43% de la main d’œuvre agricole mondiale est féminine, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Dans les pays en développement, 60% de femmes travaillent dans les systèmes alimentaires. Cependant, bien que représentatives et charnières du secteur agricole, elles sont confrontées aux ségrégations et aux mauvais traitements du fait de leur genre.
Salatou Ouro Adohi est entrepreneure agricole basée à Djougou, une commune du Nord-Ouest du Bénin, située à environ 500 km de Cotonou, capitale économique du pays. Elle produit principalement du soja et du sésame. En 2023, elle a cultivé douze (12) hectares de soja et (2) hectares de sésame. « Ce n’est pas facile » pour elle d’accéder à la terre arable, même en bail, et elle fait constamment face aux critiques.
« Mon père avait des domaines. Avant sa mort, j’ai hérité au moins de dix hectares. C’était comme une forêt, mais lorsque j’ai fini de labourer, mes frères se sont présentés » pour reprendre la parcelle, raconte-t-elle. Voulant éviter « des problèmes », « cette année-là, j’ai dû laisser la terre, je n’ai pu rien faire ». Salatou Ouro Adohi a dû louer les terres qu’elle exploite actuellement.
Christine Gnammi vit une situation similaire. Semencière-multiplicatrice à Matéri, commune située à environ 650km de Cotonou, elle a été dépossédée de la terre de son mari après le décès de celui-ci. Elle a été alors obligée de se replier sur l’option de location de terre et s’en sort tant bien que mal.
Au Bénin comme dans la plupart des pays africains, l’accès à la propriété foncière pour les femmes demeure problématique. La tradition les exclut de l’héritage foncier et ce, bien que le code foncier et domanial garantisse l’égalité hommes-femmes aux ressources naturelles. En réalité, c’est une problématique mondiale.
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Les femmes, des protagonistes défavorisées
Les femmes sont une force motrice de l’agriculture notamment dans les pays en développement. Mais « moins de 15% des propriétés terriennes dans le monde » leur appartiennent, souligne la FAO. Paradoxal puisqu’elles jouent un rôle central dans les systèmes alimentaires, de la production à la consommation passant par la transformation et la commercialisation.
« Si les agricultrices avaient le même accès aux ressources que les hommes, le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde pourrait diminuer jusqu’à 150 millions grâce aux gains de productivité », estime la FAO. Il ne s’agit pas seulement de l’accès aux terres, mais aussi de l’égalité des salaires, de l’accès au crédit et aux services financiers sans oublier bien évidemment la participation aux instances de prises de décision.
« Les femmes et les filles des zones rurales souffrent de manière disproportionnée d’une pauvreté multidimensionnelle. Elles peuvent être aussi productives et entreprenantes que leurs homologues masculins, mais sont moins à même d’accéder à la terre, au crédit, aux intrants agricoles, aux marchés et aux chaines agricoles à forte valeur ajoutée, et obtiennent des prix inférieurs pour leurs récoltes », insiste la FAO.
Ainsi donc, si Salatou Ouro Adohi et Christine Gnammi essaient de tenir malgré les préjugés et pesanteurs socio-culturels, ce n’est pas le cas de toutes les femmes. La journée internationale de la femme rurale, célébrée le 15 octobre 2023 est une occasion pour le monde de sensibiliser sur le rôle essentiel que jouent les femmes et les filles rurales dans les systèmes alimentaires mondiaux. Elle a porté sur le thème : « Les femmes rurales cultivent une bonne nourriture pour toutes et tous ».
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