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Environnement/la lutte contre les sachets plastiques non biodégradables souffre d’un manque de pédagogie

 

Depuis 2017, le Bénin a mis en place un cadre juridique pour engager la lutte contre les sachets plastiques non biodégradables. Ce nouveau paradigme a acté l’avènement sur le marché des sachets dits « biodégradables », qui au vu des faits n’en sont rien. Et comme un aveu d’inefficacité de cette loi, le gouvernement à travers le ministre de l’Environnement a annoncé lors d’une réponse à la question orale de la députée Sedami Fagla, la commande d’équipement de détection des sachets non bio dégradables. Sur la question, les experts sont partagés et ont leur propre opinion sur le meilleur moyen d’éradiquer ces emballages en polymères non compostables.

La lutte contre la production, la commercialisation et l’utilisation des sachets plastiques non biodégradables a du plomb dans l’aile quand bien même l’appréhension de leur nuisibilité est unanime. Un tour au marché Dantokpa de Cotonou permet de faire l’amer constat de la forte présence de ces sachets. L’adoption de la loi n° 2017-39 du 26 décembre 2017 portant interdiction de la production, de l’importation de la commercialisation, de la détention, de la distribution et de l’utilisation des sachets plastiques non biodégradables a enclenché un début de prise de conscience qui présageait d’un renversement de la tendance. On pouvait alors constater l’avènement de sachets multi colores dits bio dégradable. Suivant l’analyse des experts en environnement, la constitution même de ces nouveaux emballages plastiques crée une confusion et n’occulte pas le danger qu’ils constituent pour la terre et les êtres vivants au regard des normes NF EN 13 432 ou NF T51800 sur la compostabilité des plastiques. Alors, le citoyen lambda soucieux du maintien de l’environnement est porté à se demander si les mesures du gouvernement se révèleront efficaces.

Sur ce point, le début d’action initié souffre déjà du manque d’implication des experts en question d’environnement. « L’adoption de la loi a manqué de pédagogie, car lorsqu’on sort une loi, il faut s’associer des praticiens, des chercheurs d’un peu partout et uniformiser la communication qui doit accompagner cette sensibilisation », pense Harry Viderot, Docteur en science de gestion et praticien sénior de l’université de recherche des Nations Unies en Suisses, en négociation commerciale et politiques internationales.

« Comme on ne trouve pas souvent des emballages écologiques moins chers, nous faisons avec ceci d’abord »

L’apparition des sachets plastiques de différentes couleurs et de textures tantôt rigides tantôt trop souple sème la confusion chez les populations. De nombreuses personnes continuent de croire qu’ils sont en phase avec la règlementation en utilisant ces nouveaux emballages. En réalité, l’industrie de ces emballages a usé du manque d’une véritable répression et de l’ignorance des détaillants pour continuer à déverser cette matière pétrosourcée et non compostable sur le marché. Le circuit de distribution toujours ouvert provoque davantage l’ancrage de la circulation des sachets plastiques  non biodégradables dans les habitudes avec l’omniprésence des dangers qu’ils comportent.

Face à la dimension économique et sociale que comporte la prolifération de ces sachets, Dr Harry Viderot préconise l’harmonisation de la communication en complément aux mesures identifiées par le gouvernement. « Il faut uniformiser ces messages en mettant l’accent sur la suppression totale des sachets », propose-t-il. Pour lui, la confusion n’a que trop duré quand bien même il existe une volonté des populations suffisamment informées d’adhérer à l’utilisation des emballages biodégradables autres que les sachets. « Nous sommes conscientes que ces sachets en couleurs appelées biodégradables sont aussi nuisibles, mais comme on ne trouve pas souvent des emballages écologiques moins chers, nous faisons avec ceci d’abord » explique une revendeuse qui a souhaité garder l’anonymat.

 

 

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