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Bénin : D’encadreur à présidente de l’AIAB, le noble combat de Bertille Guèdègbé Marcos

Ingénieur agronome de formation, Bertille Guèdègbé Marcos est l’une des rares femmes à avoir fait de sa passion, une profession. En 1986, elle sortait de la faculté des sciences agronomiques du Bénin pour acquérir 15 années d’expériences, avant de construire sa ferme à Allada et s’y installer pour « porter sa main au développement du Bénin ». Première invitée du café ben’agro, un talk-show de petites discussions, de décryptage et de face-à-face entre un expert en agriculteur et les hommes des médias, Bertille Guèdègbé Marcos est revenu sur son combat à la tête de la filière ananas du Bénin.

L’ananas est le troisième produit d’exportation du Bénin après le coton et l’anacarde, et est très cultivé au sud-Bénin. C’est dans ce secteur que Bertille Guèdègbé Marcos a tâtonné, marché et est devenue un success model pour la jeune génération. Sa rigueur, sa combativité, son sens du travail opiniâtre et sa foi en ses potentialités ont mobilisé à l’unanimité ses pairs à voter en sa faveur en 2016 pour briguer le poste de Présidente de l’Association interprofessionnelle de l’ananas du Bénin (AIAB).

L’organisation regroupe environ 8 000 producteurs, 99 petites et moyennes entreprises spécialisées dans la transformation, 13 exportateurs et 1 500 petits distributeurs intervenant sur quatre chaînes de valeur à savoir : la production, la transformation, le regroupement d’acteurs d’exportation et la commercialisation des petits commerçants sur le marché local et dans la sous-région.

« Renforcer les capacités des acteurs »

Au Bénin, la culture de l’ananas est encore à 90% artisanale. D’où la nécessité de former les producteurs en amont sur la qualité des produits frais et transformés. C’est justement à cela que s’attèle l’AIAB dont la présidente souhaite redoubler d’efforts : « On les [producteurs] prend même par vague de 10 pour les former. L’AIAB recherche les financements pour renforcer les capacités des acteurs », explique M. Guèdègbé Marcos.

A lire aussi : Labélisation : L’ananas du Bénin à la conquête des marchés

Le rôle de l’AIAB s’articule essentiellement autour du lobbying et du plaidoyer en faveur d’une interprofession pourvoyeuse de devises. Pour sa Présidente, « le regard de l’Interprofession sur les itinéraires techniques passe par la présence de techniciens recrutés par la Banque mondiale pour accompagner les producteurs dans la mise en œuvre de l’itinéraire technique recommandée pour la production de l’ananas. L’Agence territoriale de développement de l’agriculture (ATDA) doit mettre en place un système pour que l’agriculteur qui a besoin d’être suivi dans son itinéraire technique puisse aller vers l’ATDA. »

Fin-connaisseur de la filière ananas

De toute évidence, Bertille Guèdègbé Marcos est une actrice de premier rang dans la filière ananas au Bénin. Elle se résout à faire la culture d’ananas mais surtout, à surclasser ses prédécesseurs dans le domaine. « J’accompagnais des agriculteurs à élever leur capacité de production d’ananas de bonne qualité, narre cette ‘’dame de fer’’. Ils m’ont mis un jour au défi de leur prouver que je sais planter de l’ananas aussi bien dans la théorie que dans la pratique. Etant une femme de défis, j’ai voulu aller jusqu’au bout et leur montrer que je pouvais également faire comme eux et mieux qu’eux. » Elle commence la culture sur 11 hectares locatives dans le village de Soyo à Allada en 1999.

Bertille Guèdègbé Marcos sur le café ben’agro

Cette expérience a vu naître sa première entreprise spécialisée dans la production d’ananas dénommée « établissement fruits Tillou. » Après quatre années d’expériences, dame Bertille étend les tentacules de son entreprise vers l’exportation de ses produits en Europe. C’était en 2003 et elle produisait alors 2 tonnes d’ananas par semaine. Vu l’offre de marché, l’actuelle présidente de l’AIAB a sollicité les services des producteurs qu’elle formait au début de sa carrière, pour leur racheter leurs productions. Un deal bien conclu qui a permis à l’Ets fruits Tillou de passer en 2015 à 60 tonnes de produits exportés par semaine.

« …voir plus loin »

En 2010, l’Ets change de régime social pour devenir une Société à responsabilité limitée (SARL). Peu avant en 2009, « j’ai créé une unité artisanale de transformation de jus de fruits Tillou. On est parti de 6 litres de jus par jour en 2009 à 600 litres de jus par jour en 2015. Mon ambition est de donner de la visibilité à ce que je fais et montrer que lorsqu’on est dans un domaine, on peut voir plus loin », rappelle Bertille Guèdègbé Marcos. Cette ambition l’a conduite à créer une multinationale (Société Anonyme) en 2015. Cette fois-ci, elle n’est plus l’actionnaire unique mais garde 65% de part d’action et le reste est distribué entre les producteurs, partenaires et ingénieurs.

Aujourd’hui, « les fruits Tillou SA » avoisine une production de 12 mille litres de jus par jour. Ce sont ces prouesses mais également les certifications de l’entreprise pour la qualité bio de ses produits qui lui a valu à dame Bertille d’être hissée au titre de présidente de l’AIAB. Un positionnement bien mérité à cause de son dynamisme et dévouement pour le développement concret du Bénin, à travers l’agriculture.

 

Michaël TCHOKPODO

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