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Bénin : Un nouvel engrais à base de jus de fruits fait le bonheur des maraichers

Dans la perspective de la lutte contre le réchauffement climatique, l’agriculture biologique et respectueuse de l’environnement motive de plus en plus des innovations aussi bien de la part des chercheurs que des agriculteurs. L’accent est davantage mis sur les produits phytosanitaires, dont les composts à base de déchets organiques d’animaux et de végétaux. Depuis quelques mois, une invention béninoise a fait son entrée dans la gamme des intrants biologiques : l’engrais à base de jus de fruits. Une innovation qui procure aux maraîchers de Sèmè-Podji, principaux utilisateurs, des résultats prodigieux.

Avec des sols surexploités, les agriculteurs ont souvent recours aux engrais pour améliorer leur rendement. Dans le maraîchage comme dans toute autre culture, le trio azote, phosphate et potassium (NPK) accompagné de l’urée sont les engrais les plus utilisés pour la croissance des végétaux. Seulement, la formule chimique de ces produits met en danger les consommateurs et l’environnement. En effet, bien qu’ils apportent les éléments nutritifs dont les plantes ont besoin pour se développer, ils sont responsables de la porosité des sols, de la pollution de la nappe phréatique et des cours d’eau. De même, les plantes sur lesquelles ils sont appliqués, conservent des résidus qui constituent un problème de santé publique.

Pour corriger cet état de chose, un agriculteur dans la commune de Sèmè-Podji connu sous le pseudo « pasteur Ahouignan » a mis au point une solution fertilisante biologique à base de jus de fruits. Innovation maraichère particulière, ce fertilisant se compose de jus extraits des oranges, des ananas et du lait de coco frais. Selon le proche entourage de l’inventeur, l’innovation serait née de la volonté de ce dernier de pallier les cas récurrents de maladies dues aux résidus d’engrais chimiques dans les légumes et de contribuer à satisfaire la demande sans cesse croissante de produits sains et bio sur le marché. Ainsi, pour les maraîchers qui l’ont expérimenté, l’engrais biologique à base de jus de fruits présente plusieurs avantages.

Un fertilisant efficace et peu couteux

Pour l’heure, aucune analyse n’a été effectuée par l’inventeur pour évaluer la composition chimique et centésimale du fertilisant principalement à base de jus d’oranges, de jus d’ananas et de lait de coco. Cependant, des agriculteurs auraient mené des expériences sur certains plants et culture comme les légumes, le maïs, les anarcadiers, etc. Les résultats de ces expériences se seraient révélés « magiques » selon Mathieu Sahoui Président de l’Union des coopératives villageoises de maraîchers de Sèmè-Podji (Ucovmas). Selon ses propos, cet intrant foliaire couvre les besoins nutritionnels des plantes par les stomates. Ainsi, dans le maraichage par exemple, les légumes se développent en dépit des attaques des nématodes, ces vers de la famille des némathelminthes qui parasitent les racines des plantes, les empêchant ainsi de puiser les nutriments dans le sol. Partant de ces expériences, les utilisateurs de l’engrais à base de jus de fruit ont conclu qu’il convient à toutes les cultures. Avec un coût de production quasiment dérisoire et une technique de fabrication et d’usage simple, cette innovation a tout pour séduire les agriculteurs. La matière première essentiellement naturelle et comestible laisse supposer qu’il ne présente aucun danger à la consommation.

Avant la découverte de cette innovation, les producteurs avaient recours aux engrais chimiques et exposaient de ce fait les consommateurs à de graves problèmes de santé. Du témoignage de Simon Akotenou, Secrétaire de la Coopérative des jeunes producteurs et maraîchers à Sèmè Podji, la croissance des plants était plus lente et les feuilles pauvres en pigment. En réponse à ces problématiques, les maraîchers de la commune de Sème-Podji qui militent pour l’agriculture biologique ont reçu des formations sur la technique de fabrication et d’usage de cet engrais, et ce sous la houlette de l’Ucovmas. Ainsi, après le repiquage des jeunes plants, l’application du compost employé comme premier soutien à la germination, ils sont pulvérisés à la solution bio après quelques jours.

Des itinéraires techniques à parfaire, un produit à formaliser

Selon les explications des utilisateurs, le produit devient de l’urée lorsqu’il est réalisé avec du lait de coco non mûr et du NPK lorsque le lait qui entre dans sa composition provient de cocos arrivés à maturité. Avec 30 ml de ce fertilisant dilué dans un pulvérisateur de 16l d’eau, Simon Akotenou confie qu’il pulvérise 45 planches de légume. Le résultat est remarquable dès le lendemain. « Grâce à cet engrais que j’utilise sur les tomates, j’effectue à chaque cueillette 25 paniers de 45 kilos », confie-t-il. Idelphonse Amoussou, un jeune maraîcher de Djeffa, affirme que les apports chimiques devenaient de plus en plus inefficaces surtout face aux nématodes. Il a donc adopté depuis très peu l’engrais à base de jus de fruits et se réjouit depuis lors de la verdure et de la largeur des feuillages de ses légumes qui se développent en dépit de ces attaques.

La solution fertilisante biologique à base de jus de fruits fait tant d’heureux dans les rangs des maraîchers de Sèmè Podji. Cependant, sa production demeure artisanale et se limite à cette commune. De nombreuses démarches scientifiques et administratives doivent encore être engagées et d’énormes ressources financières à mobiliser avant l’obtention du brevet et la labellisation du produit. Optimiste pour l’essor de cette innovation, l’Ucovmas sous le leadership de son président est à la quête des partenaires techniques et financiers désireux de concrétiser ce vœu cher à l’inventeur.

Méchac Awokoloïto

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