Du 21 au 23 août 2024, Niamey a accueilli la troisième Conférence Panafricaine sur la Gouvernance des Semences, un événement organisé par l’Alliance pour la Souveraineté Alimentaire en Afrique (AFSA) et ses partenaires. Cette rencontre a mis en lumière les défis persistants de la gouvernance semencière sur le continent et a souligné l’importance des systèmes semenciers paysans pour garantir la souveraineté alimentaire en Afrique.
L’AFSA a donc rassemblé des représentants de 23 pays afin de diagnostiquer la gestion des systèmes semenciers. Lors de la conférence, une réflexion approfondie du secteur semencier africain a révélé des résultats préoccupants. Depuis la première moitié du XXe siècle, les pays africains ont été soumis à des réglementations agricoles imposées, notamment dans le domaine des semences. Au fil des décennies, des politiques d’harmonisation régionales ont été développées, soutenues par des agences de coopération internationales. Cependant, malgré ces efforts, les résultats sont mitigés.
Les semences certifiées, censées améliorer la productivité agricole, restent inaccessibles pour de nombreux agriculteurs en raison de leur coût élevé et d’une distribution inefficace. De plus, la majorité des entreprises semencières opérant sur le continent sont étrangères, laissant peu de place aux initiatives locales.
Malgré ces défis, des solutions endogènes existent pour revitaliser le secteur. Les participants à la conférence ont exploré les savoirs traditionnels et les innovations en matière de gestion des semences paysannes. Ces systèmes, soutenus par des banques communautaires de semences et des foires locales, ont prouvé leur résilience face aux aléas climatiques et aux attaques phytosanitaires. Les recherches récentes ont démontré que les semences paysannes, grâce à leur diversité génétique, offrent une meilleure résistance et viabilité que les semences hybrides contrôlées par des multinationales.
Vers une nouvelle stratégie pour la souveraineté semencière
Face à ces constats, les participants ont actualisé la campagne « Ma semence, ma vie » pour renforcer la souveraineté semencière du continent africain. Ils ont appelé à un dialogue constant avec les autorités publiques afin de développer des politiques semencières favorables aux systèmes paysans. Ces politiques devraient non seulement préserver la biodiversité locale mais aussi offrir un cadre réglementaire propice à la culture, au partage et à la vente des semences paysannes. « Depuis des millénaires, nos paysans et paysannes sont les gardiens du savoir et du patrimoine génétique endogène des communautés locales », a reconnu Mahaman Rabilou Abdou, représentant pays SWISSAID Niger.
Enfin, la conférence a lancé un appel aux gouvernements africains et aux bailleurs de fonds internationaux pour qu’ils soutiennent financièrement et techniquement le développement des systèmes semenciers paysans. L’objectif est de créer un environnement où ces semences, essentielles pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle, puissent prospérer et contribuer à la souveraineté alimentaire de l’Afrique.
Pour surmonter les défis posés par le changement climatique et atteindre la souveraineté alimentaire, le Niger par exemple doit non seulement développer des variétés de semences améliorées fondées sur les savoirs traditionnels a expliqué, en ouverture à la conférence, le Colonel Maizama Abdoulaye, ministre de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de l’Environnement du Niger, et qui assurait l’intérim de son homologue de l’Agriculture. Il a aussi invité à établir un système de distribution et de concertation qui mobilise pleinement la recherche, les acteurs privés et les paysans.
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