Actualités

Conférence Agri benchmark : des perspectives sombres pour l’agriculture en 2024

La conférence annuelle d’Agri benchmark, tenue du 10 au 14 juin à Valladolid en Espagne, a mis en lumière des tendances préoccupantes pour l’agriculture arable. Lors de cette rencontre, environ 55 experts environnementaux ont discuté des développements récents, des défis et des opportunités à venir dans la production agricole mondiale. Le ministère espagnol de l’agriculture a accueilli l’événement, en collaboration avec l’entreprise Tragsa.

En 2023, les fermes du réseau Agri benchmark ont connu des difficultés économiques. Les années précédentes avaient été très rentables. Cependant, en 2023, la rentabilité a chuté. Les prix élevés des engrais, malgré leur baisse sur les marchés mondiaux, y ont contribué dans une grande mesure. De plus, les coûts des machines agricoles ont augmenté et les prix de vente des produits agricoles ont baissé. Cela a conduit à une baisse massive des rendements pour de nombreuses fermes.

Malgré ce tableau inquiétant, les projections pour 2024 sont encore plus pessimistes. Le réseau Agri benchmark, coordonné par l’institut Thünen allemand, prévoit une baisse des prix des engrais. Cependant, cette baisse ne compensera pas l’augmentation des coûts des machines, et les prix de production à la ferme devraient être plus bas en 2024 qu’en 2023. Selon ces projections, de nombreuses fermes auront du mal à rémunérer les terres selon les loyers actuels.

Par ailleurs, plusieurs autres questions à impact significatif sur l’agriculture et l’environnement dans le monde ont été débattues lors des assises de Valladolid.

La production de diesel renouvelable en hausse

La production de diesel renouvelable a considérablement augmenté aux États-Unis. Cela résulte des objectifs de mélange pour les carburants renouvelables mis en place par plusieurs États. Cette augmentation entraînera une demande annuelle de 8 millions de tonnes d’huile de soja pour la production de diesel renouvelable d’ici 2029.

Pour répondre à cette demande, environ 5,1 millions d’hectares de terres supplémentaires seront nécessaires. Margaret Lippsmeyer de l’Université Purdue a montré que l’option de la « conversion des rotations continues de maïs en rotations maïs-soja » nécessiterait une augmentation de 6 % des prix du soja. Pendant ce temps, l’option de la « conversion des rotations maïs-soja en rotations maïs-soja-soja » va demander une augmentation de 8 % pour rendre ces rotations préférables aux rotations existantes.

Les céréales ukrainiennes cédées moins cher

Les exportations de céréales ukrainiennes n’ont pas eu d’effets spécifiques sur les prix à la ferme en Europe centrale et orientale. Les données d’Agri benchmark montrent que les marges de blé respectives entre l’Europe de l’Ouest et l’Europe centrale et orientale se sont en fait réduites. Cependant, dans les régions proches de la frontière ukrainienne, des prix inférieurs à la normale ont été observés.

La betterave, la nouvelle manne de l’UE

En 2023, la production de sucre dans l’Union Européenne a augmenté de 7 %. L’UE est redevenue un exportateur net de sucre. Les prix élevés du sucre en 2022 ont favorisé cette augmentation. Thomas de Witte de l’institut Thünen a déclaré que la rentabilité de la production de betteraves à sucre était extraordinairement élevée. « Une possible future réduction des prix des betteraves permettrait encore aux betteraves de rester compétitives face aux prix du blé ».

Intérêts pour l’agriculture régénérative

Le concept de l’agriculture régénérative a été discuté au cours de la conférence. « De nombreux leaders de l’industrie et politiciens promeuvent cette idée pour répondre aux préoccupations du public concernant l’agriculture ». Cependant, les partisans surestiment souvent les potentiels, notamment en ce qui concerne les économies de gaz à effet de serre et l’économie.

Les deux principales sources d’émissions de GES – l’utilisation de l’azote et le changement d’utilisation des terres – ne sont pas abordées. Le réseau Agri benchmark entend publier un document de thèse sur ce sujet et suggérer des indicateurs plus significatifs pour définir des objectifs de réduction efficace des émissions de GES et de la pression sur la biodiversité.

Auriol HOUDEGBE

Afficher plus

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
%d blogueurs aiment cette page :

Adblock détecté

S'il vous plaît envisager de nous soutenir en désactivant votre bloqueur de publicité