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Au FNDA, « ça ne démarche pas, c’est sans intervention aucune », assure un bénéficiaire

Alors que le Bénin redynamise son Agriculture, un secteur qui a contribué à 26,9% au PIB en 2022 (Instad), le Fonds national de développement agricole (FNDA) se positionne comme un outil efficace et inclusif pour faciliter l’accès au financement des promoteurs agricoles. Sur le terrain, les impacts des interventions du Fonds sont tangibles, les témoignages vérifiables et les réalisations des bénéficiaires sont concrètes comme le cas de Constant Kenoukon, aviculteur de longue date, directeur du groupe Agro Services, La précision.

« Au départ, les informations que nous avons sur le FNDA font état de ce que les choses ne sont pas automatiques là-bas ». Mais par la suite, Constant Kenoukon, du haut de ses plus de vingt (20) ans dans le secteur avicole, a fait lui-même une expérience qui l’a « agréablement surpris ». Promoteur avicole installé à Pahou, dans la commune de Ouidah, il a sollicité l’appui du Fonds vers la fin de l’année 2022 pour étendre son exploitation et moderniser son outil de production.

« J’ai sollicité ma banque, mais n’eut été cette main, ce soutien en termes de garantie et de taux de bonification du FNDA, je ne suis pas sûr que ma banque veuille accepter aller à ce financement, surtout de l’investissement », reconnait Constant Kenoukon que nous avons rencontré sur son site en extension à Savi, un arrondissement de Ouidah. « Cette extension dont le FNDA nous avait tenu la main [pour obtenir, Ndlr] nous permet de passer de 20 mille à 40 mille têtes de poules pondeuses », a-t-il confié.

FNDA
Une ferme avicole en chantier à Savi, financée grâce à l’appui du FNDA

De la garantie et de la bonification du FNDA

Il sied à ce niveau de rappeler les opportunités offertes par le FNDA aux promoteurs agricoles. Tout d’abord, le Fonds facilite l’accès des promoteurs à la garantie des prêts. En effet, pour prêter de l’argent à ces clients, les banques et les institutions de microfinance exigent d’eux une sûreté. Elles demandent une garantie qui représente généralement une fois et demie le montant du crédit à octroyer. Ce qui bloque souvent la plupart des petits producteurs qui n’ont pas suffisamment de patrimoines à mettre en gage.

« La garantie que le FNDA offre vise à beaucoup tendre la main à l’ensemble des promoteurs agricoles pour accéder au crédit, pour rendre le crédit beaucoup plus accessible aux demandeurs et aux promoteurs agricoles. Sans cette garantie, cela va limiter beaucoup, surtout les petits producteurs à avoir accès au crédit bancaire », souligne Constant Kenoukon. Le FNDA se porte alors garant à 50% et la garantie complémentaire est supportée par le promoteur agricole. Ce dernier paiera un taux d’intérêt maximum de 9% l’an si la dette est contractée auprès de la banque ou de 12% l’an si auprès du système financier décentralisé.

A part la garantie, le Fonds bonifie le taux d’intérêt des prêts dans certains cas. Selon les informations du FNDA, cette bonification s’adresse aux bénéficiaires qui expriment des besoins d’investissements agricoles ou qui réalisent des opérations d’achat d’équipements ou d’intrants agricoles. Sachant que les banques et les systèmes financiers décentralisés sont très réticents à investir dans le secteur agricole considéré comme très risqué, et compte tenu « du taux de rentabilité un peu faible voire tardif », la bonification du FNDA s’illustre comme la solution.

La bonification « vient véritablement amortir le choc de l’argent chaud que les banques ont l’habitude de prêter aux commerçants », a déclaré Constant Kenoukon.

En effet, contrairement aux commerçants, le taux appliqué au crédit accordé aux promoteurs agricoles, pense l’entrepreneur avicole, ne doit pas être de deux chiffres. « Le secteur agricole financé avec un taux d’intérêt de deux chiffres, la rentabilité va encore rester loin dans le temps », défend-il. D’où la pertinence du taux de bonification du FNDA qui est de 2% l’an.

