Limités par le caractère essentiellement informel de leurs activités, les acteurs agricoles se heurtent regulièrement au refus des étalissement financiers de leur accorder du crédit. Le FNDA a pensé à corriger ce paradigme en inscrivant dans son mécanisme d’accompagnement aux promoteurs et PME agricoles demandeurs de crédit, des Structures d’Appui et d’Encadrement (SAE). Ceux-ci s’attellent à améliorer le profil des acteurs agricoles et augmentent leur chance d’obtenir du crédit.
Plusieurs promoteurs agricoles présentent des projets à fort potentiel pour solliciter du credit, mais cela ne suffit pas toujours car pour rassurer les institutions financières (banques et SFD), qui considèrent l’activité agricole comme risquée. En plus des aléas naturels qui font douter les financiers, il faut dire que nombre de postulants n’arrivent pas à presenter, un historique fiable pour faciliter la décision d’accorder du crédit et un plan de remboursement clair. Ayant identifié cette situation comme une problématique prioritaire à résoudre, le FNDA collabore avec un certain nombre de cabinets spécialisés dans l’accompagnement des PME. « Notre rôle consiste à faire un diagnostic du fonctionnement des PME afin de savoir de quoi elles ont besoin pour devenir des entreprises crédibles vis-à-vis de l’institution financière qui devra mettre en place le crédit » explique Marcel EFFON, Directeur général du cabinet Impact Plus, l’une des SAE accreditées par le FNDA
Ces cabinets au nombre de 12 (voire la liste exhaustive) sont agréés par le Comité d’Identification des Structures d’Appui et d’Encadrement (Cisae) des PME et PMI de la BCEAO. Elles interviennent sur tout le territoire national à travers leur représentation dans les différents pôles de développement agricole. Elles sont de ce fait compétentes pour accompagner les acteurs, quelle que soit leur filière. Au cours de leurs interventions, les SAE effectuent un diagnostic de la situation de l’entreprise et en révèlent les forces et les faiblesses afin d’identifier et de mettre à leur disposition des outils de gestion, de renforcement de capacité ou encore l’élaboration d’un business plan.
Une intervention à toutes les étapes
Les SAE bénéficient d’un mandat pour apporter un accompagnement sur mesure à plusieurs étapes de la vie des PME. « Nous prenons les PME qui sont au début de leur vie. Nous accompagnons aussi celles qui sont déjà créées et qui sont dans une phase de développement. Nous soutenons aussi les PME qui ont déjà connu la phase de création et de développement et qui rencontrent des problèmes afin de voir de quoi elles souffrent » renseigne Soumaïla Souleyman, Directeur général du cabinet Cosmos Consulting.
Elles effectuent par ailleurs un suivi après la mise en place du crédit du financement. Selon les exigences de la BECEAO, les SAE doivent veiller en aval à une bonne utilisation des crédits bancaires, au bon déroulement des plans d’affaires et au respect des échéances, ce qui va réduire le risque de défaut de paiement. Ces diverses prestations permettront donc aux beneficiaires des credits, d’être non seulement crédible mais aussi compétitif sur le marché. En contrepartie, les promoteurs et PME agricoles paiera un forfait etudié et negocié pour la circonstance.
Un accompagnement à coût étudié
« De par notre expérience, nous avons réalisé que les PME agricoles n’ont pas la culture de paiement des prestations des consultants », a fait remarqué Soumaïla Souleyman. En effet, habitués des services d’appui et de conseil gratuits des programmes et projets, de nombreux acteurs agricoles ne trouvent pas l’utilité de débourser de l’argent pour les prestations d’une SAE. Certains estiment d’ailleurs que leurs services sont très onéreux quand bien même les SAE essaient de la convaincre du contraire. Les SAE référencées par le FNDA dans son dispositif d’accompagnement, sont soumis aux normes tarifaires nationales instaurées par le Ministère des Petites et Moyennes Entreprises et de la Promotion de l’Emploi.
Ainsi, une grille tarifaire très étudiée des différents services que ceux-ci peuvent apporter aux PME a été mis en place. Toutefois, face à la situation précaire des acteurs agricoles et pour les encourager à recourir à ces prestations, de nombreuses SAE font des concessions. « Le ministère en charge des PME a défini avec nous des coûts, mais il y a des SAE qui travaillent en dessous de ces coûts. », révèle le directeur général du cabinet COSMOS Consulting.
Même son de cloche du coté du cabinet Impact plus dont le premier responsable avoue consentir parfois à des sacrifices pour aménager des modalités de paiement avec les acteurs qui présentent une situation financière difficile. « Au contact de la réalité aujourd’hui, tous les jours nous travaillons avec notre comité de gestion à réduire ces factures. On n’est pas fermée dans des considérations de facturation. Jamais aucune PME ne paie chez nous la facture normale », déclare-t-il.
Les SAE ne garantissent pas le crédit
Avec autant de facilités, le FNDA se veut à travers ces SAE un véritable catalyseur de la structuration des PME agricoles et de l’accès au crédit au Bénin. Toutefois, les prestations de ces structures ne garantissent pas l’accès au financement. « Les SAE ne s’engagent pas sur le crédit, ce n’est pas les structures d’appui qui apportent le crédit », précise Marcel Effon. En effet, la garantie des SAE ne saurait couvrir l’obtention du crédit auprès des banques et des SFD. Et pour cause, celles-ci restent souveraines dans leur décision d’accorder ou non du crédit à un demandeur.
Les critères d’évaluation d’un projet ne sauraient se porter que sur le seul aspect de la crédibilité de l’entreprise. Toutefois, elle peut constituer un facteur décisif pour les banques et SFD. Mais avant, les SAE recommandent à ces acteurs de se départir des à priori sur leurs interventions. De même, ils leurs suggèrent de se rendre disponible afin d’échanger avec les SAE puis de faciliter l’accès aux informations de qualité qui permettent de réaliser un diagnostic fiable de la situation de leur entreprise.
Méchac AWOKOLOÏTO
