Au Bénin, la pratique déloyale qui consiste à mélanger le soja cessible avec des corps étrangers dont les cailloux, est souvent dénoncée. Jeudi dernier, la zone industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ) a déclaré avoir découvert des sacs de soja mélangé de pierres, rapporte Banouto. Contactés par Agratime, des producteurs réagissent et proposent.
Vu de l’extérieur, on ne peut s’en douter de la qualité du soja contenu dans les sacs convoyés à la GDIZ. « Quand vous ouvrez, c’est des pierres mélangées avec du soja que nous retrouvons. C’est constant », regrette Laurent Gangbès. Il est l’administrateur général de la zone économique spéciale de Glo-Djigbé. A cette zone, en effet, les producteurs de soja vendent désormais la matière première qui est transformée sur place. Le soja béninois est particulièrement apprécié sur le marché international pour sa qualité et surtout sa pureté. Mais parfois, lors de la vente, des cultivateurs introduiraient dans les sacs de soja, des déchets pour en gonfler le poids.
« Je ne maîtrise pas trop le comportement des producteurs d’autres communes, mais je crois qu’à Banikoara et surtout pour cette campagne où nous anticipons les livraisons par les opérations de collecte, les quelques indices de corps étrangers sont du champ lui-même et non des éléments cherchés et mis dans les sacs pour alourdir les poids. Les quelques relevés de poids des sacs pesés et stockés dans nos magasins me rassurent », se défend Boukari Abdoul-Aziz.
Le président des Coopératives communales des producteurs de soja (CCPS) de Banikoara, commune située dans le département de l’Alibori, dit n’avoir pas été témoin de la supercherie. Il précise qu’il existe pourtant des moyens pour s’assurer de la qualité du contenu des sacs de soja depuis le champ. « Si les acheteurs ou leurs envoyés spéciaux sur le terrain n’utilisent pas de testeurs mécaniques, le risque existe. Et si nous on détecte cela, le producteur est instruit automatiquement à retirer le sac pour reprendre le vannage après quoi on peut accepter son produit ».
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Equiper les producteurs de soja
En décembre dernier, lors d’une rencontre multi-acteurs de la filière soja à Cotonou, les acheteurs et transformateurs avaient déjà souligné la mauvaise pratique déplorée par la GDIZ. Interrogés sur ces accusations, des producteurs ont confié qu’effectivement certains de leurs collègues se livrent à ce jeu malhonnête.
Si certains le font de mauvaise foi, d’autres par contre manquent de matériels adéquats pour bien épurer le soja avant sa mise sur le marché. Mickaël Toumoudagou, président des Coopératives communales des producteurs de soja de Boukoumbé, dans le département de l’Atacora estime à cet effet qu’il serait important de mettre à la disposition des producteurs des bâches, de petits équipements, des batteuses et des vanneuses. Sinon « ils n’utilisent que leurs moyens de bord pour battre et vanner leur soja », fait comprendre Boukari Abdoul-Aziz. En les équipant, poursuit-il, progressivement on pourra en « finir avec les corps étrangers des champs » et éviter « des déclassements arbitraires des produits à destination, ce qui ruine les coopératives et les producteurs ».
Au Bénin, la filière soja bénéficie d’une attention particulière de la part du gouvernement ces dernières années. Le pays mène des politiques d’incitation à la transformation locale de ses produits agricoles à partir notamment de la zone industrielle de Glo-Djigbé. Les responsables de cette zone ont, au cours d’une conférence de presse, jeudi 18 janvier, présenté aux journalistes les grandes mutations en cours dans le secteur. En 2024, la GDIZ prévoit accroitre sa capacité de transformation du soja grain à 600 000 tonnes par an contre 260.000 tonnes la capacité actuelle.
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