Un processus apolitique

Quand Constant Kenoukon a senti le besoin de recourir au FNDA pour bénéficier de la bonification du taux d’intérêt, il ne s’imaginait pas être satisfait dans de brefs délais. D’ailleurs, il n’avait aucune affinité, assure-t-il, ni au Fonds, ni à la banque pour prêter flanc au clientélisme. Au FNDA, « ça ne démarche pas, c’est sans intervention aucune », a martelé l’aviculteur. Il affirme avoir expérimenté un dispositif de financement agricole sans « lenteur », sans « blocage ».  Et « tout a été vite », a renchéri Constant Kenoukon vraiment surpris par l’efficacité du mécanisme du Fonds national de développement agricole.

Tout comme cet aviculteur, de nombreux autres promoteurs agricoles d’autres spéculations, comme le riz, le palmier à huile, l’ananas, pour ne citer que ces cultures, témoignent aussi de l’efficacité du FNDA sur le terrain. « Si ça a été rapide pour celui qui a pris un investissement au-delà de 150 millions, j’imagine, si ce sont des crédits de fonds de roulement de 50 millions ou de 25 millions, ça doit aller encore plus vite », est convaincu l’aviculteur. Pour lui, en consolidant cette dynamique, le FNDA pourra contribuer considérablement au développement de l’Agriculture béninoise, notamment la filière avicole qui augure d’un avenir radieux dans un contexte d’interdiction prochaine des importations de la volaille surgelée au Bénin.

Quelques difficultés

Si le FNDA a connu de réelles améliorations depuis 2022, (cf. les chiffres), il n’en demeure pas moins que sur le terrain les promoteurs agricoles se heurtent à certaines difficultés. Parmi celles-ci, figure la période de différé exigée par la banque pour rembourser un crédit d’investissement qui est de six (6) mois. Pour les acteurs agricoles, ce délai est très court et contraignant.

« Un investissement dans le secteur agricole, si c’est un crédit d’investissement, c’est un an qu’il faut comme période de différé pour permettre la mise en place des investissements et du roulement », commente Constant Kenoukon. Pour illustrer son propos, il affirme que la mise en place d’un investissement en aviculture par exemple peut durer au moins six (6) mois. Il faut ensuite six (6) nouveaux mois pour que la volaille installée commence par produire. Ce n’est qu’après cette période que le remboursement du crédit peut mieux favoriser le producteur.

L’autre difficulté est liée au fait que les banques et les institutions de microfinance ne maîtrisent pas le secteur agricole et ses exigences. A cet effet, le gouvernement, en décembre dernier, a édicté de nouvelles mesures dont celle relative à la dotation des systèmes financiers décentralisés d’un personnel qualifié en matière de financement agricole. Une approche appréciée par les promoteurs agricoles. Elle permettra, selon certains, de ne pas confondre l’agripreneur au commerçant qui sollicite un crédit et de le considérer selon les spécificités du secteur agricole. Mieux, la spécialisation des institutions financières pourrait corriger le tir, pensent d’autres.

Retour sur les performances clés du FNDA

Entre 2020 et 2022, le FNDA a facilité 11,017 milliards FCFA de crédits. Depuis janvier 2024, plus de 61,776 milliards de FCFA de crédits ont été rendus possibles. Pour le seul mois de janvier 2024, à peu près 4,5 milliards ont été facilités selon Nicolas Ahouissoussi, directeur général du FNDA. Il a communiqué ces chiffres au cours d’un entretien diffusé sur la télévision nationale le 4 février passé.

En gros depuis 2020, grâce au FNDA, plus de 72 milliards de FCFA ont pu être accordées aux bénéficiaires que sont les producteurs agricoles sous forme de crédit, de subvention, de bonification, etc. On peut toucher du doigt les résultats sur le terrain. « Le FNDA peut venir de temps en temps nous visiter pour constater », a souhaité l’aviculteur Constant Kenoukon.

Emmanuel M. LOCONON

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