ActualitésElevage
A la Une

Bénin : 98 ménages d’éleveurs bientôt sédentarisés à Gogounou

Au Bénin, un modèle est en cours d’élaboration pour sédentariser les troupeaux de ruminants. Les travaux préparatoires de la mise en œuvre du projet sont presque bouclés. Le processus de sélection des 98 ménages d’éleveurs bénéficiaires du campement pastoral pilote de Gogounou sera lancé très bientôt.

Les conflits meurtriers entre éleveurs et agriculteurs pourraient désormais n’être qu’un lointain souvenir au Bénin. Ceci grâce à la mise en œuvre du Projet de sédentarisation des troupeaux de ruminants (Proser). Un projet gouvernemental qui vise à transformer durablement le système d’élevage béninois à travers notamment la sédentarisation des ménages d’éleveurs.

Selon la coordonnatrice du ProSer, Roukayath Chabi Toko, il s’agit de mettre en place un campement pastoral pilote (CPP) avec toutes les commodités (infrastructures d’élevage et communautaires) favorables à la réussite de cette sédentarisation. La commune de Gogounou est choisie pour abriter le site où 98 éleveurs sélectionnés sur la base de certains critères, érigeront domicile. Ils ne vont plus se promener avec leurs troupeaux dans les champs des agriculteurs créant ainsi des rivalités, mais élèveront sur place leurs animaux.

« Pour faire la sédentarisation, on a besoin et des éleveurs et des agriculteurs. Il ne faudrait pas que l’un pense que ce qui se fait serait au détriment de son confort ou de son épanouissement à lui », relativise Dr Adamou Mama Sambo, haut-commissaire à la sédentarisation des éleveurs.

Depuis que l’idée a germé, elle a fait l’objet de plusieurs analyses et réflexions en vue d’élaborer la démarche méthodologique et consensuelle de sélection et d’installation des exploitations d’élevage. Après une rencontre tenue entre les acteurs en mars dernier, d’autres séances ont permis d’affiner ladite démarche. Vendredi 8 décembre 2023, les acteurs se sont concertés pour opiner sur le contenu du document opérationnel de mise en œuvre de la démarche. Ils y ont fait des observations visant à « doter le ProSer d’une boussole dans la conduite du processus de sélection et d’installation des bénéficiaires du CPP »

En effet, la dernière rencontre, qui marque la fin des travaux préparatoires, vient « poser les bases » de la mise en place d’un modèle type d’élevage dans un contexte sous-régional caractérisé par le « défi de survie des Etats ». Le Bénin veut, en réussissant son modèle, servir d’exemple aux autres pays en matière de sédentarisation. « D’autres modèles vont se mettre en place pour donner l’opportunité aux acteurs de se positionner en fonction de leur contexte. Un autre modèle sera certainement tenté dans la région centrale de notre pays, un autre sera tenté et mis en place dans la région méridionale. Il faudrait que chaque environnement puisse adapter ses réalités à la question de la sédentarisation », a fait savoir Dr Adamou Mama Sambo.

LIRE AUSSI Sédentarisation des ruminants : le ProSeR et l’ANCB s’accordent pour sécuriser les terres

Critères et processus de sélection

A en croire le ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, pour que ce projet réussisse il faut que chaque acteur assume ses responsabilités sans complaisance. « La vie et la survie de ce modèle dépendent fortement entre autres du processus de sélection et de la sélection elle-même », Djaouga Mamadou Bouba, conseiller technique du ministre et représentant celui-ci à l’atelier de concertation.

S’il faut être nécessairement Béninois pour être sélectionné pour le campement, le bénéficiaire doit être âgé d’autre moins 25 ans.  La taille du cheptel est aussi prise en compte (maximum 40 têtes). Appartenir à une organisation paysanne tout comme être ouvert à l’innovation sont aussi des critères considérés. Sans oublier d’autres engagements à formaliser.

Avant la sélection proprement dite des bénéficiaires, il y aura une phase de présélection de 150 éleveurs. Ces derniers subiront un entretien (visites de site, inspection de conformité de site, enquête de voisinage). Les 98 éleveurs qui auront franchi ce cap seront sélectionnés en plus de 12 exploitants sur la liste d’attente. L’autorité étatique approuvera ces choix et la liste sera affichée pour ensuite aller à la formalisation du contrat et aux autres démarches pour l’installation des éleveurs.

« C’est un projet qui concerne les éleveurs. Ce sont des fils d’éleveurs qui le conduisent. Donc l’échec ce n’est pas pour le ministre ni pour le chef de l’Etat, c’est pour les éleveurs ici présents. Par conséquent, la réussite est nette. Nous devons réussir parce qu’on nous a donné tout ce qu’il faut pour réussir », a déclaré le président de l’Association nationale des organisations professionnelles d’éleveurs de ruminants du Bénin (Anoper), Aboubakar Tidjani.

Selon lui, les éleveurs sont engagés pour accompagner le projet. Le Projet de sédentarisation des troupeaux de ruminants (ProSer) est financé par la Banque mondiale à hauteur de 90 millions d’euros pour la réalisation d’infrastructures au niveau communal. Le Bénin a aussi bénéficié de l’appui de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et de la Coopération Suisse.

Emmanuel M. LOCONON

LIRE AUSSI Peste dans les Collines : 10 jours pour vacciner 6 000 ruminants

Afficher plus

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
%d blogueurs aiment cette page :

Adblock détecté

S'il vous plaît envisager de nous soutenir en désactivant votre bloqueur de publicité