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Premier sommet sur le système semencier au Bénin : un tournant pour l’agriculture

Le Bénin accueille son premier sommet sur le système semencier, réunissant divers acteurs agricoles pour discuter de l’amélioration de la qualité des semences et de la productivité agricole. Cet événement marque une étape clé dans la transformation du secteur agricole béninois et vise à élaborer une feuille de route nationale pour des systèmes semenciers plus performants et inclusifs.

Les semences contribuent à hauteur de 15 à 30% de la production agricole totale. Avec les autres intrants, elles atteignent jusqu’à 45%. Cependant, « la semence de qualité fait défaut », a souligné le représentant de l’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA) au Bénin. Cette situation entraîne une faible résilience face aux aléas climatiques, par exemple. Élaborer une feuille de route harmonisée pour transformer le secteur des semences constitue la vision de tous les acteurs réunis autour de ce sommet. Ils se concentrent sur le développement économique et résilient par des chaînes de valeurs prioritaires : riz, maïs, soja, manioc, mil, sorgho, et bétail. « Les semences sont les premiers intrants en production agricole et constituent l’élément indispensable dans la durabilité de la production agricole. Ce sommet permettra de comprendre l’impact du secteur semencier dans la sous-région en général et au Bénin en particulier », a déclaré Angelo Djihinto, directeur scientifique de l’Institut national des recherches agricoles du Bénin (INRAB), au nom du directeur général Adolphe Adjanohoun.

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Au cours de la cérémonie d’ouverture, les intervenants ont insisté sur l’importance de la technologie pour améliorer la production semencière. Elle peut permettre de doubler ou tripler la productivité. Martin Fregene, directeur de l’agriculture et agro-industrie de la Banque africaine de développement (BAD), a recommandé que les politiques soutiennent les producteurs avec des prix justes des semences sur les marchés et un véritable suivi et évaluation. Ils doivent également assurer un soutien financier pour créer des opportunités pour chaque producteur, qu’il soit petit ou grand. Si toutes les conditions sont réunies, « le Bénin peut nourrir les autres pays ».

Les partenaires financiers et techniques, comme AfricaRice du Bénin, ont réaffirmé leur engagement à soutenir le développement et les efforts du pays. Lawrence Kent, administrateur principal de programme de la Fondation Bill et Melinda Gates, a félicité le Bénin pour son travail sur les semences de manioc qui se répliquent à travers le monde.

Le sommet de trois jours arrive à un moment où l’agriculture béninoise est en pleine mutation. Depuis 2016, des réformes ont émergé pour promouvoir certaines filières et améliorer la productivité et la compétitivité agricole. « Un accent est mis sur l’approche chaîne de valeurs ajoutée, faisant de la promotion des filières un axe majeur du développement économique et social », a souligné Françoise Assogba Komlan, secrétaire générale du ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (MAEP), représentant le ministre Gaston C. Dossouhoui.

Françoise Assogba Komlan, secrétaire générale du ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (MAEP)

Une des avancées dans ce domaine a été la création de la Société béninoise de développement des semences végétales et plants le 24 janvier 2024. Cette société produit des semences de qualité avec une traçabilité de la sélection à la multiplication puis à la commercialisation. Elle s’occupe de la production, de l’agrégation, de l’importation et de la distribution. Le sommet soutient ces efforts, a ajouté Françoise Assogba Komlan. Elle s’est dite convaincue qu’il « va permettre de dégager des solutions concrètes et innovantes pour renforcer le système semencier et propulser l’agriculture vers de nouveaux sommets ». Au terme de ces trois journées de travail, les participants doivent élaborer une feuille de route nationale pour des systèmes semenciers plus performants, durables et inclusifs.

Le sommet, fruit d’un consortium international, rassemble des chercheurs, des agriculteurs, des organisations de producteurs, des décideurs politiques, des partenaires techniques et financiers, ainsi que le secteur privé. Des présentations ont été faites sur les avancées des Technologies pour la transformation de l’agriculture en Afrique (TAAT) de la Banque africaine de développement (BAD) et du projet BASICS-II de l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA). Des exemples de pays disposant d’initiatives de renforcement des systèmes semenciers ont également été présentés.

Une expérience réussie en Sierra Leone

La Sierra Leone constitue un exemple de pays ayant réussi à amorcer son développement agricole grâce à une feuille de route. L’absence de ce plan avait bouleversé le secteur. En septembre 2023, le pays a organisé son sommet national sur les entreprises semencières à Freetown. Depuis lors, des opportunités se sont créées avec des semences améliorées. 74 millions de dollars ont été injectés dans des systèmes durables de semences de manioc, de maïs, de soja et de riz. « La sécurité alimentaire passe par des semences durables« , a indiqué Docteur Isata Kamanda, représentante du directeur de l’Institut de recherche agricole de Sierra Leone (SLARI). « Le sommet tombe à point car il représente une plateforme de discussions pour être compétitif », a-t-elle ajouté.

Auriol HOUDEGBE

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