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Manioc : Les variétés Pro Vitamine A du programme TAAT séduisent les agriculteurs béninois

Au Bénin, la culture de rente qui participe à plus de 40 % du PIB a pris le pas sur les cultures vivrières et n’aide pas à atteindre la sécurité alimentaire. Et dans ce contexte d’indisponibilité quantitative et qualitative d’aliments, les populations en arrivent à exclure volontairement certaines variétés de vivres comme le manioc à racine jaune de leur alimentation. Une variété qui pourtant contient des concentrations nutritionnelles importantes de caroténoïdes produisant de la vitamine A dans le corps humain. Engagé dans le développement et la mise à échelle de variétés améliorées de manioc, le Compact Cassava du programme Technologies pour la Transformation de l’agriculture en Afrique (TAAT) a mené avec des acteurs du secteur agricole béninois une campagne de persuasion des agriculteurs et visiblement, le manioc jaune a de l’avenir au Bénin.   

Au cours des 45 dernières années, l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA) a joué un rôle central dans l’amélioration génétique du manioc en faveur des agriculteurs pauvres en ressources d’Afrique subsaharienne. À nos jours, plus de 400 variétés de manioc, non seulement à haut rendement, mais également résistantes aux maladies et aux ravageurs ont largement été déployées en Afrique. Dans le contexte béninois, seul le manioc à racine blanche est en grande partie produit à un niveau subsistant. Aussi, en dépit de la diversité des produits dérivés du manioc destinés à des applications industrielles et à l’exportation, la transformation du manioc au Bénin reste encore artisanale et les produits traditionnels à base de manioc tels que le foufou, le gari, le tapioca ont des transactions commerciales limitées. Le Compact Cassava a donc identifié comme défi de se mettre entre les mains des agriculteurs béninois et de faciliter leur adoption à grande échelle en introduisant des technologies permettant la multiplication rapide de matériel de plantation de variétés de manioc améliorées destinées à remédier aux carences nutritionnelles et à augmenter le rendement du manioc jusqu’à une moyenne de 25 tonnes/ha.

200000 boutures déployées dans plus de 40 localités béninoises

Une croyance selon laquelle le manioc jaune n’est pas bon pour le corps humain était très répandue dans les rangs des agriculteurs béninois qui ont donc décidé de s’en éloigner par crainte de surabondance en raison du manque d’intérêt des acheteurs.

Photo de famille d’une séance de sensibilisation avec les agriculteurs

Sous la coordination de Dr Adebayo Abass, le compact Cassava a établi des partenariats avec des acteurs clés du secteur agricole béninois notamment l’Institut national de recherches agricoles au Bénin (INRAB), l’Université d’Abomey Calavi et le Laboratoire de biotechnologie, Ressources génétiques et amélioration des espèces animales et végétales (BIORAVE) entre autres, afin de prendre part au projet de la TAAT visant à accroître la production de manioc en République du Bénin. Convaincu, ces acteurs ont découvert au manioc Pro vitamine A, un potentiel de croissance élevé qui contribue à la création d’emplois, à l’amélioration des revenus et des conditions de vie de la population.

Une stratégie de communication pour le changement de comportement a été alors adoptée par le Compact Cassava du TAAT et ses partenaires. Elle a consisté d’abord en un transfert de matériel de plantation de variétés de manioc à la provitamine A de l’IITA du Nigeria vers le Bénin puis de vastes campagnes de sensibilisation dans des villages clés. Les matériels de plantation ont été multipliés pour fournir 200 000 boutures distribuées aux producteurs de semences et aux agriculteurs dans plus que 40 villages et communes rurales du sud et du centre Bénin. Financées par la TAAT et pilotées par des partenaires tels que l’INRAB, l’Université d’Abomey Calavi et BIORAVE (avec le soutien du programme CGIAR RTB), les campagnes de sensibilisation se sont déroulées de manière consécutive en septembre 2019 et ont réuni des agriculteurs et des agricultrices, notamment les jeunes et les représentants de l’IITA, RTB et HarvestPlus. À cette occasion, Dr Elizabeth Parkes de HarvestPlus a enjoint aux agriculteurs béninois d’adopter la variété de manioc Pro vitamine A, qui élimine le problème de carence nutritionnelle qui touche près de 20 % femmes enceintes et environ 30 % des enfants de moins de cinq ans. « Une carence en vitamine A entraîne un retard de croissance chez les enfants, les prédispose aux maladies telles que la diarrhée et la rougeole et même à la mort prématurée. Chez les femmes enceintes, la carence en vitamine A entraîne la cécité nocturne et augmente le risque de mortalité, mais avec le manioc à chair jaune, tout cela sera pris en charge, car il est biofortifié avec des concentrations de caroténoïdes nutritionnellement importantes produisant de la vitamine A », a expliqué le Dr Parkes s’adressant aux agriculteurs et aux villageois qui s’étaient rendus au centre de Houèdo.

Le TAAT sécurise l’avenir du manioc Pro vitamine A

Le modèle de communication adopté par le TAAT et ses partenaires porte ses fruits. Aujourd’hui, de nombreux acteurs de la chaîne de valeur du manioc sont convaincus des bienfaits de cette variété et entendent l’adopter. « Cette sensibilisation que nous avons eue aujourd’hui nous aidera beaucoup. Si nous parvenons à produire cette nouvelle variété de manioc jaune, cela contribuera grandement à changer toute la communauté », a déclaré Ezaie Etenou, une transformatrice de gari de Massi. Fasciné par la possibilité d’une augmentation des rendements du manioc jaune, Nazaire Donkpegan, agriculteur confie « Avec cette nouvelle variété de manioc jaune, je suis très heureux et je le produirai à grande échelle ». La campagne achevée, les partenaires n’ont pu cacher leur satisfaction. « Plusieurs institutions dépensent des millions de dollars pour développer des variétés et des technologies, mais si nous développons des technologies et que ces technologies ne sont pas mises à l’échelle par des millions d’agriculteurs, nous n’avons pratiquement rien fait », déclare le professeur Alexandre Dansi, directeur exécutif de BIORAVE.

Méchac Awokoloïto

 

 

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