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Cybercriminalité au Bénin, l’os dans la gorge du marché virtuel agricole

Du Nigéria, les cybercriminels ont colonisé, au travers des années, la Côte d’Ivoire et le Bénin. En Afrique de l’ouest, le phénomène de la cybercriminalité donne désormais du fil à retordre aux gouvernants. Le mal altère l’e-réputation des pays de la sous-région, notamment le Bénin où le commerce en ligne est gangréné, sclérosant l’essor de l’écoulement des produits agricoles via les marketplaces.

Au Bénin, l’ombre sournoise des anarques en ligne s’abat sur le commerce agricole via le net. La révolution numérique s’opère dans bien de secteurs avec son lot de croissance économique mais aussi d’incrédulité. Les services se digitalisent, permettant ainsi de briser les barrières spatio-temporelles. Le monde est à l’ère où les échanges commerciaux, de la négociation au décaissement, peuvent se faire ou se font dorénavant à distance de partout du globe.

En matière agricole, la vente en ligne des produits végétaux, animaux ou agroalimentaires se modernise par le biais de l’internet, surtout à travers les réseaux sociaux et les plateformes digitales. Des marketplaces innovantes émergent, cependant dans un contexte pollué par l’expansion du cybercrime.

Le problème de l’anarque au Bénin inquiète tant que l’ampleur du fléau, ces dernières années, stigmatise le pays vu à tort ou à raison comme une zone fébrile d’escrocs. L’on désigne le Bénin sous le sobriquet : « capitale de la cyber-arnaque en Afrique de l’ouest ». Sa proximité avec le géant voisin Nigéria, classé en 2021 par le FBI américain, 16è pays le plus touché par la cybercriminalité dans le monde, favorise l’expansion du mal.

« Chaque jour, des milliers de jeunes béninoises et béninois perdent des opportunités en ligne, de nombreuses solutions de paiement sécurisées sont inaccessibles depuis le Bénin », fait comprendre le gouvernement béninois dans un message de sensibilisation. Une situation constituant un véritable manque à gagner pour les startups qui s’échinent à proposer des solutions numériques novatrices au service du marché agricole.

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Une crise de confiance

Là où l’anarque s’épanouit, la confiance s’évapore. Ainsi pourrait-on caricaturer ce qui se passe aujourd’hui sur le marché virtuel béninois. « Certains ont même décidé de ne plus faire affaire ni rien faire avec le Bénin. Comment une seule tomate pourrie peut-elle faire rejeter tout le panier ? C’est l’image ‘’malsaine’’ de quelques personnes qui fait qu’il y a une crise de confiance envers les autres », déplore publiquement José H. Ahodode, agronome, entrepreneur agricole.

Pour l’agronome, co-fondateur de l’entreprise Cristal Agri Business, cette crise de confiance « n’arrange pas forcément le business ». Encore moins le commerce en ligne des produits agricoles, par le biais de la plateforme AgriStore qu’il a développée avec ses associés et qui vise à connecter le consommateur au producteur. Lucien Mèdjiko partage la même préoccupation et est conscient de l’enjeu lié à la cybercriminalité. Il a innové E-pinea, un espace virtuel reliant les producteurs aux acheteurs et transformateurs d’ananas au Bénin. Selon lui, le secteur est exposé aux risques cybercriminels.

Sensibiliser, conscientiser

« La cybercriminalité détériore la crédibilité numérique et l’e-réputation de notre pays le Bénin ; elle impacte négativement la création de richesse et freine notre économie numérique », alerte le pouvoir exécutif. Dès lors, le gouvernement a engagé ces derniers mois plusieurs actions de sensibilisation de masse. A côté, des arrestations des dizaines de présumés cybercriminels ont été faites. Certains ont déjà été sévèrement jugés, d’autres attendent leur jugement.

L’Etat met tout en œuvre pour redorer l’image du pays dont l’Agriculture représente 26,9% du Produit intérieur brut, PIB (2022, INStaD). « Cela nous implique dans la conscientisation quotidienne », pense José H. Ahodode. En effet, quand l’image du Bénin est foulée au pied, c’est chaque citoyen, coupable ou non qui devient victime. Et pour le commerce en ligne des produits agricoles, du fait de l’anarque, les conséquences sont d’ordre économique et social.

Emmanuel M. LOCONON

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