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Les états généraux de l’agriculture et de l’élevage : une nouvelle ère pour l’agropastoralisme en Guinée

Les États généraux de l’agriculture et de l’élevage (EGAE) ont débuté le 3 juillet 2024 à Conakry. Cet événement de trois jours vise à transformer l’agriculture guinéenne en moteur de développement durable. Tout ceci dans un contexte où malgré un potentiel agricole immense, la Guinée lutte pour atteindre l’autosuffisance alimentaire.

Un potentiel agropastoral à exploiter

« Comment traduire le potentiel agropastoral de la Guinée en levier pour l’autosuffisance, la sécurité alimentaire et nutritionnelle » est la thématique de ces EGAE. La cérémonie d’ouverture au Chapiteau By Issa a été présidée par le premier ministre, chef du gouvernement, Amadou Oury Bah. Cette étape nationale intervient après des rencontres régionales tenues à Kindia, Labé, Kankan et N’Zérékoré les 13 et 14 juin 2024.

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Jusqu’au 5 juillet, les acteurs poseront les bases d’un développement durable. L’objectif est de transformer l’agriculture guinéenne et de répondre aux préoccupations des producteurs face à l’absence de développement du pays. « Les assises qui nous rassemblent, nous les voulons gagnantes pour les hommes et les femmes qui vivent des activités agropastorales, pour les jeunes qui bénéficieront de ces fruits par leur insertion et tout simplement pour tous les consommateurs guinéens », a précisé le ministre de l’agriculture et de l’élevage, Félix Lamah en ouverture aux états généraux.

Félix Lamah, ministre guinéen de l’agriculture et de l’élevage

Restitution des consultations régionales

Au cours de la cérémonie d’ouverture, les participants ont pris connaissance des résultats des états généraux à l’échelle régionale. Les rencontres de juin 2024 ont abouti à des recommandations, notamment l’aménagement des terres agricoles, la maîtrise de l’eau, la durabilité des infrastructures rurales, et la connexion entre les zones agricoles et le marché. S’y ajoutent la valorisation des produits agricoles et animaux, le renforcement des circuits commerciaux, le stockage, le conditionnement, et la conservation des produits agropastoraux.

Pierre Kamano, Directeur général du Bureau de stratégie et de développement MAGEL, a déclaré : « À moyen terme, on parle de la réalisation de la carte d’efficacité des sols, promouvoir l’amélioration génétique et l’insémination artificielle, mais aussi promouvoir les pratiques agropastorales durables et résilientes face au changement climatique. À long terme, c’est favoriser la construction d’usines et de fabriques, restaurer les terres dégradées, mais aussi baliser tous les couloirs de transhumance nationale et transfrontalière comme stipulé dans le code pastoral ».

Potentiels et problèmes agricoles de la Guinée

La Guinée dispose d’une pluviométrie de 1300 à 4000 millimètres d’eau par an, un potentiel en terres arables de 13,7 millions d’hectares, soit 56% du territoire national, et un cheptel de 8 millions de bovins et 7 millions de petits ruminants. Le secteur agropastoral occupe 64,41 % de la population totale et contribue à hauteur de 19% du PIB. « Ainsi, l’agriculture n’est pas qu’un simple outil de renforcement de la sécurité alimentaire. Elle est surtout et avant tout une source de revenus pour la majorité des guinéens », a reconnu Madina Dansoko Diallo, Vice-présidente de la Chambre nationale d’agriculture.

« En dépit de cet immense potentiel et des énormes efforts consentis depuis l’indépendance, le secteur agro-pastoral peine à atteindre les objectifs d’autosuffisance, de sécurité alimentaire et de réduction de la pauvreté. Il n’est pas donc étonnant que les pertes post-récoltes atteignent les 30 % en Guinée. Nous restons toujours tributaires de l’importation de volumes importants de denrées de première nécessité. Rien que pour l’année 2023, et bien qu’en baisse, la Guinée a importé 58 537 tonnes de viande de poulet congelé. C’est un paradoxe qui interpelle », a déploré le ministre Félix Lamah.

« 800 000 tonnes d’importation de riz dans ce pays, ce n’est pas acceptable. Nous avons tout ce qu’il faut pour produire ce que nous devons consommer », a déclaré le premier ministre, Amadou Oury Bah.

Amadou Oury Bah, le premier ministre, chef du gouvernement guinéen

Au-delà de la problématique de la production, de la transformation, du stockage et de l’écoulement, les populations font face aux conflits entre agriculteurs et éleveurs. Le secteur de l’élevage est confronté à des contraintes liées à la santé animale, à l’insuffisance de l’offre fourragère en saison sèche, et à l’insuffisance d’infrastructures de production et de commercialisation des produits des filières bétail, viande et lait. À ces défis structurels s’ajoutent ceux liés aux changements climatiques.

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Efforts et perspectives

Le gouvernement a entrepris de transformer le secteur agropastoral pour assurer durablement la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population. Des efforts ont été faits, comme la mise à disposition d’intrants et d’équipements agricoles, la promulgation de la loi d’orientation agricole et du code pastoral, et l’augmentation significative du budget du ministère de l’agriculture et de l’élevage.

Ces appuis ont permis d’obtenir des résultats, y compris la fourniture régulière en œufs de consommation, en ignames, en pommes de terre, ainsi que la mécanisation et le financement.

Les recommandations des concertations de trois jours seront traduites en une feuille de route avec des actions concrètes et budgétisées. Elles serviront de référence pour rendre la Guinée autosuffisante sur le plan alimentaire et guider les relations avec les partenaires techniques et financiers. « Le développement de l’agriculture dépend de l’identification et de l’investissement dans des opportunités qui augmentent la productivité, la compétitivité et apportent la croissance économique, mais aussi créent des emplois, augmentent les revenus et réduisent la pauvreté », a avancé Docteur Gualbert Gbèhounou, représentant de la FAO en Guinée.

Les états généraux réunissent 1000 participants dont les membres du Conseil National de Transition, les autorités coutumières, religieuses et administratives, 480 représentants des agriculteurs et éleveurs, les institutions internationales et les partenaires techniques et financiers. Les ministres de l’agriculture du Rwanda et de la Sierra Leone sont également présents pour partager leur expérience dans le développement du secteur agropastoral.

« Ce que nous venons de réaliser est le plus facile à faire. Le plus difficile reste à venir. Et nous devons rester mobilisés et engagés à mettre en œuvre les recommandations », a conclu le ministre de l’agriculture.

Auriol HOUDEGBE 

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