Le ministre de l’Agriculture de la Pologne, Henryk Kowalczyk a renoncé à son poste sous la pression des agriculteurs en colère. Ils ont espéré en vain des dédommagements liés à l’embargo russe sur leurs produits. Des manifestants fustigeaient entre autres le mutisme du ministre face à leur situation.
L’Union européenne (UE) a suspendu pendant 1 an les droits de douane européens sur les produits importés de l’Ukraine. La mesure prise en mai 2022 vise à soutenir l’économie ukrainienne touchée par la guerre avec la Russie. Mais elle crée d’un autre côté un manque à gagner pour les pays concernés dont la Pologne. L’offre de céréales sur le marché polonais est excédentaire faisant chuter les prix de moitié.
La situation agace les producteurs polonais qui ont engagé depuis des semaines un bras de fer avec les autorités de Varsovie. Des centaines de manifestants, en furie, ont exigé du ministre polonais de l’Agriculture sa démission du gouvernement.
Finalement, mercredi, Henryk Kowalczyk a déposé le tablier mais impute la responsabilité des problèmes soulevés à la Commission européenne. Selon les médias locaux, la faute reviendrait plutôt au ministre qui n’aurait su « rien faire pour empêcher la situation actuelle ».
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Des revendications
Les agriculteurs revendiquent notamment des compensations financières aux pertes causées par l’embargo russe, imposé en août 2022, sur les produits polonais. Ils pointent aussi les pénalités imposées par Bruxelles sur les dépassements des quotas de production de lait sans oublier les dommages causés par les sangliers aux exploitations agricoles.
En mars dernier, la Commission européenne annonce vouloir compenser « les pertes économiques dues à l’augmentation des importations de céréales et d’oléagineux » arrivées d’Ukraine pour limiter les « déséquilibres du marché ». Bruxelles a proposé une allocation de 29,5 millions d’euros à la Pologne. Les premiers versements pourraient commencer d’ici fin septembre, rapporte le média La Tribune.
Pendant ce temps, les agriculteurs continuent de crier au secours ignorant que faire avec maïs, blé ou autres céréales dévaluées. Pourtant, les experts estiment seulement à 3 millions de tonnes la quantité de grains importés de l’Ukraine en Pologne. Les produits devraient chuter sur d’autres marchés comme l’Afrique. Par manque de place pour leur stockage dans les ports du pays, ils échappent au contrôle, tombent dans les mains d’entreprises non vertueuses pour entrer sur le marché polonais. D’où la concurrence déloyale qui hérisse les nerfs.