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UAC-UCAD/Colloque international sur la sécurité alimentaire en Afrique : un appel à une action coordonnée

À l’Université d’Abomey-Calavi (UAC), des experts et chercheurs se sont réunis pour aborder les défis de la sécurité alimentaire en Afrique. Le Colloque Scientifique International sur les Politiques Publiques Agricoles a ouvert ses portes le mardi 23 juillet 2024, dans l’amphithéâtre Idriss Déby Itno, promettant innovation et coopération face à une crise alimentaire persistante.

L’événement, organisé par le Département de Sociologie-Anthropologie de la FLASH-Adjarra de Porto-Novo (Bénin), le Département de Sociologie de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar (Sénégal) et le Think Tank « Académie des Territoires », se penche sur les « Politiques publiques agricoles et rôle des collectivités territoriales dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique ». Des représentants de 13 universités et divers experts y participent pour formuler des politiques agricoles durables.

Depuis 2019, le nombre de personnes souffrant de faim a augmenté de 122 millions, atteignant 783 millions en 2022, selon la FAO. Les conflits, l’instabilité climatique et la mauvaise gestion des ressources aggravent la situation en Afrique. Dossa Aguemon, directeur de cabinet du ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche (MAEP), a souligné que la faim a régressé en Asie et en Amérique latine, mais progresse en Afrique. « Un rapport de l’ONU apporte de nouveaux éléments factuels montrant que le monde s’éloigne de plus en plus de son objectif consistant à mettre un terme à la faim, à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition sous toutes ses formes d’ici 2030. Bien que les chiffres relatifs à la faim dans le monde soient stables sur la période 2021-2022, la population subit une crise alimentaire qui s’aggrave à de nombreux égards. Ce n’est pas une bonne nouvelle », a-t-il indiqué.

Et au co-président du comité d’organisation du colloque, Marius Vodounnon Totin, de rappeler qu’en 2030, 3,1 milliards de personnes ne pourront pas se permettre une alimentation saine. Le colloque vise à générer des idées pour renforcer la souveraineté agricole.Lors de l’ouverture, Professeur Clément Agbangla, directeur général de la Recherche scientifique et de l’Innovation du Bénin, a averti que l’Afrique aura besoin de 500 millions d’hectares supplémentaires pour répondre à une demande alimentaire croissante de 160 % d’ici 2050. « Nos politiques agricoles actuelles sont clairement insuffisantes pour relever ce défi qui s’impose », a-t-il dit au nom de la ministre de l’enseignement supérieur.

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Les discussions sur trois jours aborderont des thèmes comme la souveraineté alimentaire, les défis fonciers et financiers, les impacts des changements climatiques, et les stratégies de mécanisation. Professeur Nadia Fènou Fogny, représentant le recteur de l’Université d’Abomey-Calavi, a exprimé l’espoir que le colloque catalyse des politiques plus efficaces.

Fruit d’une collaboration interuniversitaire, ce colloque est une opportunité pour tisser des liens et de partager des connaissances pour le bien des communautés. « En unissant nos forces et nos compétences, nous avons voulu construire un avenir pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle qui est une réalité pour nos communautés en milieu rural comme en milieu urbain », a précisé le Chef du Département de Sociologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Ibrahima Dia.

Après les allocutions, Justin Eda, directeur de la planification à l’administration des finances du MAEP, a présenté une conférence sur la territorialisation des politiques agricoles en Afrique.

Le Bénin marche vers une transformation structurée

Depuis 2016, le Bénin a mis en place sept pôles de développement agricole, gérés par des agences territoriales pour promouvoir des filières spécifiques. Cette initiative vise à séparer les fonctions de contrôle des filières de la promotion, permettant une gestion plus efficace. Des directions départementales supervisent le secteur au niveau local. Chaque pôle a identifié des filières prioritaires, ou filières locomotives, pour lesquelles des investissements importants sont en cours.

Justin Eda a souligné les avantages de cette approche pour l’Afrique : valorisation des ressources locales, création d’emplois pour les jeunes et renforcement de la souveraineté alimentaire. Il a également noté les défis à surmonter, tels que la coordination et le développement des capacités humaines et techniques. Il a appelé à une réflexion continue pour optimiser l’impact de la territorialisation du développement agricole.

La participation de représentants gouvernementaux au colloque renforce l’engagement des autorités pour des politiques agricoles efficaces et inclusives. Ce colloque représente un appel à l’action pour l’Afrique, avec l’espoir que les débats et recommandations guideront les décideurs vers un avenir alimentaire plus sûr et prospère.

Auriol HOUDEGBE

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