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Tangandji, le chemin de croix vers un village purement agricole

A Tangandji, un village situé dans l’arrondissement de Détohou, à environ 22 km du centre-ville de la cité historique d’Abomey, l’agriculture est la principale occupation des habitants. Pour rallier ce village agricole, il faut trébucher, glisser voire tomber, car à pied, à moto ou en voiture, la voie d’accès à cette zone relève d’un combat long et risqué.

Abel Houssou pratique régulièrement cette voie. « Je quitte Cotonou pour aller travailler sur la ferme Top Fermier ». Cotonou est la capitale économique du Bénin, sise à 135 km à peu près d’Abomey. Le jeune homme supervise les activités agricoles sur une exploitation de cinq (5) hectares. Il maîtrise donc le chemin pour l’indiquer à un groupe de touristes en prospection dans le département du Zou. Quelques jours avant le samedi 20 avril 2024, il avait encore eu un choc. Abel Houssou s’est blessé en conduisant une moto sur la voie. « On n’a pas le choix », il faut bien travailler pour survivre, s’encourage-t-il. Ces genres d’accident sont réguliers sur cette route étroite et dégradée. En période de pluie, témoignent les riverains, c’est encore plus critique. La voie est plus glissante et les ponts sont inondés.

Sur la voie de Tangandji, on dénombre au moins deux ponts, pas très en état. Le groupe de touristes les a traversés. Un bus et deux voitures transportaient la vingtaine de personnes. A hauteur du pont au-dessus de l’étang, tous les passagers ont dû descendre pour continuer à pied. Les véhicules ont fini par s’effrayer difficilement un chemin pour rejoindre plus tard les passants. « C’est très compliqué », avoue Karim Kékéré, le promoteur de la ferme Top Fermier. Selon les témoignages, en saison pluvieuse, les ponts cèdent souvent, compliquant la circulation des biens et des personnes. Incapables de traverser l’eau pour rejoindre le centre-ville, les producteurs sont contraints de passer plusieurs jours sur leur ferme. « Je dors sur la ferme », confie Karim.

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Tangandji et les ODD

Tangandji est une zone purement agricole. Le village abrite, révèle notre source, plus d’une dizaine de fermes. On peut en compter plusieurs au cours du trajet. Certaines sont toujours exploitées tandis que d’autres ont été abandonnées en raison entre autres de l’état de la voie. Les produits maraichers, les tubercules, les fruits (banane, pastèque, etc.) et les plantes aromatisées sont, entre autres, des cultures expérimentées. Selon les informations, plusieurs autorités du pays seraient propriétaires de fermes dans la localité. Elles pratiquent aussi cette voie détériorée au même titre que des éleveurs, producteurs et autres qui font par ailleurs face au manque d’énergie électrique et à la pénurie d’eau potable, un autre défi majeur pour les paysans du village.

Malgré les efforts du gouvernement du Bénin pour résoudre les problèmes d’infrastructures routières, beaucoup d’investissements restent encore à réaliser pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD). En effet, l’élimination de la faim (ODD 2) passe par la sécurité alimentaire. Et de la ferme à la table, la disponibilité des aliments requiert une certaine praticabilité des voies de transport des produits alimentaires. L’ODD 9 recommande la mise en place d’infrastructures de qualité, fiables durables et résilientes dont les routes qui sont nécessaires pour faciliter les activités agricoles ou économiques.

Tangandji est donc loin de la réalisation de ces objectifs bien que ce village ait un potentiel agricole considérable et peut contribuer à la sécurité alimentaire. C’est un chantier dans lequel l’Etat et les partenaires techniques et  financiers peuvent investir pour espérer résoudre le problème de faim et de malnutrition. Face aux changements climatiques qui ont aussi d’impacts sur les agriculteurs de la localité, la promotion des pratiques agroécologiques et des techniques modernes de production pourrait booster la production et la productivité dans le village. Etant donné la pénurie d’eau dans la zone, l’appui à l’installation et la promotion de systèmes d’irrigation permettra aux agriculteurs de ne plus se fier uniquement à une pluie de plus en plus incertaine.

Emmanuel M. LOCONON

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