Depuis quelques semaines, la filière soja défraie la chronique au Bénin à cause du prix de vente relativement bas (selon les producteurs, NDLR) qui a généré un grand stock invendu de 182 500 tonnes sur environ 400 000 tonnes de soja grain produit durant la campagne écoulée. S’il est vrai que depuis le mardi 11 avril dernier, une solution a été trouvée pour porter le prix de vente du soja à 270 F CFA le Kilo, il reste un épineux problème à résoudre, le cas des petits transformateurs du soja en fromage, en lait et autres produits dérivés.
Sur le site du gouvernement, on peut lire dans le compte rendu de la séance des producteurs avec le chef de l’État que tout « … Tout le stock restant sera acheté par l’État par le biais de la Société d’Investissement et de Promotion de l’Industrie (SIPI Bénin SA) et payé au prix de 270 FCFA le soja conventionnel, 250 FCFA le soja déclassé et 320 FCFA le soja bio ». Cette décision pour le moins salvatrice pour les producteurs a condamné les petits transformateurs qui sont déjà à l’agonie et qui seront définitivement privés de matière première puisque tout le stock restant sera acheté par le gouvernement.
Quand on sait que des centaines d’unités artisanales et semi-industrielles existent au Bénin et produisent pour le marché de consommation locale des produits dérivés du soja (fromage, lait, farines et autres produits) correspondant aux habitudes alimentaires et à la bourse des consommateurs, on est en droit de se demander le sort qui leur est réservé dans le dégel de cette crise qui secoue la filière Soja. Pis, dans la situation économique actuelle du pays, des dizaines de milliers de foyers vivent de la commercialisation de ces dérivés soja et d’autres en consomment à suffisance, n’ayant pas les moyens de s’acheter du poisson ou de la viande. Sans oublier que les cantines scolaires intègrent depuis peu, ces dérivés dans l’alimentation des écoliers et les producteurs de provende pour l’industrie avicole.
Il apparaît donc clairement que le Président de la République, le ministre de l’Agriculture, celui du commerce et tous les acteurs ayant pris part à cette séance ont royalement oublié tout ce beau monde, car les industriels favorisés par la décision du gouvernement exportent leurs produits dérivés. Rien n’est donc réservé au marché local et à moins d’un revirement, les Béninois seront privés de fromage et autres produits dérivés du soja dans quelques semaines.
Vivement que la tournée nationale d’explication qui se déroule en ce moment apporte une réponse aux attentes de cette catégorie d’acteurs que forment les transformateurs artisanaux et les producteurs de provende.
André Tokpon
