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Sali Atanga Ndindeng : « La semence est le cœur de la production »

La semence est très cruciale dans la production agricole. Lors du récent sommet sur le système semencier au Bénin, Sali Atanga Ndindeng, chef du programme de développement rizicole chez AfricaRice, a souligné que l’initiative d’une feuille de route harmonisée pour les semences vise à renforcer la qualité et la disponibilité des semences, à améliorer les rendements et à rendre le riz local plus compétitif face aux importations. Dans cet entretien, il revient sur les projets et les défis auxquels AfricaRice et les agriculteurs béninois font face pour atteindre l’autosuffisance en riz d’ici 2030.

Agratime : Le sommet sur le système semencier s’est achevé le 22 juin 2024, que retenez-vous globalement ?

Sali Atanga Ndindeng : Ce sommet nous a permis d’élaborer une feuille de route semencière pour le Bénin.

Cette feuille de route est très importante parce que la semence est le cœur de la production. Avec de bonnes qualités de semence, nous pouvons avoir un rendement plus élevé. Cela permet d’avoir des riz plus compétitifs par rapport aux riz importés.

Ce sommet nous a permis de déterminer la quantité de semences nécessaire pour atteindre les objectifs de 2030. Et quels sont les avantages en termes de qualité de semences à obtenir chaque année pour satisfaire cet objectif. Nous avons également déterminé les financements nécessaires pour atteindre cet objectif. Et quels sont les différents partenaires à engager pour atteindre cet objectif.

Selon vous, comment se porte la filière riz au Bénin ?

La filière riz du Bénin, pour l’instant, est arrivée à mi-parcours. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que le Bénin est capable de satisfaire sa demande de riz à 50%. Le Bénin a 50% d’autosuffisance en riz. Nous avons encore un parcours à faire, arriver à 100% d’ici 2030. Il s’agit de passer de 716 000 tonnes de consommation à 1 300 000 tonnes. Nous devons passer notre chiffre de production de 550 000 tonnes à 1 300 000 tonnes.

Quelles sont les principales variétés de riz développées par AfricaRice qui sont actuellement utilisées au Bénin ? Et quelles sont les caractéristiques spécifiques en termes de rendement ?

Nous avons plusieurs variétés que nous avons développées. D’abord, je vous parle de l’ORYLUX 6, une variété de luxe, aromatique. Les grains sont minces. Les consommateurs, non seulement au Bénin, mais aussi en Afrique de l’Ouest en général, apprécient cette variété. C’est une variété qui est très appréciée tant que pour le riz blanc ou pour le riz étuvé. Il y a des variétés de plateau, comme les NERICA. Nous avons le Nerica 4. Qui est aussi très appréciée. Le Nerica 1, qui est aussi appréciée et aromatique. Nous avons maintenant développé de nouvelles variétés appelées ARICA, qui ont un rendement élevé sur le plateau et que nous introduisons avec la coopération de l’INRAB, notre partenaire national dans le secteur rizicole. Et aussi, nous avons certains hybrides que nous sommes en train de développer.  Par exemple, nous avons des variétés déjà homologuées au Sénégal. Et dès qu’une variété est homologuée dans un pays de la CEDEAO ou de l’UEMOA, cette variété peut être utilisée dans d’autres pays de la sous-région. En plus de toutes ces variétés, nous envisageons d’introduire l’IR 841, également très populaire. Mais, il est aussi temps d’avoir des variétés plus performantes que l’IR 841.

Expliquez-nous les défis spécifiques auxquels les agriculteurs béninois sont confrontés lorsqu’ils adoptent les nouvelles variétés de semences de riz ? Et comment vous arrivez à leur donner la solution ?

Le premier défi est d’assurer la disponibilité de semences de qualité chaque année pour les producteurs. Alors, le sommet que nous avons organisé est très important pour garantir que les producteurs obtiennent des semences de qualité à un prix abordable et accessible. C’est la première chose. La deuxième, ce sont les coûts des engrais, qui sont très élevés. Nous proposons de travailler avec les gouvernements pour trouver des stratégies permettant aux agriculteurs d’accéder à des crédits à faible taux. La troisième chose que nous faisons est de former les producteurs aux bonnes pratiques agricoles et de transformation. Je rappelle qu’AfricaRice a développé plusieurs technologies pour la transformation du riz et que nous avons installé beaucoup de ces technologies dans les zones du nord, à Malanville, et du centre, à Glazoué et Savè. Toutes ces technologies ont fait leurs preuves parce que de nombreux producteurs et transformateurs produisent maintenant des riz de qualité et compétitifs. Avant 2015, il n’y avait pas de riz béninois sur le marché, dans les supermarchés. Aujourd’hui, nous avons des marques de riz comme Délices et Saveurs disponibles dans les supermarchés. Ce travail est détaillé dans un protocole entre AfricaRice et l’INRAB avec des groupements de femmes, de producteurs, pour essayer d’éliminer les barrières de ces producteurs dans l’accès au marché urbain. Nous prévoyons d’atteindre près de 2 millions de bénéficiaires au Bénin grâce à cette action.

Au regard du sommet sur le système semencier, quels sont les futurs objectifs d’AfricaRice pour mieux améliorer la sécurité alimentaire ?

D’abord, avec le programme de Technologies pour la transformation de l’Agriculture Africaine (TAAT), nous avons reçu le financement de la Banque africaine de développement. Et le Bénin, c’est un des pays bénéficiaires. Nous avons déjà signé un accord avec l’INRAB pour mettre en œuvre certaines activités qui vont découlées à partir de ce sommet. Une de ces activités, c’est la production immédiate de 1600 tonnes de semences certifiées de variétés de haut rendement qui sont aussi adaptées au changement climatique. Ces variétés sont déjà au niveau de l’INRAB. Ils vont commencer la production de semences de base et après, ils vont contractualiser les secteurs privés pour plus de semences certifiées. Ces semences seront à la disposition des producteurs. La deuxième chose, c’est de renforcer les capacités de plateformes d’innovation existantes à Malanville, à Glazoué, à Savalou, à Savè. Toutes ces plateformes d’innovation sur les riz seront renforcées. Ils vont bénéficier de formations pour mieux adapter leurs techniques de production, pour avoir d’abord la quantité et la qualité, pour faire que le riz produit localement au Bénin soit plus compétitif par rapport au riz importé. La troisième chose, c’est d’abord de faire un travail de sensibilisation au niveau d’autres acteurs pour que cette technologie, dont beaucoup de producteurs bénéficient déjà, soit diffusée à grande échelle à d’autres producteurs par l’interaction entre eux, ou par communication radio, ou par des foires d’exposition, ou par des actions de champions dans le secteur rizicole au Bénin. Alors, ça c’est un travail qui est vraiment détaillé dans un protocole entre AfricaRice et l’INRAB. Et nous attendons d’atteindre près de 2 millions de bénéficiaires au niveau du Bénin avec cette action.

Propos recueillis par Auriol HOUDEGBE

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