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Environnement et sachet plastique : quatre questions à Sandra Idossou

Qui dit sachet plastique au Bénin pense instinctivement à Sandra Idossou. La militante béninoise pour la protection de l’environnement lutte spécifiquement et activement contre le fléau à travers notamment la campagne « #SachetHéloué ». Dans le cadre de la journée mondiale de l’environnement 2023 axée sur les solutions à la pollution plastique, l’activiste écologique répond aux quatre suivantes questions de la rédaction d’Agratime.

Agratime : Quelle appréciation faites-vous de la mise en œuvre de la Loi n° 2017-39 du 26 décembre 2017 portant interdiction de la production, de l’exportation, de la commercialisation, de la détention, de la distribution et de l’utilisation de sachets en plastique non biodégradables en République du Bénin ?

Sandra Idossou : Il y a cinq ans, quand la loi sur le sachet plastique a été votée au Bénin, beaucoup étaient très contents. On était très motivés, que ce soit les associations, les Ong [Organisations non gouvernementales], les acteurs qui travaillaient pour la protection de l’environnement, tout le monde était content et on a poussé un ouf de soulagement.

Malheureusement, la mise en application de cette interdiction pèche parce que la répression n’accompagne pas vraiment cette loi. On ne peut pas voter une loi et continuer juste par dire qu’on sensibilise. Une sensibilisation sans répression ne pourra pas avoir d’impact. Même si aujourd’hui de façon visible on voit quand même un léger changement de comportements. Si vous allez dans les grands supers marchés par exemple, vous n’aurez plus de sachets plastiques. Quand les grandes entreprises veulent offrir des cadeaux, ce n’est plus dans les sachets plastiques.

Petit à petit, ces grandes entreprises prennent de bonnes résolutions pour réduire leur impact écologique. Mais dans le commerce, dans les maisons, le sachet plastique est toujours présent parce que malheureusement les importateurs, les fabricants, les commerçants de ces sachets plastiques pullulent encore dans nos pays et continuent par déverser des quantités énormes de sachets plastiques dans nos pays. Donc malheureusement on est encore très loin de voir le sachet plastique complètement disparu dans nos habitudes.

Qu’est-ce qui bloque ?

A mon avis, il faut plutôt poser la question au niveau central. C’est l’Etat qui fait voter les lois et c’est l’Etat qui doit veiller à sa mise en application. Si malheureusement l’Etat vote mais que derrière il n’y a pas de répression, et que les gens peuvent toujours faire entrer dans ce pays les sachets plastiques, bien évidemment, on aura l’impression que rien n’avance. Donc pour moi, ce qui pèche c’est justement le manque de répression qui est lié à cette commercialisation de sachets plastiques au Bénin.

Que faut-il faire alors ?

Bien évidemment il faut continuer la sensibilisation parce que les populations sont aussi responsables. Quand on parle de changement de comportements, c’est une responsabilité à tous les niveaux : au niveau central, au niveau des administrations, au niveau de la communauté et au niveau des individus. Tout le monde est responsable et il faut continuer par sensibiliser pour que petit à petit le sachet disparaisse dans nos habitudes. Mais pour que le sachet disparaisse, il faut absolument fermer les portes d’entrée de ces sachets.

Il faut aussi promouvoir l’utilisation des emballages biodégradables. Nous, ici au Bénin, je dis souvent qu’en dehors des sachets plastiques, nous avons plusieurs sortes d’emballages. Nous avons des emballages papiers, nous avons des cartons, nous avons des paniers, nous avons des sacs réutilisables, nous avons des feuilles de bananiers. Donc on a quand même à disposition des emballages bio. Mais tant que les sachets plastiques seront toujours disponibles, on ira facilement vers eux.

Le diriez-vous de vive voix aux populations de Zongo samedi ?

Comme le thème [Thème 2023: Solutions à la pollution plastique] pour la célébration de la journée mondiale de l’environnement de cette année est essentiellement sur les solutions à proposer, la solution que nous voulons, nous, c’est de faire justement un écorunnings samedi prochain à Zongo. L’objectif est de sensibiliser les populations et de nettoyer les quartiers.

sachet plastique
Sandra Idossou au milieu d’autres activistes écologiques en 2020. @Net

Cette fois-ci nous le faisons autrement parce que nous impliquons les autorités religieuses du quartier. L’Imam du quartier, l’archevêché de Cotonou et d’autres autorités religieuses ont été impliqués pour que le message porte. Le rendez-vous c’est samedi à 7 heures pour un nettoyage et pour sensibiliser les populations de Zongo.

Propos recueillis par Emmanuel M. LOCONON

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