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Coraf, inspirer « un nouveau départ » à partir du Bénin

La 14ème assemblée générale du Conseil ouest et centre africain pour la recherche et de développement agricoles (Coraf) a été clôturée mercredi. Elle a tiré des conclusions, émis des recommandations et formulé des résolutions dont le rapport a été présenté. Le challenge pour le Bénin, pays hôte, est désormais d’impulser, par son exemplarité, un « nouveau départ » au sein de l’espace Coraf

Faible implication du secteur privé dans les processus de la recherche agricole, sous-financement de la génération des technologies et innovations agricoles, survenance des crises sanitaire, sécuritaire et climatique avec un impact significatif sur la sécurité alimentaire dans la région, … les maux dont souffre l’espace Coraf sont légion. La 14ème assemblée générale de l’association sous-régionale a posé un diagnostic approfondi et proposé des thérapies.

Aux sorties des assises de Cotonou, chaque acteur est mis devant sa responsabilité. Que ce soit les paysans, les chercheurs, les acteurs du secteur privé, les partenaires techniques et financiers, ou les gouvernants. Ils sont tous appelés à une synergie d’action autour de la résolution des problèmes de faim, de changements climatiques et autres, à partir de la recherche agricole.

« Les décideurs sont interpellés parce que la question de l’agriculture n’est pas une question à prendre seulement au niveau sectoriel. Il y a un travail intersectoriel qui doit être bâti autour de l’agriculture. Les financements sont un enjeu très important. Il y a toute la question d’aller rapidement », a déclaré la présidente Hadizatou Rosine Sori-Coulibaly. Elle a été élue pour diriger la 15ème assemblée générale du Coraf.

Certes, selon les conclusions rapportées, le Conseil a connu des avancées significatives sur le plan de la mobilisation des ressources auprès des partenaires au développement. Mais malgré ces progrès, le financement de la recherche agricole reste un défi majeur dans la région. Il y a donc nécessité de persuader les politiques très souvent sceptiques quant aux impacts réels des travaux des chercheurs sur le secteur agricole.

« Si nous arrivons à démontrer que les résultats de la recherche permettent au secteur privé de tirer un retour sur investissement, et au gouvernement aussi de répondre aux besoins des populations, c’est un partenariat gagnant-gagnant », la mayonnaise va prendre, pense Hadizatou Rosine Sori-Coulibaly. Un argument soutenu majoritairement par les acteurs à l’instar de Son Excellence Monsieur Honoré Tabuna, commissaire, chef de département environnement, ressources naturelles, agriculture et développement rural à la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC). Pour lui, en matière d’agriculture sous-régionale, il y a eu effectivement des transformations du fait de la recherche, cependant il souligne un aspect marketing très important à ne pas négliger.

« Le Coraf est une entreprise, c’est une organisation, même si c’est à but non lucratif, donc toute sa démarche doit s’inspirer de la démarche marketing. Aujourd’hui, travailler avec leurs partenaires, ça c’est un de leurs clients, mais les autres clients, le secteur privé, les parlementaires, les associations des maires, les gestionnaires du marché, comment aller vers eux ? », c’est à cela que SEM Honoré Tabuna appelle à réfléchir. La réponse à cette question passe alors par l’innovation technologique adaptée aux besoins des consommateurs.

« Si nous faisons les choses autrement, nous sommes capables d’inverser la tendance », assure Hadizatou Rosine Sori-Coulibaly. Les Etats du Sahel ont d’ailleurs une grande pression démographique au dos, avec d’ici vingt (20) ans une population ouest africaine qui franchira la barre des 700 millions d’habitants. Un enjeu qui ne doit laisser aucun dirigeant indifférent, encore moins ceux du Bénin où s’est tenue la 14ème assemblée générale du Coraf du 15 au 17 avril 2024.

A la clôture des travaux, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique a marqué sa présence. Eléonore Yayi est invitée à être la championne d’un plaidoyer auprès du gouvernement béninois et au profit de toute la communauté régionale. Ceci « pour que nous puissions nous rendre compte qu’au moins c’est un nouveau départ que nous prenons au Bénin », espère Rosine Sori-Coulibaly. Un besoin qui semble s’arrimer avec les priorités du gouvernement béninois qui, informe la ministre Eléonore Yayi Ladékan, a déjà anticipé.

« Il n’y a pas si longtemps que nous avons compris qu’il est important d’impliquer le secteur privé dans la recherche et le gouvernement de son excellence président Patrice Talon a pris la mesure de cette nécessité à travers un décret qui désormais définit les modalités de collaboration des institutions privées de la recherche et jusque même de leur financement », a soufflé l’autorité ministérielle.

De leur côté, les acteurs du privé se disent engagés à accompagner le Coraf à relever les défis de la recherche agricole. Ils n’attendent que les ressources nécessaires pour déployer leur potentiel, développer des solutions durables qui puissent permettre d’atténuer les effets des changements climatiques.

« Nous pensons que l’agroécologie est un début de réponse pour contribuer à l’adaptation aux changements climatiques qui sévit dans notre région. Nous pensons, avec le Coraf, mettre en place des plans novateurs pour la transition agroécologique et le développement durable », ont promis, quant à eux, les paysans représentés par Elisabeth Atangana, présidente de la coordination nationale des organisations paysannes du Cameroun (CNOP-CAM).

Emmanuel M. LOCONON

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