Au Bénin, seulement 6,9% des agriculteurs ont accès au crédit agricole, selon le Recensement national de l’agriculture (RNA 2021). Le Salon national de la finance agricole (SNFA) est censé contribuer à améliorer l’accès des producteurs au financement agricole en créant une synergie d’action entre tous les acteurs, de l’Etat au secteur privé. L’événement s’est déroulé du 31 mai au 1er juin 2024 à l’Université nationale d’Agriculture à Porto-Novo.
Au même titre que la terre arable, les semences ou les fertilisants, les finances sont un facteur essentiel de développement agricole. Néanmoins, l’accès des producteurs au financement agricole reste encore embryonnaire au Bénin. Alors que les agriculteurs ont besoin de ressources financières nécessaires pour assurer leur fonds de roulement ou d’investissement.
Aussi bien que les institutions de microfinance et les banques, les exploitants agricoles sont réticents, les unes par crainte des risques et les autres par doute de faire accepter leur projet agricole soumis au financement. De ce fait, « les producteurs sont obligés de contracter des prêts commerciaux pour les adapter à l’agriculture, ce qui ne marche pas », a déclaré David D. Adjovi, président de l’union communale des producteurs, point focal de la Plateforme nationale des organisations paysannes et de producteurs agricoles du Bénin (Pnoppa-Bénin).
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A en croire Consolat Hountin Kiki, l’insuffisance de spécialistes en finance agricole et le manque d’actions concertées entre les acteurs ont longtemps favorisé cet état de choses. « Aujourd’hui, les questions de finance agricole ne sont plus à traiter de façon dispersée ; il faut vraiment que les spécialistes de la question se mettent ensemble avec les autres acteurs pour que les problèmes soient adressés de façon efficace », a déclaré le consultant agroéconomiste, spécialiste de la finance agricole et climatique.
L’initiative de la première édition du Salon national de la finance agricole vient donc à point nommé, selon Consolat Hountin Kiki. En plus de susciter une collaboration efficace entre les agences étatiques, les chercheurs, les agriculteurs, les institutions financières voire les presses agricoles à travers la mise en place d’un cadre de concertation, ce salon vise aussi à révéler la formation universitaire de finance agricole récemment mise en place au sein de l’Université nationale d’Agriculture (UNA). Le Directeur de l’Ecole d’agrobusiness et de politique agricole (EAPA), Dr Emile Houngbo a honoré de sa présence l’événement. Pour lui, « l’agrobusiness est la clé » du développement du Bénin. Mais face à la faible compétitivité du secteur, l’enseignant chercheur affirme qu’organiser un salon du genre, pour parler de la finance agricole, constitue un moyen de mettre une lumière sur les maux dont souffre le secteur pour ensuite proposer des idées novatrices visant à améliorer les choses.
Outre la cérémonie officielle de lancement, le salon a été marqué par une conférence inaugurale. Au cours de celle-ci, les intervenants ont souligné le contexte de la finance agricole au Bénin où, depuis longtemps, les agriculteurs comptent sur les subventions et les dons. « Pour celui qui est tout le temps habitué aux dons, vous voyez qu’il est difficile pour lui de s’adapter aux crédits, même quand vous lui donnez du crédit, il pense que c’est un don et il n’a pas envie de rembourser. Donc c’est aussi une question de mentalité », appuie Consolat Hountin Kiki.
La Génération Lumière, une association de formation et d’éducation des jeunes, qui a initié le salon, a pour ambition de contribuer à changer cette mentalité. Elle a eu, à ses côtés, lors du lancement, des institutions et autorités de haut rang à l’image de la Direction départementale de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche de l’Ouémé représentée par Jocelyne Ando. La Banque alimentaire du Bénin soutient cette initiative qui, avoue le président Delano Hountin Kiki, est la bienvenue. Cette institution qui lutte contre le gaspillage alimentaire est enthousiaste d’appuyer des jeunes gens venus exposer des produits agroalimentaires locaux à la foire du SNFA.
« Nous avons tout de suite accepté d’accompagner ces jeunes-là qui sont dans la commercialisation des produits locaux. Notre appui serait de les aider à pouvoir installer une ligne verte pour que les ménages puissent avoir accès aux produits locaux à moindre coût », a déclaré le Président de la Banque alimentaire du Bénin au terme de la visite des stands installés dans la cour supérieure de l’UNA.
Pendant deux jours d’affilée, le Salon national de la finance agricole a été meublé de discussions riches autour des politiques, des stratégies et des sources de financement agricole aussi bien pour les jeunes que pour les femmes. Les travaux ont abouti à la création d’un cadre de concertation et à des propositions innovantes. « Nous sommes en train de penser et de créer un recueil qui va faire la synthèse de ces propositions et les transmettre à qui de droit », a conclu Consolat Hountin Kiki.
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