Les champignons comestibles sont très riches en protéines. De plus, ils ont un potentiel économique important et participent de la lutte contre le changement climatique. Cependant, dans les pays comme le Bénin, cette richesse alimentaire et nutritionnelle n’est pas suffisamment valorisée. Le dernier Vendredi de l’Académie, tenu le 3 novembre 2023, a été consacré à la problématique.
Une table ronde médiatisée pour discuter des opportunités qu’offre le champignon béninois pourrait se tenir en novembre au Bénin. Elle sera l’occasion pour les acteurs, producteurs, investisseurs et décideurs de débattre autour de la valorisation de « l’énorme potentiel sous-exploité » du champignon. C’est la grande annonce du deuxième Vendredi de l’Académie de l’année 2023, après le rendez-vous scientifique consacré aux emballages biodégradables.
Le Vendredi de l’Académie est une initiative de la Commission permanente agriculture, élevage et pêche, foresterie et arboriculture (Cepfa) de l’Académie nationale des sciences, arts et lettres du Bénin (Ansalb). Il est consacré aux sujets d’intérêt commun à travers la vulgarisation des travaux de recherche pour déboucher sur des recommandations aux gouvernants. Le dernier numéro a été consacré au thème : « Champignons comestibles : distribution géographique et intérêt économique au Bénin ».
« En choisissant ce thème, l’Académie nationale des sciences, arts et lettres du Bénin [reste, Ndlr] fidèle à sa vision qui est de promouvoir le développement humain global et durable par les sciences, les arts et les lettres, plus précisément en formulant dans les domaines de ses compétences des recommandations, des vœux et des suggestions concernant des problèmes d’intérêt national ou international », a déclaré le professeur titulaire émérite Mansourou Moudachirou, président de la Cepfa.
La rencontre s’est tenue dans l’enceinte de la Faculté des sciences de la santé. Pour l’occasion, les chercheurs de l’Unité de recherche en mycologie tropicale et interaction plantes-champignons du sol (MyTIPS) ont informé le public sur la diversité et les intérêts des champignons comestibles au Bénin. Ce laboratoire sis à l’université de Parakou et dirigé par le professeur Nourou Yorou mène des travaux de recherche sur la plante, des semences à la transformation.
Appel au soutien de la filière
Des quatre communications animées à cet effet, on retient que les champignons sont utiles dans les domaines sanitaire ou médicinal, alimentaire et nutritionnel, forestier et environnemental. Ils sont aussi utilisés dans la fabrication des biofertilisants et peuvent valablement substituer les viandes. Le Bénin dispose de 50 espèces comestibles. Ces champignons sont cultivés principalement dans les régions forestières du pays, telles que les forêts du Sud et du Centre (plateau d’Allada, forêt de l’Ouémé, parc national de la Pendjari). Cependant, ils ne sont pas communément consommés bien que cette matière première puisse servir à la fabrication de thé, de mets divers, d’huiles essentielles et autres dérivés.
Le Vendredi de l’Académie a permis de faire un état des lieux du secteur et de reformuler des suggestions adressées aux autorités en charge de l’agriculture. Il s’agit notamment d’accompagner la promotion de la filière en inscrivant les champignons dans les priorités du ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Les chercheurs appellent aussi les gouvernants à soutenir la promotion des biofertilisants que constituent les champignons, profitable pour l’essor d’une agriculture biologique.
Nul doute que la table ronde annoncée contribuera à développer une filière qui, selon les chercheurs, a le potentiel de contribuer considérablement à la sécurité alimentaire. Il y a aussi en perspective l’organisation des journées nationales des champignons, a fait savoir le professeur Nourou Yorou.
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