Au Bénin, la production du coton pour la campagne 2023-2024 est estimée à 550 mille tonnes. Par rapport aux exploits cotonniers connus sous le régime Talon depuis 2016, la performance est en chute libre. A en croire les autorités, les phénomènes naturels, entre autres, en sont la cause.
« En fin de campagne 2022-2023, une nouvelle espèce de jasside très agressive est apparue sur le cotonnier et à tous les stades de son développement. Elle a causé d’importants ravages sur le cotonnier dans la plupart des pays qui en ont connu l’effet. Aussi, il convient de signaler la pluviométrie capricieuse qui a caractérisé la campagne 2023-2024 », explique le ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, Gaston Dossouhoui.
Pour ces raisons, la prévision du rendement cotonnier en 2024 est baissière, moins que les performances connues sous le régime Talon depuis 2016. Ainsi, d’un record de 728 mille tonnes en 2020-2021, le Bénin annonce pour la campagne 2023-2024, 550 mille tonnes de production. En 2022-2023, la production était de 587 656 tonnes contre 719 000 tonnes un an plus tôt, selon l’Agence Ecofin.
On constate alors une baisse considérable du niveau de rendement notamment ces deux dernières années. Ce qui est largement inférieur à la capacité d’égrenage installée de 832 mille tonnes.
Pas que l’environnement
L’autre facteur évoqué par le ministre est la non-maîtrise par les cotonculteurs du nouvel engrais phosphaté simple (SSP). Cet engrais est acquis en remplacement au NPK devenu rare sur le marché international et dont le prix a flambé du fait de la guerre russo-ukrainienne. En effet, la technique dépendage du SSP est différente de ce à quoi les producteurs étaient habitués.
Par ailleurs, certains agriculteurs mécontents auraient mis en exécution leur menace de boycotter la production cotonnière. Ce qui aurait été contre-productif et renforcé la baisse du rendement aux dires des leaders des cotonculteurs.
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L’engagement du gouvernement
Malgré la contre-performance, le gouvernement réitère son engagement à faire du coton le « cœur du commerce et de l’industrie » du Bénin. Le ministre de l’industrie et du commerce, représentée par sa collègue Aurélie Adam Soulé Zoumarou en a donné l’assurance à l’occasion du lancement officiel de la campagne de commercialisation du coton-graine pour l’année 2023-2024.
« Mon département ministériel ne ménage aucun effort pour être à l’écoute des acteurs professionnels afin de créer les conditions favorables au développement de leurs affaires, car il existe d’innombrables opportunités de transformation du coton, passant de la fibre au fil et au tissu, de la graine à l’huile au tourteau à l’aliment bétail sans ignorer la révolution de l’industrie textile qui est impulsée par la zone industrielle de Glo-Djigbé », a déclaré Aurélie Adam Soulé Zoumarou.
Prix d’achat du coton graine
Le prix d’achat du coton graine conventionnel premier choix aux producteurs est de 300f/kg tandis que le prix du coton graine biologique est fixé à 360f/kg. L’annonce a été faite le vendredi 10 novembre 2023 à Nikki lors du lancement de la campagne de commercialisation.
Au cours de la cérémonie, le président par intérim de l’association interprofessionnelle du coton, Eustache Kotingan a révélé aux producteurs les facilités qu’offre la faitière relativement aux opérations de récolte. « L’interprofession vous accorde une avance sur les fonds coton d’un montant de 3 milliards 180 millions de FCFA », annonce-t-il. En ce qui concerne les opérations de commercialisation, « une avance d’un montant de 400 millions sur les frais de marché vous a été accordée », informe Eustache Kotingan.
Au Bénin, le coton représente la première filière économique. Il génère plus de 40% des emplois en milieu rural et nourrit plus de 50% de la population.
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