Très prisé dans les parties centrale et septentrionale du Bénin, le Parkia biglobosa communément appelé « néré » constitue une richesse agro-alimentaire qui depuis la nuit des temps est foulée au pied et très peu valorisée.
Originaire des zones sahéliennes et soudaniennes, le Néré est un arbre de la famille des Mimosaceae, ou des Fabaceae, sous-famille des Mimosoideae selon la classification phylogénétique. Très peu connu au Bénin, cet espèce agricole offre dispose d’importantes vertus sanitaire et entre dans la nutrition à travers la moutarde, la farine de Néré, les tisanes à base de Néré, etc… Malgré ce large potentiel, force est de constater que dans les pépinières, les jeunes plants de Néré sont presque absents. Les causes réelles de cette disparition trouvent leur fondement dans la situation conjoncturelle de l’économie nationale.
Pour monsieur Badarou, pépiniériste à Akassato, les véritables raisons de ce constat sont multiples. Il s’agit entre autres du manque de valorisation du Néré au Bénin au cours des campagnes de reboisement et la destruction de ces arbres pour des raisons d’urbanisation. Des raisons qui sont sans doute sont imputables aux acteurs du secteur agricole et de l’environnement dans notre pays. De plus certains produits dérivés de ladite plante sont peu prisés par la population. C’est le cas par exemple de la moutarde qui est un aliment consommé par certains, mais que d’autres se sont assigné en totems.
Disparition d’arbres de Néré, un coup dur pour les unités de transformation
Malgré l’effort que fournit le gouvernement dans le secteur agricole, on ne saurait comprendre que depuis des années, la filière Néré soit toujours en marge des nouvelles réformes. Par conséquent, il y a peu de matières premières disponibles pour les unités de transformation, certains produits issus du Néré sont absents sur le marché. De même, plusieurs unités de transformation de cette denrée ferment boutique. Il s’avère alors nécessaire de sauver cette filière, qui même petit apporte un plus à l’économie agricole béninoise.
Pour une meilleure relance de la filière
Le gouvernement actuel s’est inscrit dans la logique de valoriser des filières phares de du secteur agricole notamment le coton, l’anacarde, et l’amande de karité. À l’heure où de nombreuses réformes sont encore en cours de préparation, il serait judicieux que la filière de Néré fasse l’objet des priorités.
En effet, le défi de la contribution de la filière de Néré à l’évolution de l’économie du Bénin doit passer inexorablement par des campagnes de collecte et de commercialisation dédiée au Néré comme avec l’anacarde. Aussi, il convient de renouveler les pépinières des plantes de Néré ainsi que ses unités de transformation. Il serait aussi bon de consacrer des zones à la culture des plantes de Néré afin d’appuyer son renouvellement. Aussi faudrait-il instaurer de véritables initiatives de sensibilisation impliquant l’État, les acteurs de ladite filière ainsi que les consommateurs. Ce n’est qu’à ce prix-là que cette filière aux oubliettes participera effectivement à l’essor de notre agriculture.
Jocelyne KOUKPOLIYI (Stag)