Les ministres européens de l’environnement ont adopté ce lundi 17 juin 2024 le projet de règlement sur la restauration des écosystèmes dégradés. La mise en œuvre de ce texte permettra de concrétiser les engagements internationaux pris par tous les États membres de l’Union Européenne lors de la COP 15 de la Convention sur la diversité biologique, à Kunming-Montréal.
L’objectif de l’adoption de ce texte est d’accélérer la restauration des écosystèmes européens dégradés. D’ici 2050, tous les écosystèmes endommagés de l’Union devront faire l’objet de mesures de restauration, tandis que les États membres devront restaurer au moins 30% des surfaces d’habitat d’intérêt communautaire et des habitats marins en mauvais état d’ici 2030. Des mesures seront également prises pour éviter toute détérioration significative des habitats. Chaque État membre est dorénavant tenu de préparer un plan national de restauration pour mettre en œuvre ces obligations.
Le ministre français de la transition écologique et de la cohésion des territoires, Christophe Béchu s’est félicité de l’adoption de ce texte. « Je me réjouis de l’adoption finale de ce texte. D’abord, parce qu’il constitue un aboutissement du projet politique qui nous a servi de boussole depuis 2019, le Pacte vert », a-t-il déclaré.
Il a ajouté que « ce règlement reflète l’engagement international de l’Union Européenne à mettre en œuvre, sur son territoire, le cadre mondial sur la biodiversité adopté en décembre 2022. La nature et nos paysages sont une part essentielle de l’identité de notre continent ; les restaurer revient à préserver pour les générations futures les services rendus par les écosystèmes, garantissant ainsi notre production et notre résilience ».
« Il n’y a plus de temps pour une pause dans la protection de notre environnement », a réagi Alain Maron, ministre bruxellois, soulignant le devoir des responsables politiques de répondre à l’urgence de la « diminution de la biodiversité en Europe » et de respecter les engagements internationaux de la Belgique. Il a également noté que « la délégation européenne peut désormais se rendre à la prochaine COP la tête haute ».
L’adoption de ce règlement, qui résulte d’un revirement de position de l’Autriche ce week-end, met fin à deux années de vives controverses politiques au sein de l’Union Européenne. Ce projet phare du pacte vert européen dans son volet biodiversité fixe aux États membres l’objectif de restaurer au moins 20 % des écosystèmes dégradés (terrestres et marins) de l’UE d’ici 2030, et l’ensemble des écosystèmes nécessitant une restauration d’ici 2050.
Le règlement a été critiqué par le Parti populaire européen (PPE), sous pression agricole, ainsi que par des dirigeants tels que le Premier ministre belge Alexander De Croo, qui ont plaidé en faveur d’une « pause » dans les législations climatiques de l’UE.
Plus de 80 % des habitats européens sont actuellement en mauvais état. Les pays de l’UE sont désormais tenus de restaurer au moins 30 % d’entre eux d’ici 2030, 60 % d’ici 2040 et 90 % d’ici 2050. Cette initiative concerne notamment les forêts, prairies, zones humides, rivières, lacs et récifs coralliens, avec une priorité accordée aux zones Natura 2000. En outre, trois milliards d’arbres devront être plantés et 25 000 km de cours d’eau devront être restaurés à courant libre. Le couvert arboré urbain ne pourra plus régresser. La restauration des tourbières jouera également un rôle central, étant l’un des moyens les plus efficaces de réduire les émissions dans le secteur agricole.
Ce vote sur le projet de restauration des écosystèmes a été soutenu par 20 États membres représentant 66,07% de la population de l’UE. Seuls six pays ont voté contre. Il s’agit de l’Italie, la Hongrie, les Pays-Bas, la Pologne, la Finlande et la Suède.
Dorice M. AHOLOUKPE
LIRE AUSSI Mali/Projet Safeveg : 3000 producteurs reçoivent des kits de semences saines