Face aux pertes estimées à plus de 80 % des récoltes de mangues causées par les mouches des fruits, le Gouvernement béninois, via l’ATDA du Pôle 5 (ATDA Zou-Couffo), a distribué gratuitement 23 450 pièges à 11 172 arboriculteurs répartis dans 14 communes. Des formations techniques ont également été organisées pour permettre une utilisation optimale de ces dispositifs de lutte biologique et sauver la filière mangue.
Dans leur développement, les manguiers subissent de nombreuses agressions de la part de ravageurs, notamment les mouches des fruits. Ces attaques causent d’importants dommages aux feuilles, aux fleurs et aux fruits, entraînant une croissance ralentie, des pertes de rendement considérables, ainsi qu’une baisse de la valeur marchande des récoltes. Les arboriculteurs béninois estiment que ces ravageurs entraînent des pertes de plus de 80 % de leurs productions annuelles.
Cependant, l’espoir renaît pour les producteurs de mangues opérant dans les Pôles de Développement Agricole (PDA) 2, 3, 4 et 5, qui couvrent les bassins de production de 14 communes réparties dans les départements du Zou, du Couffo, de la Donga, de l’Atacora et du Borgou. Grâce à une initiative gouvernementale, ils peuvent désormais espérer tourner la page de ces pertes massives et préserver à la fois leurs productions, leurs investissements et l’avenir de la filière.
En effet, 11 172 arboriculteurs ont bénéficié gratuitement de 23 450 pièges de lutte contre les mouches des fruits. Cette opération s’inscrit dans le cadre des efforts soutenus du Programme National de Développement Agricole. À titre de référence, selon les chiffres officiels de la Direction de la Statistique Agricole (DSA), la production de mangues est passée de 86 461 tonnes en 2022 à 206 167 tonnes en 2023-2024, soit une augmentation significative traduisant l’impact positif des actions engagées.
Dans le Pôle 5, en plus de la distribution des kits, des sessions de formation ont été organisées à l’intention des producteurs. Celles-ci ont porté sur la pose et l’utilisation des pièges, ainsi que sur les méthodes de capture des mouches de fruits. Ces formations ont été animées par un spécialiste du domaine, l’agronome espagnol Edouard Pi. Les communes d’Abomey, Dassa, Natitingou, N’Dali et Bembèrèkè ont accueilli ces ateliers de renforcement de capacités. Pour Nourou-Dine Chabi Sero, Assistant du Coordonnateur National du Programme de Développement des Filières de l’Arboriculture Fruitière, ces formations ont permis aux producteurs de maîtriser les techniques efficaces de lutte contre les ravageurs des fruitiers.
Quant à Richicatou Sale, Directrice Générale du Pôle 5, elle estime que l’installation de ces pièges jouera un rôle déterminant dans l’atteinte des objectifs de la filière. Selon elle, cette initiative s’inscrit pleinement dans le Programme National de Développement, qui ambitionne de produire des mangues de qualité supérieure notamment les variétés « Amélie » et « Kent », d’en assurer la transformation locale et de renforcer leur exportation. Cette démarche prend tout son sens au regard des avertissements de la FAO, qui souligne que : « chaque année, à cause de ces insectes, des containers entiers [de fruits, Ndlr] en provenance d’Afrique sont interceptés, saisis et détruits par incinération dans les ports et aéroports européens, causant un grave préjudice économique aux exportateurs. Outre le problème des dédits commerciaux, la perte éventuelle du client et de réputation pour l’exportateur. Une seule saisie peut donc ruiner entièrement les efforts de toute une campagne. »
LIRE AUSSI Godomey Houédonou : le carrefour des mangues où prix et transport sont en hausse
