Depuis l’abondement de 100 milliards de francs CFA de son guichet 3 en juillet 2020, le Fonds National de Développement Agricole (FNDA) est entré dans une phase active de sa mission principale qui est celle d’être le catalyseur du financement du secteur agricole au Bénin. Si les acteurs agricoles accueillent la nouvelle de l’abondement avec enthousiasme, force est de constater que deux ans après, les dossiers de demande de crédit avec l’accompagnement du FNDA patinent.
« Nous sommes aujourd’hui à environ 5 milliards de financement, mais avec beaucoup de difficultés qui proviennent des bénéficiaires qui ne sont pas encore bien préparés pour accéder à ces financements. En effet, ces financements nécessitent un projet bien structuré, bancable et accepté par les banques et les SFD. Nous sommes conscients que nous venons de très loin et que la plupart de nos compatriotes sont habitués aux subventions et aux dons alors qu’aujourd’hui nous raisonnons en termes d’entrepreneuriat agricole » tel s’exprimait le Directeur Général du FNDA il y a un an face aux hommes des médias pour tirer la sonnette d’alarme. En effet, sur les milliers de dossiers déposés auprès des institutions financières, très peu parviennent à passer les différents filtres pour s’imposer à ces derniers et être financés. Malgré les efforts du Fonds National de Développement Agricole le mal persiste et entrave la bonne volonté des gouvernants d’accompagner les acteurs agricoles par des financements compétitifs.
Négligence dans la constitution des dossiers
S’il est vrai que les institutions financières sont pour la plupart réticentes au financement du secteur agricole, il n’en demeure pas moins vrai que les dossiers de demande de crédit ne sont pas toujours de nature à les rassurer. On déplore souvent une certaine négligence dans la constitution des dossiers avec des promoteurs qui ne disposent pas de données de référence pour leurs exploitations. « Il y a certains qui viennent avec des projets qui ne respectent pas les grandes lignes du canevas du FNDA. Les paramètres des données de référence ne sont pas réalistes et dans l’analyse financière, d’autres font d’amalgames » déplore Godfried Badou, chef de la cellule communale de l’ATDA 7 à Sèmè Podji.
Selon ses propos, plusieurs dossiers de demande de financement qui arrivent sur son bureau ne répondent pas aux critères techniques d’analyse, car ils manquent de cohésion et d’objectivité par rapport à la taille des exploitations. « Il y a cet aspect du copier-coller que nous observons dans beaucoup de dossiers. Tu es en train de parler d’élevage de poisson et subitement on commence par voir l’évocation du porc ou d’autres spéculations. Aussi, les demandeurs de crédit ne prennent pas soin de mentionner l’historique de leurs activités pour montrer leur capacité à pouvoir gérer ou rembourser le crédit. Ainsi, vous allez voir des projets qui demandent des dizaines de millions alors que l’objectif tel que décrit n’en demande pas autant, on est obligé de leur demander de redimensionner et de baisser le montant demandé » a laissé entendre le chef de la Cellule communale de Sèmè Podji.
De l’accompagnement technique disponible pour élaborer des dossiers bancables
Cette récurrence des insuffisances constatées dans les dossiers s’explique en grande partie par le caractère informel des activités agricoles et le manque d’éducation financière des promoteurs agricoles au Benin. Face à cette difficulté, le Fonds National de Développement Agricole a diligenté un processus d’accompagnement pour appuyer les promoteurs agricoles dans l’élaboration de leurs dossiers de demande de crédit. Ainsi, le Comité d’Identification des Structures d’Appui et d’Encadrement (CISAE) de la BCEAO a accrédité une quinzaine de Structures d’appui et d’encadrement (SAE) pour offrir un appui technique aux exploitants agricoles et PME/PMI du secteur agricole en vue de l’obtention du crédit. Il suffit désormais de se rapprocher de l’une de ces structures pour obtenir l’appui nécessaire à l’élaboration de son plan d’affaires bancable.
Il convient toutefois de préciser qu’il ne suffit pas de solliciter l’une de ces structures pour penser qu’on a déjà obtenu le crédit. Le promoteur doit se rendre disponible pour donner les informations nécessaires vérifiées pour l’élaboration du business-plan et surtout convaincre l’institution financière qui a reçu le dossier de sa solvabilité. Rappelons également que le FNDA n’octroie pas de crédit, il apporte une garantie à hauteur de 50 % au promoteur qui sollicite son accompagnement auprès d’une institution financière. Le promoteur lui-même supporte les 50 % restant de la garantie.
André Tokpon
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