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Agro-industrie au Bénin : un modèle de croissance et de compétitivité en Afrique

La 6ème édition du Choiseul Africa Summit, qui s’est tenue au Sofitel Cotonou Marina Hôtel & Spa, a mis en avant l’agro-industrie comme un levier majeur de croissance et de compétitivité pour l’Afrique.

Des nombreux panels qui ont meublé le Choiseul Africa Summit, celui intitulé « Agro-industrie, comme moteur de croissance et de compétitivité régionale », a réuni des experts et des acteurs clés du secteur sous la modération de Dossa Aguèmon, le Directeur de Cabinet du Ministre béninois de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Les échanges ont été riches, abordant les défis et les opportunités de l’agro-industrie en Afrique, avec une attention particulière sur le modèle béninois.

L’agriculture béninoise au cœur de l’économie

L’agriculture joue un rôle primordial dans l’économie béninoise, représentant plus de 20 % du PIB. Selon le Recensement nationale de l’agriculture (RNA), plus de 926 000 ménages pratiquent l’agriculture au sens large et la population agricole est estimé à plus de 6 500 000 individus soit 54,8 % de la population totale du Bénin.

Dans son interview à la fin du panel, Dossa Aguèmon a souligné les liens évidents entre l’agro-industrie, la croissance économique et la compétitivité. Selon lui, l’agro-industrie est une chaîne de valeurs qui implique une multitude d’acteurs allant des producteurs aux consommateurs. Cependant, un constat s’impose : le tissu agro-industriel en Afrique, et particulièrement au Bénin, reste encore faible, ce qui conduit à des taux de transformation faibles des matières premières.

Face aux défis climatiques et à la mondialisation des marchés, le Bénin a développé une stratégie pour renforcer son secteur agroalimentaire. Cette stratégie repose sur la diversification de la production agricole. D’une concentration sur le coton, le pays s’est tourné vers l’ananas, le manioc, le riz, l’anacarde et le soja, qui sont désormais des priorités économiques majeures pour le pays.

Transformer localement ces matières premières est alors devenue une priorité pour le gouvernement qui souhaite générer des emplois et propulser l’économie nationale. Pour réaliser cette vision, il a été mis sur pieds des infrastructures modernes comme la Zone Industrielle de Glo-Djigbé. Ces initiatives permettent de réduire les pertes post-récoltes, d’améliorer l’accès aux marchés internationaux et renforcer la compétitivité des produits béninois à l’échelle mondiale.

« Nous avons aujourd’hui trois unités intégrées de textiles dans la zone qui transforment 40 000 tonnes de fibres par an, ce qui représente 12,7 % de notre production. Nous avons également cinq unités de transformation de noix de cajou qui transforment chacune 25 000 tonnes de noix de cajou par an, donc 125 000 tonnes au total pour les cinq unités de transformation de noix de cajou. Nous avons une unité de transformation de soja organique qui transforme 60 000 tonnes de soja par an », a déclaré Létondji Beheton, Directeur Général de la Société d’Investissement et de Promotion de l’Industrie (SIPI).  Celui-ci a ensuite insisté sur des unités d’extraction d’huile de coton et deux autres unités qui transforment à peu près 200 000 tonnes de soja conventionnelle par an. Cependant, il existe des défis majeurs à surmonter.

Défis et solutions pour l’agro-industrie béninoise

Pendant de nombreuses années, le Bénin a exporté les matières premières sous forme brute. Malgré les mesures d’interdiction d’exportation prises par le gouvernement, le phénomène a la peau dure. Si la contrebande continue, les industries seront confrontées à une situation de pénurie. « Le vrai challenge d’aujourd’hui, c’est la sécurisation des matières premières », a déclaré Létondji Beheton.

Aussi, l’un des problèmes cruciaux reste la compétition entre les acteurs de la chaîne de valeur, notamment les producteurs face aux industriels et commerçants. Un autre obstacle majeur est l’influence des prix étrangers sur les matières premières locales. « Quels sont les pouvoirs de négociation que les producteurs ont face à l’industriel, face aux commerçants ? » se questionne Dossa Aguèmon avant de répondre qu’ « à ce niveau, il y a encore du travail à faire. »

Au cours du panel, ils ont évoqué le cas du Congo, où l’industrie des huileries a intégré un programme social et investi dans le développement de la communauté locale. Des modèles similaires pourraient être une solution pour sécuriser les prix et renforcer la compétitivité des producteurs locaux. Au Bénin, le gouvernement a procédé à la réorganisation de plusieurs interprofessions ce qui permet aux producteurs et aux transformateurs de s’assoir ensemble pour fixer le prix des matières premières.

Le Bénin s’efforce également d’adopter des normes internationales de qualité pour favoriser les exportations et promouvoir l’image de la marque « Bénin » à l’international. C’est à ce niveau que la COTECNA, acteur de renommée internationale en matière de vérification de la conformité, intervient avec les laboratoires pour l’analyse des produits agricoles avant importation. Et qui parle d’industrie parle de machine et par conséquent de protection de l’environnement. La GDIZ a rassuré qu’elle dispose par exemple des moyens de recyclage des coques de noix de cajou et des eaux issus de l’industrie textile.

Les panélistes ont appelé les acteurs de toute la chaîne à se mobiliser comme un seul homme pour trouver un consensus et relever tous les défis afin de prospérer économiquement.

Auriol HOUDEGBE

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