Au Bénin, de 190 FCFA, prix initial, le kilogramme du soja conventionnel est passé à 270 FCFA. Le soja bio est quant à lui désormais vendu à 320 FCFA/kilo. La décision de la revue à la hausse des prix, intervenue mardi 11 avril 2023, est sujette à critique. Par exemple, Pascal Tchicoto, un producteur de soja à Djougou, une commune située à environ 381 kilomètres de Cotonou, capitale économique du Bénin, en est déçu.
Il a fallu d’abord qu’ils élèvent la voix pour ensuite être écoutés par le chef de l’Etat. Les producteurs de soja ont finalement rencontré le président Patrice Talon, mardi. C’est à l’issue de cette réunion que les prix du soja ont été revus à la hausse. Depuis quelques semaines en effet, les producteurs murmuraient leur mécontentement. « Notre déception c’est le fait que l’Etat veuille tout contrôler en limitant la concurrence », accuse Pascal Tchicoto, producteur de soja.
Sur un média local, semaine dernière, plusieurs producteurs du nord Bénin ont exprimé leur ras-le-bol. Le coût élevé des facteurs de production, de la taxe en plus des aléas climatiques et la faible rentabilité du soja constituent leurs difficultés majeures. Ils dénoncent le fait de devoir supporter un prix dérisoire du soja en décadence avec l’investissement consenti. « Le prix a chuté d’un seul coup », constate Imorou Worou Bourro, producteur à Nikki.
Avec un prix initial fixé à 190 FCFA, le sac de soja de 100kg revenait à 19 000 FCFA. Ce que déplore Paul Sounon, président de l’association des producteurs Su Tebo Bere We. Comparée à l’année dernière, la situation déçoit Pascal Tchicoto. Il produit dix hectares de soja à Djougou. « L’année passée au mois de mars, j’ai vendu un sac de soja (100kg) à 45000 F CFA», a-t-il rappelé. La campagne de commercialisation 2023 n’est pas intéressante car, insiste-t-il, « le gouvernement a décidé de tout contrôler en limitant la concurrence ».
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Le gouvernement à la barre
Pointé du doigt, le chef du gouvernement a réuni les producteurs. Patrice Talon a échangé avec eux pour enfin convenir d’augmenter les prix. 270 FCFA et 320 FCFA par kilo, c’est ce que coûtent désormais respectivement le soja conventionnel et le soja bio. « Vous savez, il y a des producteurs de soja bio. Mais le prix de 320 f comparativement aux coûts de production, je vous dis que c’est très peu », a réagi Pascal qui ajoute : « Même à 1000f, nous allons demander plus ». Ce qu’il veut dire simplement c’est que « l’État nous permette de vendre nos produits aux plus offrants », conclut-il.
Quant à Imorou Worou Bourro, il est heureux de l’augmentation du prix. Mais « seulement si on augmente le prix et qu’on ne trouve pas de preneur à ce prix-là c’est compliqué », avance-t-il. La vente du soja hors des frontières béninoises est, précisent les producteurs, réprimée. Ils disent être exclusivement obligés de vendre leurs produits à la zone industrielle intégrée de Glo Djigbé (GDIZ) à un prix inférieur à leur attente.
Déçu, il envisage se tourner vers les tubercules
Le président de l’association des producteurs Su Tebo Bere We signalait semaine dernière des abandons de la filière. Paul Sounon dénombre plusieurs producteurs qui désistent du fait des conditions déplorées. Comme ces derniers, « j’ai été très déçu pour le compte de cette campagne. Moi j’ai toujours aimé la production biologique. Mais la question : produire et vendre à quel prix ? Personnellement je m’oriente désormais vers la production des tubercules et le sésame », a confié à Agratime, Pascal Chicoto.
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