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Rijk Zwaan, l’innovation au service des maraîchers africains

Présente en Afrique de l’Ouest depuis plus de vingt ans, la société néerlandaise Rijk Zwaan mise sur l’innovation variétale pour transformer l’agriculture maraîchère. Son objectif est d’accompagner la transition vers un maraîchage plus professionnel, plus productif, et mieux adapté aux réalités climatiques africaines. Christophe Guiet, responsable régional Afrique de l’Ouest et Afrique centrale chez Rijk Zwaan, partage la stratégie du groupe et sa vision pour 2050.

Fondée aux Pays-Bas en 1924, Rijk Zwaan fait partie du cercle des leaders mondiaux en semences potagères. Spécialiste de la sélection de fruits et légumes, l’entreprise occupe aujourd’hui le 4e rang mondial du secteur tout en restant indépendante : 100 % de ses bénéfices sont réinvestis où 30 % est dédié à la recherche et au développement. « Rijk Zwaan est le quatrième semencier au monde en termes de chiffre d’affaires, en n’ayant pas d’oignons, en n’ayant pas de haricots, en n’ayant pas certaines espèces sur la gamme commerciale », confirme Christophe Guiet.

Rijk Zwaan
Christophe Guiet, Responsable régional Afrique de l’Ouest et Afrique centrale chez Rijk Zwaan

Contrairement aux géants multisecteurs qui dominent le secteur, Rijk Zwaan se consacre exclusivement aux légumes et aux fruits. Avec plus de 30 cultures différentes et plus de 2 000 variétés actives à son catalogue, la société détient environ 60 % du marché mondial de la laitue mais gagne des parts de marché rapides en tomate, poivron ou concombre grâce à ses résistances de dernière génération. Rijk Zwaan est également leader mondial dans la commercialisation de semences de concombre.

Une stratégie africaine pensée pour les réalités tropicales

Présente en Afrique depuis 2002, Rijk Zwaan a d’abord implanté sa base de production de semences en Tanzanie. En 2008, l’entreprise y crée un centre de sélection tropicale, avec pour mission de développer des variétés adaptées aux climats africains. Les premières variétés commerciales issues de cette recherche sortent en 2016-2017. « Les conditions en Afrique de l’Est ne sont pas les mêmes qu’en Afrique de l’Ouest », explique Christophe Guiet. Il fallait donc adapter les sélections aux zones de basse altitude, à l’humidité tropicale, et aux fortes pressions de maladies que connaissent des pays comme le Bénin ou le Sénégal.

Des résultats spectaculaires au champ

La priorité : proposer des variétés capables d’au moins doubler les rendements habituels, tout en assurant une meilleure conservation post-récolte, et une plus grande résilience climatique. À titre d’exemple, Christophe Guiet cite la variété de tomate prune Jarrah. « Une seule plante peut produire jusqu’à 5 à 6 kg. En la cultivant à raison de deux plants par mètre carré, on peut atteindre 10 kg/m², soit 100 tonnes par hectares. C’est un saut de productivité majeur  où les producteurs locaux plafonnent souvent à 15-20 tonnes ». Outre les tomates, les variétés de piment type habanero, aubergine africaine, concombre, chou, melon ou laitue tropicale composent une gamme diversifiée, calibrée pour les conditions locales.

 « En maraîchage, ce n’est pas la taille qui compte »

Au-delà des semences, Rijk Zwaan mène un véritable travail de transformation des pratiques culturales. L’un des messages clés : sortir de la logique extensive. « En Afrique, les producteurs ont souvent été formés à cultiver de grandes surfaces en céréales ou coton. En maraîchage, c’est l’inverse. Ce n’est pas la taille de la parcelle qui compte, mais le rendement au mètre carré. » L’entreprise encourage ses partenaires à raisonner en intensif, à investir dans la qualité et à mieux gérer l’eau, notamment via le goutte-à-goutte, pour optimiser chaque unité de surface.

Investir dans la semence, une idée encore neuve

Le prix des semences reste un frein pour certains producteurs. Mais pour Rijk Zwaan, il faut inverser le regard : « La semence n’est pas une charge, c’est un investissement. Il vaut mieux dépenser 10 000 FCFA pour gagner 20 000, que 5 000 pour en gagner 10. » L’entreprise insiste aussi sur l’importance de la qualité sanitaire des semences : les graines auto-produites par les agriculteurs propagent souvent maladies, virus et pertes de vigueur.

« Très souvent, il y a beaucoup de gens qui travaillent avec des graines qu’ils ont reproduites eux-mêmes, par exemple dans les bouteilles. Certes, ils ont reproduit la graine, mais ils ont reproduit également les caractères qui ne sont pas bons et particulièrement les maladies, les virus, les champignons. Tout ça fait que si les producteurs continuent à produire eux-mêmes leurs semences, ils vont […] avoir des rendements très faibles », souilgne Christophe Guiet. Il soutient que créer une variété stable et résistante prend 7 à 8 ans de recherche : un coût justifié par les performances obtenues. En novembre 2024, le Conseil nigérian des semences agricoles (NASC) a nommé Rijk Zwaan « Champion du développement du secteur semencier ».

Réduire les pertes post-récolte et s’adapter au climat

Certaines variétés, comme Jarrah, sont spécialement sélectionnées pour leur fermeté et leur taux de matière sèche élevé, gage de résistance aux manipulations et de réduction des pertes en marché. Le nécessaire a été fait pour que cette variété ait un Brix (teneur en sucres solubles) de 5,6. « Nous sélectionnons des variétés pérennes en prévision du changement climatique et de l’évolution constante des exigences du marché. Pour accélérer le processus de sélection et garantir des semences de haute qualité, nous utilisons des technologies modernes telles que l’intelligence artificielle, le phénotypage numérique et la sélection basée sur les données. », précise le site officiel de Rijk Zwaan. Face au changement climatique, Rijk Zwaan travaille aussi à la tolérance à la chaleur et aux maladies. « On ne sélectionne pas des variétés qui poussent sans eau. Mais on peut optimiser la gestion de l’irrigation et développer des plantes plus efficientes », précise Christophe Guiet.

Une implantation progressive, un avenir panafricain

Au Bénin, Rijk Zwaan collabore avec le ministère de l’agriculture, des partenaires comme Holland Greentech, WorldVeg, l’IITA. Des centres de démonstration, des formations techniques et des essais variétaux permettent aux producteurs de tester et comparer les performances. Et pour l’avenir ? Christophe Guiet est formel : « En 2050, le continent africain sera le continent le plus peuplé au monde. Ça veut dire que les gens auront besoin de s’alimenter, de se nourrir, d’avoir une alimentation plus équilibrée. Donc on fait la promotion de nos variétés pour atteindre ce but de la sécurité alimentaire. Rijk Zwaan sera partout. »

Auriol HOUDEGBE

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