Alors que la campagne 2019 du warrantage huile de palme est imminente au Bénin, des acteurs agricoles des départements de l’Ouémé, du Plateau et du Zou se sont retrouvés à Porto-Novo du 05 au 07 février pour faire le bilan de la campagne écoulée et dresser les nouvelles perspectives. Sous l’égide du projet Approche Communale pour le Marché Agricole (ACMA 2), ces acteurs des Pôles d’Entreprises Agricoles (PEA) ayant pris part à la campagne 2018, ont débattu des résultats obtenus et se sont assignés de nouveaux objectifs après avoir tiré des enseignements des difficultés précédemment connues.
Engagé aux côtés des acteurs agricoles pour la mise à marchés de leur produits, ACMA 2 a adopté le warrantage comme un approche devant non seulement permettre d’écouler les produits mais aussi d’avoir accès au crédit. En effet, le warrantage consiste pour les acteurs des PEA, a stocké leurs produits dans un grand magasin aménagé pour ensuite bénéficier d’un crédit à hauteur de 80% de la valeur de base dudit produit sur le marché en attendant la commercialisation.
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En 2018, le warrantage a permis à 588 acteurs agricoles dont 339 Hommes, 249 Femmes et 101 Jeunes de 09 PEA huile de palme des communes de Sakété, Ifangni, Adja-Ouèrè, Pobè, Avrankou, Adjohoun, Bonou, Ouinhi et Missérété de bénéficier de 270 362 000 FCFA de crédits octroyés par l’institution financière Alidé. Ces crédits utilisés comme fonds de roulement par les producteurs, ont été intégralement remboursés dans les délais par les bénéficiaires grâce à la mobilisation et la vente de 902 tonnes d’huile de palme pour un chiffre d’affaire de 451 703 696 FCFA en 2018.
« Le warrantage est un mécanisme très bon que nous a montré ACMA, nous ne devons pas lâcher. » a confessé Idrissou Ladjohounlou président de l’Union Communale des Producteurs d’huile de Palme (UCPPH) de Sakété. Pour Rassidatou Moustafa, spécialiste du warrantage pour le programme ACMA2, les bons résultats de 2018 augurent de bonnes perspectives pour 2019. C’est dans cette optique de le programme a installé quatre centres de stockage d’huile de palme dans les communes de Bonou, Adjohoun, Sakété et Avrankou. Ces centres sont dotés de grands réservoirs, de laboratoire et de magasins afin de faciliter le stockage de l’huile colletés par les PEA.
Toutefois, elle a souligné que la porosité des frontières du Bénin facilite l’infiltration d’huile d’autres pays sur le territoire national. Ces huiles importées plombent le marché et baissent le chiffre d’affaires des producteurs. « L’objectif du warrantage n’est pas la spéculation et avec l’expérience de 2018, les producteurs ont compris que lorsqu’ils font le stockage, il faut que la veille sur le marché soit permanente afin de faire le déstockage au bon moment et contrecarrer les assauts des huiles importées » a dit en substance Rassidatou Moustafa.
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Précisons que les PEA ont fait diverses fortunes au cours de la campagne 2018. Ainsi, Sakété a battu le record de constitution de stock avec près de 273 T d’huile warrantée par 75 bénéficiaires. Pobè, a innové en initiant par anticipation une cotisation pour gérer les charges liées à la mise en œuvre du warrantage, maximisant ainsi sa marge bénéficiaire. Missérété pour sa toute première expérience de warrantage a fait forte impression, avec un coût d’opportunité de plus de 14 400 à la tonne pour 13,18 T d’huile warrantée malgré la chute des prix sur le marché. Le PEA huile de palme d’Adjohoun quant à lui, s’est illustré comme champion en mobilisation de bénéficiaires en faisant participer 145 personnes à la campagne tandis que Ifangni a misé sur sa capacité de plaidoyer et son ouverture à la concertation publique privée, ce PEA a pu obtenir de la mairie d’Ifangni le démarrage de la construction d’une infrastructure de stockage d’huile de palme.
André Tokpon
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