Il y a quelques jours, les béninois ont été alerté par rapport à l’intoxication du Lac Toho dans le département du Mono au sud du pays. Une substance non identifiée, a décimé une bonne partie des ressources halieutiques du Lac Toho. Des dizaines de milliers (plus de 40.000) de poissons morts ont été reperchés à la surface du lac. Face à ce drame halieutique, le ministre de l’agriculture de l’élevage et de la pêche a diligenté une équipe du laboratoire central de la sécurité sanitaire des aliments (LCSSA) pour effectuer les premières analyses et déterminer la cause du drame. Les premiers résultats des analyses étant tombés, le directeur du Lcssa était face à la presse ce jour pour livrer les premières conclusions.
Suite aux premières dispositions prises par les autorités béninoises à la survenue de ce drame halieutique, les techniciens de la direction halieutique du Bénin, ont déjà constaté que de la pellicule rouge qui s’est étalée sur le lac est un produit de synthèse qui y a été déversé et dont la nocivité, n’a duré que quelques jours. Loin de convaincre l’opinion publique, ce constat devrait être confirmé ou infirmé par les analyses du laboratoire central de la sécurité sanitaire des aliments (LCSSA). Ces résultats étant désormais disponibles, le directeur du laboratoire Chabi Kinnou Sika a profité de cette sortie médiatique pour apporter plus d’amples explications sur l’intoxication du lac Toho.
« Nous avons fait des prélèvements de trois matrices (les eaux, les sédiments et les poissons) afin de mener les explorations devant permettre d’élucider les causes d’un tel drame. Le laboratoire a procédé en premier lieu à un ‘’screening’’ sur les grandes familles de pesticides et de médicaments vétérinaires » a introduit Chabi Kinnou Sika avant de dévoiler les résultats des analyses. Tout en précisant que ce sont des résultats partiels, le directeur du Lcssa a expliqué que d’après les premiers résultats, on peut affirmer que le lac n’a pas été infecté par une action extérieure encore moins par une quelconque famille de pesticides ou de médicaments vétérinaires. En effet, aucune des matrices ne contient les quatre grandes familles de pesticides utilisées au Bénin. Les analyses du pH et de l’alcalinité de l’eau ont révélé qu’ils sont nuls et par conséquent que l’eau est neutre. Néanmoins, deux familles importantes de médicaments vétérinaires à savoir les ‘’tétracyclines’’ et les ‘’sulfamides’’ ont été décelées dans les chair des poissons (ces poissons sont ceux prélevés dans le bassin d’élevage et non dans le lac), mais non dans l’eau et dans les sédiments.
Ce doute étant levé, le directeur du laboratoire central de sécurité sanitaire des aliments a laissé entendre que l’intoxication du lac pourrait s’expliquer par un phénomène endogène au lac qui a provoqué un étouffement massif des poissons. Selon ses propos, le lac Toho se retrouve dans la dépression de la lama et on peut supposer qu’il y a affleurement entre les eaux de surface et les eaux souterraines. C’est pourquoi, les analyses se poursuivent et une recherche des molécules sulfureuses sont en cours pour chercher d’autres toxines avec l’aide des laboratoires de la sous-région afin de confirmer cette hypothèse, a-t-il dit.
Par ailleurs le directeur départemental de l’agriculture de l’Elevage et de la pêche du Mono, Euric Guidi a rassuré que la vie a repris petit à petit sur le lac. Les poissons morts reperchés ont été incinérés avec précautions et jusqu’à ce jour, il n’y a plus d’activités sur le lac. Les dispositions interdisant la consommation des produits halieutiques issues du lac restent en vigueur et les sensibilisations se poursuivent.
André Tokpon
