Les ananas produits au Bénin continuent de s’exporter malgré le rappel récent des ananas pain de sucre en France. Ce vendredi 12 juillet 2024, le ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (MAEP) a tenu une conférence de presse pour rassurer le public. L’événement a permis de clarifier la situation, d’expliquer les mesures prises pour protéger la réputation de la filière, et de rappeler son importance économique.
La conférence de presse a été animée par le Directeur de Cabinet (DC) du MAEP, Dossa Aguemon (représentant le ministre) et le Directeur Général de l’Agence Territorial de Développement Agricole (ATDA) pôle 7, Prosper Agossou Sagbo. L’ATDA 7 est le pôle en charge de la promotion de la filière ananas au Bénin.
Contexte et précisions sur le rappel
Le 1er juin 2024, une expédition de 3,35 tonnes d’ananas vers la France a révélé des résidus d’éthéphon supérieurs à la norme autorisée (5,9 mg/kg au lieu de 2 mg/kg). « On est presque à 3 fois la dose acceptée », se désole le Chef Cabinet du MAEP. La découverte de ce dépassement a conduit au rappel des produits concernés.
Le Bénin produit principalement deux cultivars : le pain de sucre (avec le slogan « même vert, il est mûr »), connu pour sa douceur, et la Cayenne lisse, avantageux du point de vue de la transformation et de la commercialisation. Les consommateurs européens préfèrent des ananas à peau et chair jaunes. Pour répondre à cette demande, les producteurs utilisent l’éthéphon, une phase critique. Les ananas sont ensuite conditionnés et expédiés. Le processus entier comprend le développement végétatif et l’induction florale, qui dure environ 12 à 18 mois.
« L’opération d’éthrélage ne se fait pas de façon systématique sur toutes les cultures. Ce n’est que les parcelles dont les fruits sont destinées à l’exportation sur le marché européen qui font l’objet de ce traitement. On utilise une bouille pour pouvoir traiter le fruit. Et c’est cette opération qui est très délicate pour la qualité sanitaire du fruit destiné à l’exportation », a précisé Prosper Agossou Sagbo, Directeur Général de l’Agence Territoriale de Développement Agricole (ATDA) pôle 7.
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Mesures de sécurité et assurance qualité
En 2016, le Bénin avait suspendu l’exportation d’ananas frais vers l’Europe pour mieux contrôler l’usage de l’éthéphon. Des mesures ont été mises en place pour renforcer les capacités des acteurs de la chaîne, notamment le laboratoire central de sécurité sanitaire des aliments. La formation et la standardisation des processus ont permis de reprendre les exportations en toute confiance.
Suite à l’incident de juin 2024, de nouvelles mesures ont été prises pour garantir la qualité des ananas béninois. Le Bénin renforce ses infrastructures de qualité, forme ses acteurs aux bonnes pratiques et développe la traçabilité numérique. Des projets sont en cours pour créer des centres de conditionnement aux normes internationales. Ces actions visent à rassurer les consommateurs sur la sécurité des ananas béninois.
Est-ce que le consommateur béninois a des raisons de s’inquiéter de consommer l’ananas ? « Non, on n’a pas de raison de s’inquiéter. D’abord, le nombre d’incidents est marginal. Ces trois dernières années, y compris l’incident de la dernière fois, on n’a eu que deux incidents. Et le premier incident n’était même pas lié à l’éthéphon. Donc, pas de raison de s’inquiéter », rassure le représentant du ministre Gaston Dossouhoui.
Avec les mesures en place, les exportations de l’ananas sur le marché européen continuent. Et pour preuve, bien que ce rappel ait soulevé des inquiétudes, depuis, dix expéditions d’une quantité de 34 tonnes conformes aux normes de sécurités sanitaires ont été effectuées.
L’importance de la filière ananas au Bénin
L’ananas qui jouit de l’Indication Géographique Protégée, est un label pour le Bénin. Sa production s’étend au-delà du plateau d’Allada, incluant plusieurs départements comme l’Ouémé, le Plateau, le Mono, le Couffo, le Zou, et les Collines. En 2023, environ 6 000 producteurs ont cultivé 5 720 hectares, générant 477 500 tonnes d’ananas, contre 215 000 tonnes en 2016, soit une augmentation de 122 %. Environ 3 500 tonnes ont été exportées vers l’Europe, créant des milliers d’emplois.
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Selon les chiffres fournis, une vingtaine d’exportateurs sont enregistrés au Bénin. « Mais de façon régulière et continu, ils sont une dizaine qui sont vraiment opérationnel et qui font régulièrement l’exportation de l’ananas sur le marché européen », précise Prosper Agossou Sagbo.
Les enquêtes sur l’affaire de l’éthéphon sont toujours en cours. L’exportateur impliqué a été entendu et reste libre de ses mouvements. Le Directeur Général de l’Agence Béninoise de Sécurité Alimentaire (ABSSA), Epiphane Hossou et un de ses collaborateurs, également concernés par ces investigations, sont déposés en prison après avoir été entendu par le procureur.
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