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La résistance parasitaire : la bête noire des élevages en Afrique de l’Ouest

La résistance des parasites, notamment des tiques, aux traitements pose un défi de taille pour l’élevage en Afrique de l’Ouest. Leurs mécanismes de résistance, avec des mutations intrigantes, préoccupent plusieurs chercheurs et éleveurs. Pour protéger le bétail et les éleveurs, ces acteurs ont mis en place des solutions.

Les parasites, notamment les tiques, constituent une menace sérieuse pour le bétail. « Les tiques du bétail, notamment l’espèce Amblioma variegatum, causent des dégâts considérables en dégradant la peau des animaux et en transmettant des maladies comme la cowdriose chez les petits ruminants », explique le Dr. Hassane Akadal, vétérinaire de formation et enseignant-chercheur, fonctionnaire au Centre régional de santé animale de la CEDEAO. Une autre espèce problématique est le Bophilus microplus, introduit au Bénin via l’importation de bétail du Brésil. Cette tique est particulièrement résistante aux acaricides.

Les parasites intestinaux et les hémoparasites posent également des problèmes. Dr. Yao Akpo, directeur de l’élevage du Maep au Bénin, indique que les trypanosomoses sont une contrainte majeure pour l’élevage en Afrique de l’Ouest. « Ces trypanosomoses constituent aujourd’hui la principale contrainte sanitaire à l’intensification de l’élevage en Afrique de l’Ouest », déclare-t-il. Ces parasites, ainsi que les tiques résistantes, réduisent la production de lait et de viande, impactant ainsi l’économie locale.

La problématique de la résistance

Les tiques résistantes posent un problème majeur. « Quand on parle de résistance, c’est-à-dire qu’elles sont rebelles, insensibles à toutes les familles de produits chimiques qu’on utilise », souligne Dr. Akadal. Cette résistance complique considérablement la lutte contre les infestations, car les tiques continuent de survivre malgré les traitements.

Les parasites affectent également la santé humaine. Le spécialiste en santé animale précise que les tiques peuvent transmettre des maladies graves comme la maladie de Lyme. « Il est très courant que les éleveurs, quand ils rentrent le soir, aient des tiques collées sur leur corps », note-t-il. Les pratiques d’hygiène et de cuisson sont essentielles pour prévenir la transmission des parasites aux humains.

résistance
Dermatite pustuleuse contagieuse. Maladie courante chez les caprins. La dermatite pustuleuse contagieuse est une zoonose, @Depositphotos

Solutions alternatives et défis

Face à cette résistance, des solutions sont proposées. Les chercheurs explorent diverses méthodes de lutte, dont certaines sont biologiques. Notamment, les techniques d’évitement de parcours, où les éleveurs déplacent leurs troupeaux en fin de journée pour exposer les tiques au soleil, les tuant ainsi. Une autre méthode, appelée pédiluve, consiste à laver les pattes des animaux avec des produits chimiques en quantités réduites.

Cependant, ces solutions ne sont pas sans défis. « Les méthodes biologiques sont efficaces dans la recherche, mais on a du mal à les appliquer sur le terrain parce qu’il faut accompagner les éleveurs et qu’ils respectent les itinéraires qu’on leur donne, ce qui n’est pas évident », précise Dr. Hassane Akadal. L’application sur le terrain nécessite donc un soutien constant et une formation des éleveurs.

Le contrôle de ces maladies nécessite des mesures préventives et curatives. La prévention inclut l’utilisation de déparasitants. Dr. Akpo souligne l’importance de la prévention : « La prévention, c’est déjà le fait d’utiliser des déparasitants, qu’ils soient internes ou externes. » Les traitements curatifs, quant à eux, détruisent les parasites adultes et préviennent l’installation des juvéniles.

Les actions du Bénin et de la CEDEAO en matière de lutte

Le Bénin met en place des stratégies pour réduire l’impact des parasites sur la qualité de vie des animaux. Il existe un plan de contrôle des maladies parasitaires, intégré aux campagnes de vaccination. Cela permet de cibler les zones à risque et de réduire la charge parasitaire chez les animaux. Sans oublier le développement du sous-secteur élevage à travers le programme de sédentarisation des troupeaux de ruminants et les programmes nationaux de développement des filières animales, lait, viande, œufs de table.

Toutefois, la lutte contre les parasites animaux nécessite une approche transfrontalière en raison de leur mode de dispersion au-delà des frontières. Elle demande également une collaboration régionale à travers le Réseau africain de l’Association mondiale pour l’avancement de la parasitologie vétérinaire (WAAVP-AN). Dr. Akpo insiste sur l’importance de partager les informations et les techniques entre les pays. « C’est un réseau africain, on doit pouvoir partager les informations », affirme-t-il. La coopération régionale permet de développer des méthodes de contrôle adaptées aux contextes locaux et d’améliorer la santé animale et humaine.

La résistance parasitaire est un défi complexe qui nécessite des solutions variées et une coopération régionale. Les experts jouent un rôle crucial dans la recherche et la mise en œuvre de ces solutions. Leur travail aide à préserver la santé des animaux et à garantir la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest.

Auriol HOUDEGBE

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