Lors du conseil des ministres du mercredi 3 juillet 2024, le gouvernement a adopté un programme spécial pour intensifier les productions maraîchères et céréalières. Doté de 10 milliards de FCFA, il vise à augmenter les productions en stabilisant les prix. Le Bénin entend intensifier ses efforts pour garantir la sécurité alimentaire face aux défis climatique.
Cette décision est due aux effets du changement climatique et à la chaleur intense entre janvier et mai. En conséquence, « la campagne agricole a été marquée par une faible production de cultures maraîchères, notamment la tomate, l’oignon et le piment », souligne le compte rendu du conseil des ministres. La disponibilité de ces produits a diminué, entraînant une hausse des prix sur les marchés.
Malgré une augmentation de la production céréalière, notamment du maïs, les exportations incontrôlées vers les pays voisins ont aussi causé une montée des prix.
Stratégies et objectifs du nouveau programme agricole
Le gouvernement a mis en place ce programme spécial pour éviter la répétition de l’augmentation des prix des produits agricoles. Il vise à intensifier durablement les productions maraîchères et céréalières pour garantir leur disponibilité et accessibilité. L’objectif est d’« apporter et/ou amplifier des innovations technologiques déjà développées par certains projets actuellement en cours d’exécution », selon le compte rendu.
Mécanismes de soutien pour les agriculteurs
Avec une dotation initiale de 10 milliards de FCFA, le programme prévoit l’installation d’infrastructures de production agricole comme la culture en milieu contrôlé et la petite irrigation. Il facilitera également l’accès à des intrants spécifiques : semences à haut rendement, pesticides, engrais et biostimulants. Le programme encourage l’adoption de pratiques agricoles durables : gestion intégrée des ressources en eau, rotation des cultures, gestion de la fertilité des sols et renforcement de la mécanisation agricole. Le conseil souligne que « toutes ces mesures seront accompagnées du conseil agricole dédié et de la formation des acteurs par leur professionnalisation aux bonnes pratiques de production agricole ».
L’avenir de la production agricole
Lors d’un point de presse après le conseil des membres du gouvernement, le ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, Gaston Dossouhoui a souligné que « gouverner c’est prévoir ». Il a affirmé que le niveau actuel des différentes productions n’est pas si bas. Les innovations proposées par ce programme sont déjà en cours, bien que de manière limitée. Ce programme vise à les intensifier, a clarifié le ministre. Il a ajouté que la demande du marché est croissante et s’étend à la sous-région. Il est donc crucial de produire suffisamment et de stabiliser la production pour garantir la consommation, la transformation et la commercialisation. Les consommateurs auront désormais accès à des produits disponibles en permanence à des prix compétitifs, a souligné le ministre Dossouhoui.
Initiatives pour soutenir le secteur agricole
Le Programme spécial d’intensification des productions maraîchères et céréalières est une initiative récente adoptée par le Conseil des Ministres du Bénin. Cependant, le Bénin a déjà mis en place d’autres programmes agricoles visant à améliorer la production, la sécurité alimentaire et le développement rural. Par exemple, le Programme d’Appui au Secteur Agricole (PASA) vise à renforcer la compétitivité du secteur agricole en améliorant l’accès aux intrants, la formation des agriculteurs et la gestion durable des ressources naturelles. Le Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA) permet la disponibilité et l’accès aux denrées alimentaires de base pour la population béninoise. Financé par le FIDA à hauteur de 18 milliards FCFA, le projet de développement de maraîchage (PADMAR) a aménagé au moins 1500 hectares désormais exploités. Plus de 12 000 producteurs ont eu accès aux facteurs de production et/ou aux paquets technologiques.
Statistiques de la campagne maraîchère 2023-2024
Selon la Direction de la Statistique Agricole (DSA), la campagne maraîchère 2023-2024 a produit 717 365 tonnes, contre 675 188 tonnes l’année précédente. Cependant, cette production est inférieure de 5,5 % à la moyenne des cinq dernières années. La production d’oignons a atteint 94 906 tonnes en 2023-2024, contre 92 738 tonnes en 2022-2023, soit une hausse de 2,3 %. La production de piments est restée stable, passant de 133 412 tonnes en 2022-2023 à 134 120 tonnes en 2023-2024, soit une augmentation de 0,5 %. La tomate, représentant 43,6 % de la production totale, a enregistré une baisse de 7,8 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années, mais a augmenté de 4,8 % par rapport à l’année précédente, atteignant 279 466 tonnes. Le piment, l’oignon et le gombo représentent respectivement 18,7 %, 13,2 % et 14,1 % de la production totale.
La récolte de céréales est évaluée à 2 737 481 tonnes, contre 2 297 373 tonnes en 2022, avec le maïs représentant plus de 75 %.
LIRE AUSSI Bénin/Projet TAERA : restitution des résultats de recherche aux producteurs