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« Gnivlan » et « Aloga Jaune », des variétés de bananes plantain hautement rentables

Fruit essentiellement tropical, la banane plantain offre plusieurs atouts avantage aux producteurs. Avec sa morphologie impressionnante et sa saveur qui révèle l’authenticité de certains mets africains, la banane plantain et plus particulièrement  les variétés « Gnivlan » et « Aloga Jaune » constitue sans l’ombre d’un doute une filière hautement rentable. C’est du moins ce que soutient René Tokannou, responsable du pilier développement des chaînes de valeur du projet Initiative Agriculture biologique et Écologique Bénin.

Moteur de croissance économique dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Ghana), du centre (Cameroun, Gabon, etc.) et en Amérique du Sud, la banane plantain fait partie des cultures que de nombreux paysans béninois réalisent à petite échelle, prioritairement pour des besoins de consommation familiale. Cela explique peut-être pourquoi aucune donnée statistique officielle n’est disponible pour cette culture. Pourtant, la banane plantain et plus particulièrement les variétés « Gnivlan » et « Aloga Jaune » biologiques (dénominations locales en langue fongbé, NDLR) méritent d’être inscrites parmi les filières à haute valeur ajoutée promues par l’État. Leur potentiel économique et marchand porteur de richesse nationale a suscité l’intérêt des acteurs du projet Initiative Agriculture biologique et écologique (EOA en Anglais) porté par l’Union Africaine. En effet, avec une équipe d’experts, René Tokannou a effectué une culture expérimentale de ces variétés sur une plantation à Adjohoun Hessa, dans la commune d’Allada et le résultat est sans appel, on gagne environ 8 millions de chiffre d’affaires par an et par hectare avec ces deux variétés  biologiques. Toutefois leur production nécessite le respect de certaines conditions de production.

René Tokannou, responsable du pilier développement des chaînes de valeur du projet Initiative Agriculture biologique et Écologique Bénin

L’itinéraire technique de production de la banane plantain

La production intensive et biologique des bananes plantain s’aligne sur des paramètres de production précis et interdépendants, savamment étudiés par les experts du projet. Ils touchent d’abord à l’arrangement spatial. En effet, contrairement à la pratique la plus répandue chez les paysans qui mettent en terre 1000 plants de bananiers à l’hectare (soit 3 m x 3m), le projet EOA a opté pour une densité de 2 m x 2m, ce qui permet d’obtenir 2500 plants/ha.

En ce qui concerne le travail du sol, il consiste à faire l’essouchage et la trouaison. À cette étape on réutilise en priorité la terre de surface réputée plus fertile que celle de profondeur à laquelle on ajoute des amendements. Puisqu’il s’agit d’une production biologique, des fientes de volailles et tout autre fertilisant organique sont recommandées. Pour huit trous préparés pour les plantules de bananier, il faut un sac de 50 kg de fientes. On arrose le mélange de la terre et de la matière organique pendant 10 à 15jours afin de réguler la production de la chaleur due à la décomposition dans les trous.

Les plantules (obtenues par la technique des Plants Issus de Fragments de tiges, PIF) sont d’abord mises dans des germoirs. Lorsqu’elles ont trois feuilles, elles sont retirées de ces germoirs pour des pots où elles poursuivent leur croissance sous des ombrières. Au bout de trois mois, ces plantules suffisamment matures sont mises en terre.

Des rejets de banane plantain en croissance

L’entretien de la bananeraie

Ici, la disponibilité de l’eau est un facteur onéreux et prépondérant de production de la banane plantain, car il faut arroser tous les deux jours. À moins de disposer d’une source naturelle et abondante d’eau, le projet EOA Bénin recommande de réaliser un forage solaire par hectare de bananier. À l’opposé d’un groupe électrogène dispendieux (achat de carburant, coût de l’entretien et durée de vie très courte), l’alimentation de l’équipement par une source d’énergie renouvelable permet de réaliser de grandes économies. En effet, avec le bon équipement et un investissement d’un peu plus de 3 millions de FCFA, on dispose d’une installation fonctionnelle sur 10 ans minimum. L’eau est distribuée dans la plantation à l’aide d’un système de bande d’irrigation ou des raccords flexibles connectés à des vannes.

La bête noire des bananeraies reste les chiendents. Le contrôle de cet adventice hautement concurrent au bananier consiste au sarclage systématique durant les premiers mois de développement de la plantation. Dès le quatrième mois, les feuillages font barrière à la lumière, ce qui contrôle de manière optimale le développement des mauvaises herbes. L’inflorescence des bananiers intervient à partir du sixième mois dans les meilleures conditions d’exploitation et annonce la pousse des régimes de bananes.

Un plantation de banane plantain

Comment la banane plantain est elle rentable?

La banane plantain atteint le stade de maturité entre le troisième et le cinquième mois après l’inflorescence, soit à partir du neuvième mois après sa mise en terre. Les premières productions sont alors prêtes à aller sur le marché. Selon les tendances actuelles, le prix du kilogramme de banane « Gnivlan » et « Aloga jaune » varie entre 200 et 350 Francs CFA. Or, ce fruit se vend particulièrement en régime.

Ainsi, avec un régime d’un poids moyen de 10 kg par plant, le cultivateur peut obtenir dès la première récolte un chiffre d’affaires allant de 5 millions à plus de 8 millions de Francs CFA. Avec trois récoltes réalisées sur un même plant par an, on peut effectuer un chiffre d’affaires de 15 à plus de 24 millions de Francs CFA en trois récoltes. Par ailleurs, la commercialisation des rejets constitue une autre source de recette non comptabilisée.

Considérant l’investissement et l’attention que nécessite la plantation de cette variété de banane performante et résistant aux ravageurs, les experts du projet EOA recommandent le recours à un crédit à long terme. Selon ceux-ci, les éléments de coût pour l’installation d’une plantation de banane « Gnivlan » s’élèvent globalement à 9 millions de francs CFA par hectare. Ce budget prend en compte l’achat des intrants, l’installation du système d’irrigation solaire et la main d’œuvre. Au bout de deux récoltes, l’entrepreneur peut alors rembourser le crédit contracté dans un intervalle de deux ans au plus.

Ainsi, contrairement aux idées répandues, la filière banane plantain est rentable. Et face à la forte demande de l’industrie agroalimentaire locale encore à l’étape embryonnaire, elle apparaît comme un secteur attractif pour les acteurs qui souhaitent s’y lancer.

Méchac A.

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