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De sinistrée à modèle d’entrepreneure agricole : L’édifiante histoire de  Béatrice Houessou

Engagée dans la transformation du manioc en gari de différentes saveurs, Béatrice Houessou est l’une des entrepreneures agricoles à succès de la commune de Ouinhi dans le département du Zou. Bénéficiaire du programme Approche communal pour le marché agricole (ACMA2) cette trentenaire mère de trois enfants qui vivait autrefois d’aide humanitaire, est devenue une source d’inspiration et un modèle pour ses congénères.

L’essor de dame Béatrice commence dans la douleur et le dénuement total. Sinistrée suite aux inondations de 2010 qui ont affecté son village, elle ne subsistait avec sa famille que par l’aide humanitaire qu’apportait Care International Bénin Togo. Peu à peu, ces donateurs ont commencé à insister sur l’importance de l’indépendance alimentaire à travers le micro-entrepreneuriat, car confie-t-elle «  ils nous ont dit que si on nous donnait du filet et qu’on nous apprenait à pêcher, on en vivrait mieux ». Cela déclencha son esprit entrepreneurial.

Avec les connaissances acquises aux côtés de sa mère, dans la transformation de l’arachide, elle démarra par une petite production de Klui-Klui. Grâce à l’Association Villageoise d’Epargne et de Crédit (AVEC) ; elle maintenait à flot son commerce jusqu’à l’appel de « Call for life Pregnancy center », une ONG de soutien aux femmes enceintes par le biais de laquelle elle exposa sa capacité managériale. En un mois de formation (au lieu de trois initialement prévus), elle se révéla comme une gérante hors pair et surtout savait écouter les femmes. Elle restera gérante du « Call for life Pregnancy center » de son village Zoukon jusqu’à l’avènement de la première phase du programme ACMA en 2014. Elle embrassa alors la transformation du manioc en gari à petite échelle en complément à son premier commerce.

Béatrice Houessou réajustant le feu d’un foyer de préparation de Gari

Du sursaut entrepreneurial à une figure de leader

La phase 1 du programme ACMA acta les premiers pas de Béatrice Houessou dans la transformation du manioc. Elle creusa sous une paillote dans la cour familiale, un foyer de circonstance et se mit à la production du gari Lobè, une variété très demandée dans cette localité. Avec les formations sur les techniques d’hygiène, elle comprit qu’il fallait relever son foyer. Ce qu’elle fit très vite. Avec les outils de gestion qu’elle a appris à manipuler, dame Béatrice améliora le suivi de ses ventes.

Au détour du lancement officiel de de la 2ème phase programme, elle fut désignée porte-parole des producteurs. Pour elle, le motif de ce choix pourrait bien être sa discipline mais, ses collaboratrices ont leur idée sur la question. « C’est une dame avec un instinct maternel très poussé. Elle sait nous écouter et surtout elle sait convaincre » témoigne Justine Tohomè. Grace aux différentes formations, elle améliore peu à peu sa productivité, passant d’un foyer à quatre, puis à six en deux ans et s’apprête à en rajouter. Elle découvrit les techniques de fabrication de gari amélioré et de présentation du produit. Ce qui a favorisé sa première participation à la foire de la 4ème édition des Rencontres internationales de Court Métrage pour l’Agriculture organisée par la Fédération des Unions de Producteurs du Bénin tenu du 11 au 17 novembre 2019 . L’appui du programme ACMA2 en matériel de travail (presses, rappeuse, et bassines en aluminium) lui permit également de décupler sa production et de gagner beaucoup de plus grosse commande.

Les collaboratrices de dame de Béatrice Houessou rémuant le gari sur le feu

Aujourd’hui, elle emploie quatre femmes qu’elle paie quotidiennement depuis deux ans. Très sollicitée, Béatrice bénéficie du soutien sans faille de son de son époux et de sa belle-famille surtout quand elle est amené à voyager tant sur sollicitation du programme pour représenter les producteurs que sur d’autres fronts.

Elle est devenue un soutien de taille pour sa famille et fait l’objet d’une grande admiration de la part de ses collaboratrices qui ne jurent que par son charisme. Elle est sortie de la gamme des détaillants avec le gari Sohoui qu’elle ne produit désormais que sur commandes à la tonne près. Avec le gari Lobè, elle réalise un chiffre d’affaires mensuel de 150.000 francs CFA sur les marchés de la localité.

Fort de ses réussites, Béatrice s’offrit un terrain dans un village voisin où elle compte installer son unité de production très bientôt. Dans un futur encore plus proche, cette femme influente compte s’offrir une moto tricycle pour se simplifier le transport du manioc des champs vers son centre de transformation. Avec autant de succès à son actif, Béatrice vise le marché sous régionale, et dans cette perspective elle s’apprête à participer à la foire du nouvel an qui s’annonce à Cotonou en décembre avec ses garis de la gamme « Espoir de Dieu ». Visiblement, ACMA 2 ne formate que des ambitieux.

Méchac AWOKOLOÏTO

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