Le Bénin doit attendre encore cinq (5) bonnes années pour avoir ses propres variétés d’anacardier. En attendant l’aboutissement du processus démarré depuis 2011, dans les vergers, les producteurs se servent des génotypes identifiés à partir des arbres élites pour la production du cajou. De ces génotypes en essai, la recherche parviendra à sélectionner les variétés nationales plus performantes.
« Jusqu’à présent, le Bénin n’a pas encore de variétés d’anacardier », a déclaré Dr Kouami N’Djolossè, chef du programme de recherche sur l’anacarde à l’Institut national des recherches agricoles du Bénin (Inrab). En Afrique, précise-t-il, la Tanzanie et le Brésil sont les seuls pays à en avoir. La raison fondamentale est que « le processus qui conduit à la création ou à la sélection de variétés est long et dure 15 à 20 ans », selon le chercheur qui intervenait dans un panel à l’occasion de la semaine du cajou du Bénin.
Au Bénin, c’est seulement en 2011 que les chercheurs ont commencé par travailler sur la question, grâce premièrement au soutien du projet Initiative pour le cajou africain (ICA) de la coopération allemande (GIZ). Les travaux menés à cet effet ont conduit à la mise en place d’une solution transitoire : la sélection des arbres élites dans les plantations paysannes. 357 arbres-mères ont été identifiés dans le cadre du projet ICA.
« Les arbres mères ou arbres élites sont des arbres qui ont été identifiés à partir des plantations de nos producteurs et qui ont été repérés comme des arbres qui produisent bien en quantité et également de matériels de qualité, c’est-à-dire des noix qui sont saines », explique Siaka Kodjo, coordonnateur du Projet d’appui au développement de la filière anacarde et de l’entreprenariat agricole au Bénin (Padefa-Ena).
LIRE AUSSI ‘’Benin cashew week’’ : trois jours de voyage dans l’univers du cajou
L’après ICA
Après la fin du projet ICA, d’autres projets ont appuyé le développement du processus de création de variétés d’anacardier au Bénin. Entre 2018 et 2020, le projet d’appui à l’agriculture dans le département des Collines (Padac) a permis d’avoir 100 arbres élites complémentaires. Actuellement, TechnoServe mène au Bénin le projet BéninCajù visant à accélérer la production et la transformation du cajou. « Aujourd’hui, nous avons au total 1470 arbres-mères utilisés par les pépiniéristes pour la production des plants greffés », a fait savoir Dr Kouami N’Djolossè.
« En plus de ce qui est déjà fait, le Padefa-Ena a entrepris de lancer la sélection de 600 nouveaux arbres-mères », renchérit Siaka Kodjo. Cependant, vu le nombre exponentiel des pépiniéristes agréés et l’accroissement des besoins du pays « cela nous impose de développer des dynamiques pour accroitre le nombre d’arbres élites », ajoute le coordonnateur de Padefa-Ena.
La recherche et les essais ont prouvé qu’avec les arbres élites utilisés au Bénin depuis plusieurs années ont un bon rendement. Mais « c’est autour de 10 à 12 ans qu’on a le rendement indiqué de 20 kg par arbre. Sans oublier qu’il faut apporter tous les soins pour espérer atteindre ce rendement », insiste Dr Kouami N’Djolossè.
Par ailleurs, 23 génotypes ont été retenus à partir des 357 premiers arbres-mères. Ils sont utilisés pour installer les vergers de production de « semences policlonales » qui sont « un nouveau type de matériel végétal au côté des plants greffés ». Ces génotypes en essai devront être suivis et évalués pendant encore cinq (5) ans afin de s’assurer qu’ils disposent des « données nécessaires » pour les considérer ou non comme des variétés de cajou béninoises.
Au Bénin, le cajou représente le deuxième produit d’exportation après le coton. Le gouvernement l’a inscrit comme filière prioritaire dans son programme d’action.
