La coordination du Projet Régional de Dialogue et d’Investissement pour le pastoralisme et la transhumance au Sahel et dans les pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest (PREDIP), mis en œuvre avec le financement de l’Union européenne, réunit divers acteurs depuis ce 27 février 2024 à Cotonou pour un Learning event. En provenance des huit pays de mise en œuvre du projet, d’organismes intergouvernementaux variés et des Organisations Paysannes Régionales, ces acteurs partagent les résultats du projet et identifient les perspectives d’actions pour sécuriser la transhumance transfrontalière dans la sous-région.
Après cinq années de mise en œuvre du PREDIP, une centaine d’acteurs provenant de diverses entités ont répondu à l’invitation de l’organe régional de coordination du projet, composé du Comité inter-État de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) et de ses partenaires tels que Acting for Life, Care International Danemark, l’Uemoa et la CEDEAO. L’objectif était de partager les acquis du PREDIP, qui a atteint son terme en 2023.
Ce programme est intervenu dans trois pays sahéliens, à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger, puis dans cinq pays côtiers que sont le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo. Il visait à renforcer la contribution du pastoralisme et de la transhumance transfrontalière à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, au développement socioéconomique équitable et à l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest. Les cinq composantes de sa mise en œuvre ont été coordonnées par des entités spécifiques telles que le Centre Régional AGRHYMET du CILSS, l’ONG Care International Danemark, Acting for Life et un consortium d’ONG et d’organisations paysannes, ainsi que le Centre Régional de Santé Animale.
Au début de la réunion, le Dr Maguette Kaire, Coordonnateur du Programme régional en Gestion des Ressources Naturelles et Changement Climatique du CILSS, a admis que « les activités du PREDIP ont été menées dans un contexte marqué par la pandémie de la COVID-19, la persistance et l’exacerbation de l’insécurité civile, et le changement climatique. Néanmoins, malgré cette situation, les partenaires chargés de la mise en œuvre du PREDIP ont vaillamment conduit le projet jusqu’à son terme ».
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Des résultats encourageants au terme du PREDIP
D’importantes activités ont marqué les années d’exécution du PREDIP. Elles ont permis d’atteindre des résultats, notamment en termes de renforcement du cadre organique et institutionnel sous-régional, national et local, ainsi que les ressources techniques et humaines pour une gestion plus efficace et inclusive des questions de pastoralisme et de transhumance transfrontalière.
Le Bénin, qui a accueilli cette rencontre de haut niveau, a bénéficié des interventions de ce projet. Dans le même sens, le pays a fait l’option d’instaurer un cadre qui favorise la sédentarisation des éleveurs. Dr Yao Akpo, Directeur de l’Élevage du Ministère béninois de l’Agriculture, cite la création des marchés à bétail qui améliorent les recettes des collectivités, la création des postes de Haut-commissaire à la Sédentarisation des Éleveurs, et l’élaboration et la mise en œuvre d’un projet de sédentarisation des troupeaux de ruminants.
Ainsi, les succès enregistrés grâce à ce projet sont dus à un bon encadrement technique, un bon pilotage politique et une bonne synergie d’action entre les partenaires au développement et les partenaires régionaux. Partant, la CEDEAO s’aligne sur cette dynamique afin de « consolider les acquis du PREDIP, mais aussi de consolider les acquis d’autres programmes pour faire du pastoralisme et des systèmes d’élevage mobile un instrument d’intégration et de renforcement des capacités des acteurs dans la sous-région, et un instrument qui consolide la paix », a confié Soulé Bio Goura, représentant de l’organisation communautaire. À cet effet, des actions sont déjà engagées pour permettre à terme de construire un consensus sous-régional et pour promouvoir le développement des systèmes d’élevage et la sécurisation du pastoralisme.
Vers un appui substantiel à la sécurisation du pastoralisme transfrontalier
Selon Adamou Mama Sambo, Haut-commissaire à la Sédentarisation des Éleveurs, les partenaires de mise en œuvre du PREDIP méritent d’être salués pour avoir réussi à mobiliser plusieurs pays et des structures techniques autour de la question essentielle que constitue la transhumance transfrontalière. Toutefois, il soulève la nécessité d’investir davantage de ressources pour conduire des projets dans les pays concernés par cette problématique et de mener des réflexions stratégiques qui favorisent l’harmonisation des politiques et des actions au profit des agriculteurs et des éleveurs.
À ces défis, le Secrétaire Exécutif Adjoint du CILSS, Sylvain Ouédraogo ajoute l’urgence de travailler à une pacification de la gestion partagée des ressources naturelles en matière de santé animale en aliments et infrastructures agropastoraux.
Mesurant l’importance de ces défis, l’Union Européenne, bras financier du PREDIP, à travers son Représentant Résident au Bénin, Nevbert Joël, annonce le lancement prochain d’un programme ambitieux avec un appui financier prévisionnel de 40 milliards de francs CFA qui se construira sur les fondations du PREDIP et concernera l’appui à l’élevage mobile et aux chaînes de valeurs qui y sont associées. « Ce programme se veut un levier pour renforcer l’accès aux services sociaux de base des populations pastorales et impliquera des régions transfrontalières de 13 états », a-t-il souligné.
La clôture du PREDIP marque donc une étape significative dans la promotion de la transhumance transfrontalière en Afrique de l’Ouest. Les résultats obtenus et les engagements des partenaires témoignent de la volonté commune de renforcer la durabilité des bonnes pratiques pastorales. A travers les perspectives qui seront issues de cette rencontre qui s’achève le 29 février, la région se prépare à poursuivre ses efforts pour consolider les acquis du PREDIP et contribuer au développement harmonieux des communautés pastorales.
Méchac AWOKOLOITO
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