Une conférence-débat s’est tenue, jeudi 31 octobre, dans la salle de conférence de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin (CCIB) sur la planification et la réussite d’un projet agricole. L’initiative, dénommée Agro Meet-Up, émane de Star Network et ses partenaires. Ce fut un moment d’échange et de partage d’expérience, avec plusieurs invités, dont l’agroéconomiste sénégalaise renommée, Claudia Senghor.
L’agriculture est un levier important pour la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté en Afrique. La première édition de l’Agro Meet-Up vient donc révéler les potentialités de ce secteur, mais surtout pour donner des techniques adaptées aux acteurs agricoles afin de mieux planifier et de réussir leur projet agricole. L’événement a également permis de célébrer des entrepreneurs agricoles et des acteurs de l’agrobusiness, à commencer par Claudia Senghor, consultante agricole et formatrice. Elle a partagé avec les acteurs agricoles son expertise et son expérience en tant qu’exploitante agricole et promotrice de la start-up Agrobabe. Son objectif était d’encourager les jeunes à se lancer dans l’agriculture.
Opportunités et moyens de réussite en agrobusiness
L’Afrique dispose de 600 millions d’hectares de terres arables disponibles, soit 60% du total mondial, et bénéficie d’un climat ensoleillé, contrairement à certains pays occidentaux. En exploitant ce fort potentiel agricole, le continent peut assurer pleinement sa sécurité alimentaire et réduire les importations. Les domaines tels que la production (semencière, végétale et animale), la transformation et le conseil agricole représentent des opportunités d’investissement pour les jeunes entrepreneurs.
Avant de se lancer, recommandent les experts, il est essentiel de se poser les bonnes questions et de se structurer. Plusieurs facteurs sont à considérer pour planifier un projet agricole : le choix des cultures (cycle court ou long), la disponibilité de l’eau, la sécurisation du foncier et la création d’un business plan solide. En outre, les promoteurs agricoles sont appelés à se faire former.
« Il faut bien choisir son marché, donc l’agro-conservation est important. Le côté technique aussi, donc de la production. Il faut prendre en compte les fonctions agricoles. C’est un bon exercice parce qu’il nous fait parler tout de suite des personnes qu’on va avoir sur son exploitation, qui on va prendre sur son projet. C’est super important le côté administratif aussi », a déclaré Claudia Senghor. Selon elle, commencer sans préparation est une erreur à éviter.
Formaliser son entreprise agricole
La conférence a inclus un panel avec quatre experts qui ont approfondi les enjeux du secteur agricole. Dr Marietta Gonroudobou, Directrice générale de Agro Hikari, a évoqué la forte demande en production maraîchère au Bénin, qui peine encore à se suffire à elle-même. « Et des fois, on est obligés d’importer de l’extérieur mais aujourd’hui avec l’accompagnement du gouvernement et de certains acteurs, projets-programmes, on arrive quand même à étendre cette production et à l’augmenter pour, d’ici quelques années, arriver à couvrir au niveau local, les besoins locaux », a confié Marietta Gonroudobou. La couverture des besoins locaux par la production locale dépend aussi de l’investissement des entreprises locales.
La plupart de ces entreprises opérant dans l’informel, pour leur viabilité, gagneront à se formaliser selon José Herbert Ahodode, agronome socio-économiste, co-fondateur de Crystal Agri Business. Il a insisté sur l’importance de la formalisation et des procédures administratives comme l’enregistrement de sa structure pour bénéficier des avantages qui en découlent. Quant au financement agricole, il existe, assure-t-il, mais il est nécessaire de présenter un projet selon les critères appropriés.
Ghislain Hologan, fondateur d’Agritek Africa, a par ailleurs mentionné la nécessité de se tourner vers les technologies innovantes, comme les drones, pour améliorer les rendements. Il fait remarquer que le Bénin se positionne comme un acteur clé dans le développement agricole en Afrique, en investissant dans des filières stratégiques et en favorisant des réformes qui soutiennent une agriculture moderne et compétitive.
Le Bénin agricole, des efforts et des défis
Depuis 2016, le Bénin s’engage dans une transformation profonde de son secteur agricole, sous le Programme d’Action du Gouvernement. Dans ce programme, le Bénin entend faire de son agriculture le pilier du développement économique national par des refontes institutionnelles et en réorganisant les structures existantes. Yao Maxime Gounsè, Directeur du renforcement de capacités à l’Agence Territoriale de Développement Agricole (ATDA) Pôle 7, a rappelé la réforme de la territorialisation du Bénin en sept pôles agricoles de développement agricole, chacun ciblant des filières spécifiques comme le riz, la volaille, le coton ou l’ananas, etc.
Cette approche territoriale permet d’adapter les interventions aux réalités locales pour favoriser ainsi une production plus ciblée et efficace. A en croire Yao Maxime Gounsè, le gouvernement a mis en place des mesures de soutien, telles que des subventions, à travers le Fonds national de développement agricole (FNDA) pour faciliter l’accès au crédit. Mais malgré ces efforts, des défis demeurent, notamment l’amélioration de la qualité des produits pour l’exportation et le développement de stratégies de marketing adaptées.
Au terme de la journée de formation, les participants sont repartis outillés et motivés à mener à bien leur projet agricole. « Ce que je retiens, c’est le fait de beaucoup s’informer avant d’attaquer le domaine agricole, d’être persévérant, courageux et ne pas baisser les bras », a affirmé Max Borna, entrepreneur agricole.
Pour cette première édition de l’Agro Meet-Up, Star Network a collaboré avec Agrobabe, Crystal Agri Business, Agro Hikari, Agritek Africa, Nobila Airport, Financial Afrik, Cadreco et Nica Agencies. La prochaine édition est envisagée pour mars 2025.
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