La première édition des États généraux de l’agriculture et de l’élevage (EGAE) s’est achevée ce vendredi 5 juillet avec une série de recommandations. Pendant trois jours, les participants ont échangé et identifié des pistes pour orienter les politiques publiques de développement agro-pastoral.
Des échanges fructueux
Du 3 au 5 juillet, six panels, deux masterclasses et des partages d’expériences, animés par des experts, ont permis des échanges fructueux. Le thème retenu était : « Comment traduire le potentiel agropastoral de la Guinée en levier pour l’autosuffisance alimentaire, la sécurité alimentaire et nutritionnelle ? ».
La Guinée est un pays à forte vocation agro-pastorale, avec des potentiels énormes permettant de développer son secteur agropastoral ont souligné les intervenants. Par exemple, 56% des terres sont agricoles avec six mois de pluies en moyenne chaque année. Malgré les efforts consentis, les objectifs de sécurité alimentaire et nutritionnelle ne sont pas atteints. La consultation des acteurs ruraux a été initiée pour inverser cette tendance.
Les discussions ont abordé la question de la propriété foncière, le régime juridique d’exploitation des terres octroyées aux entreprises, l’opportunité de l’institution d’une redevance sur les espaces non mis en valeur et la reconnaissance des droits coutumiers revendiqués par les familles d’agriculteurs.
Recommandations clés
Les travaux ont abouti à plusieurs recommandations. Les participants ont insisté sur l’importance du patriotisme, de l’intégrité et de la loyauté pour consolider une vision à court, moyen et long terme. La réflexion sur la création de pôles de croissance agricole, impliquant divers ministères, est encouragée. Les sociétés minières doivent adopter la stratégie de responsabilité sociétale des entreprises pour financer des projets agropastoraux dans leurs zones d’intervention.
L’actualisation du schéma directeur des pistes rurales facilitera le drainage des produits vers les marchés. Construire des magasins de stockage et des aires de battage pour réduire les pertes post-récoltes, tout en pérennisant les infrastructures par un entretien régulier, est recommandé. Aménager des abattoirs régionaux répondant aux normes de qualité et accompagner les groupements de jeunes et de femmes dans la production agricole et d’élevage sont des mesures envisagées. Un fonds revolving pour les acteurs est proposé pour garantir une provision pérenne des intrants.
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Priorités et actions futures
Réaliser une carte de fertilité des sols et renforcer les capacités des centres de recherche sont des actions prioritaires. Un système d’information entre l’État et les acteurs des filières concernées est à mettre en place. Renforcer les capacités des jeunes dans l’entrepreneuriat agricole est également préconisé. Lever les barrières pour l’accès aux fonciers pour créer des banques agricoles et prélever un pourcentage sur les taxes à l’importation pour financer les activités agropastorales sont des mesures suggérées.
La mise en place d’assurances agricoles est encouragée. Poursuivre la subvention des intrants pour diminuer la charge des producteurs et encourager la production locale est crucial. Promouvoir l’installation de nouvelles fermes agricoles pour réduire l’importation de poulet de chair est une autre recommandation. S’assurer de la qualité des produits phytosanitaires et encourager la mise en place de laboratoires de référence sont des mesures indispensables pour garantir la sécurité et la qualité des produits agricoles. Renforcer les capacités des conseillers agricoles pour les rendre opérationnels est également essentiel.
Ces recommandations visent à transformer le potentiel agropastoral de la Guinée en un véritable levier pour l’autosuffisance alimentaire et la sécurité nutritionnelle du pays.
« Pour obtenir quelque chose que nous n’avons jamais eu, nous avons tenté quelque chose que nous n’avions jamais fait. Il suffit de regarder les conclusions et les recommandations de ces États Généraux pour s’en rendre compte, car ces recommandations donnent une bonne indication de ce que veulent les agriculteurs et les éleveurs. L’heure n’est plus à indexer un responsable ou des responsables de nos problèmes. Rien ne sera négligé, rien ne sera rejeté. Le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage a pour mission d’accompagner le monde rural et de lui apporter des soutiens visant à booster les différentes chaînes de valeur des filières végétales et animales. Pour y arriver, la rigueur doit être de mise. Les choix des ressources humaines seront minutieux et leurs activités soutenues par la rigueur, leur formation, le renforcement des capacités et l’opérationnalisation seront des exigences administratives. Ces États Généraux ne sont évidemment pas un aboutissement, mais un commencement », a déclaré le ministre de l’agriculture et de l’élevage, Félix Lamah.
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Clôture et engagements
Le Premier ministre, Chef du gouvernement, Amadou Oury Bah, a présidé la cérémonie de clôture en présence de représentants de nombreux pays africains actifs dans le secteur agropastoral, ainsi que des acteurs agricoles guinéens et des partenaires techniques et financiers. S’appuyant sur la fable « Le laboureur et ses enfants« , il a invité tous les acteurs au travail. Les responsabilités étant situées, il attend, au nom du gouvernement, le respect des consignes et un nouveau vent pour les prochaines récoltes.
« Donc le laboureur et ses enfants pourraient être une conclusion et un appel à l’effort, à la peine et au retour du travail sur des valeurs fondamentales que sont la terre et également l’élevage, puisque les deux constituent un ensemble homogène qui permet à la population mondiale de prospérer et d’espérer pouvoir poursuivre le chemin de l’humanité. Le premier acte que le ministre de l’agriculture et de l’élevage devra faire dans le cadre de la mise en place de ce cadre de concertation, c’est de réunir un groupe consultatif pour la mise en œuvre des recommandations des États généraux. La prochaine campagne agricole 2025 doit débuter dans sa formalisation, dans sa conception dès demain [la fin de ces concertations, Ndlr] », a notifié le Premier ministre.
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Projets et initiatives à venir
Après la reprise du projet Agrifarm, le département de Félix Lamah s’engage avec le projet d’agriculture commerciale financé par la Banque Mondiale. « L’objectif que l’agriculture et l’élevage puissent contribuer à hauteur de près de 50% du PIB pour la croissance économique doit être un objectif réaliste », a conclu le Premier ministre.
« L’initiative de ces États généraux nous a offert l’opportunité, en tant que secteur privé, de contribuer activement à ce cadre de concertation. Nous sommes convaincus que des décisions et des actions fortes annoncées sortiront de ce grand et magnifique rassemblement et qu’elles apporteront les changements souhaités par tous les partis prenants. De même, j’espère qu’il sera instauré des États généraux de l’agriculture et de l’élevage chaque deux ans afin de pouvoir apprécier les progrès dans ces domaines », a affirmé Ansoumane Kaba, président de la Confédération générale des entreprises de Guinée (CGE-GUI).
Lors de la cérémonie de clôture, des satisfécits ont été remis à des experts et anciens cadres du ministère qui ont accompagné l’organisation de ces journées de concertation.
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