairies et les institutions financières, donc tous les acteurs clés qui travaillent au sein du secteur agricole.
Pour 2022, nous avons lancé un appel pour recruter les cabinets travailleront aux côtés des porteurs des projets. Nous envisageons également de lancer un appel à projets pour collecter les projets des acteurs que ce soit des mairies, des producteurs, des OPA, ainsi de suite qui seront traités et sélectionnés par le comité conjoint.
Propos recueillis: Méchac AWOKOLOITO