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Bénin : comment le DG Nicolas Ahouissoussi met le FNDA sur orbite

Au Bénin, le Fonds national de développement agricole (FNDA), sous la direction de Nicolas Ahouissoussi, semble prendre un nouvel élan. Les décisions et actions de ces derniers mois augurent sans doute d’un bel avenir pour cette institution qui se veut un partenaire sûr des producteurs béninois en matière de financement agricole.

On était le 14 juin 2023. Après le conseil des ministres de ce mercredi-là, un nom est apparu dans la liste des nouvelles nominations ; celui de Nicolas Ahouissoussi. C’est l’homme qui a pris les rennes du Fonds national de développement agricole (FNDA), une institution récemment secouée par une situation de « malversations financières ». Installé dans son rôle de Directeur général depuis le 21 juin 2023, l’ancien fonctionnaire de la Banque mondiale avait annoncé les couleurs d’une bonne et transparente gestion axée sur les résultats.

Dès lors, l’autorité a commencé par poser les jalons pouvant lui permettre d’atteindre l’objectif de redorer le blason du Fonds et de faire de cet établissement public un outil crédible, fort et incontournable en matière de financement agricole au Bénin. Comptant sur l’engagement de chaque acteur du secteur, le Directeur Ahouissoussi a d’abord rencontré en août 2023 les systèmes financiers décentralisés (SFD) partenaires dans un cadre de concertation. Ce fut une rencontre de vérité autour des goulots d’étranglement mais surtout de propositions concrètes pour améliorer l’état du partenariat qui lie le FNDA aux dix-huit (18) SFD partenaires avec lesquels l’Etat a contracté depuis 2018.

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Environ cinq (5) mois après ces assises, ce ne serait pas trop dire que cette rencontre a eu des échos favorables auprès de l’exécutif. Et pour preuves, les dernières mesures du gouvernement constituent un soulagement aussi bien pour les exploitants, les micros, petites et moyennes entreprises (MPME) agricoles que pour les systèmes financiers décentralisés.

En effet, le Conseil des ministres a décidé, en décembre dernier, de ramener le taux de refinancement du FNDA aux SFD méritants à 0% contre 2% jusque-là. Ceci pour la mise en place de crédits au profit des exploitants et MPME agricoles à un taux d’intérêt maximum de 12% l’an dégressif. Les facilités offertes, incluant une rétrocession des intérêts à 2% l’an après le remboursement du refinancement du FNDA, devraient stimuler l’intérêt des SFD pour ce mécanisme.

Par ailleurs, le gouvernement annonce un soutien financier sur deux ans aux systèmes financiers décentralisés, couvrant 75% des charges salariales la première année et 50% la seconde. Le but est de renforcer la présence opérationnelle de ces institutions financières sur le terrain et de faciliter l’accès au financement agricole des exploitants agricoles.

Le verrou du plan d’affaires sauté

Le FNDA n’exige plus le plan d’affaires pour demande d’accès à ses facilités. C’est un document qui décline le modèle économique du promoteur agricole aux plans financier et opérationnel. « Ayant travaillé sur l’accès au financement agricole, l’une des barrières, en plus de la tenue de comptabilité exigée par le FNDA, est la rédaction du business plan ; ce qui limitait nos producteurs agricoles », commente l’agronome socio-économiste José Herbert Ahodode sur notre page LinkedIn après avoir appris la décision du FNDA de faire désormais fi de cette pièce. « Je trouve que c’est une bonne décision qui tient compte de nos plaidoyers quotidiens », se réjouit l’agronome. Quant à Moïse Adoussiba, un autre agronome, même s’il apprécie l’initiative, il espère « qu’il n’y ait pas un piège caché » par ailleurs dans le mécanisme et qui bloquerait les producteurs.

Il faut rappeler qu’en lieu et place du plan d’affaires, un plan de campagne, un microprojet ou une fiche synthèse suffit.

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Les bases de la relance de l’assurance agricole posées

Le secteur agricole présente beaucoup de risques, notamment aujourd’hui où les changements climatiques inquiètent par leur extension. La sécheresse, l’inondation des cultures, l’incendie ou encore le ravage des insectes et d’autres catastrophes plongent les producteurs dans l’incertitude. Face à ces risques, le FNDA s’active pour la relance de l’assurance agricole. Une étude de faisabilité a été menée à cet effet, et les résultats ont été présentés en octobre dernier.

Lors de la présentation, le Directeur général Nicolas Ahouissoussi avait déclaré qu’il s’agit d’une « marche qui doit contribuer significativement au développement réel du financement agricole au Bénin, et donc de l’agriculture béninoise ». Marche qu’il invitait chacun des acteurs impliqués à soutenir. Ce faisant, le rêve nourri par le ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche sera accompli : créer une compagnie nationale d’assurance agricole au Bénin.

Vers un agrément de l’UMOA

Malgré ses exploits de ces dernières années, le FNDA traine toujours des insuffisances. Le fait de ne pas avoir jusque-là l’agrément d’établissement financier de cautionnement de l’Union monétaire ouest africaine (UMOA) le défavorise autant que les institutions financières partenaires hésitent à s’engager auprès de lui en faveur des producteurs. Désormais, avec l’autorisation du Conseil des ministres du 24 janvier 2024, le FNDA peut recourir à l’agrément de l’organe communautaire de supervision bancaire dans la sous-région ouest africaine. Cette mesure vise à améliorer la qualité de la garantie offerte par le fonds et à élargir sa gamme de facilités d’accès aux financements agricoles.

En six mois et demi de gestion, le nouveau directeur du FNDA, Nicolas Ahouissoussi aura ainsi réussi à faire bouger les lignes. Grâce à l’implication du gouvernement, l’autorité plante le décor d’une gouvernance dont la suite s’annonce prometteuse. Le monde agricole garde donc espoir.

Emmanuel M. LOCONON

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Un commentaire

  1. Que de très bonnes nouvelles par rapport au FNDA.
    Mais est ce qu’il ne s’agirait pas d’un éléphant blanc, un truc uniquement sur papier médiatisé ,un financement sélectif ?
    Tant d’hypothèses sont déjà formulées à ce sujet.

    Le temps va les confirmer ou infirmer certainement.
    nous serons bien éclairés d’ici là.

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