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Wakapou, la start-up qui révolutionne lentement mais sûrement la filière Karité au Bénin

Longtemps ignorée par les gouvernants, la filière Karité du Bénin revêt depuis un certain temps, un intérêt grandissant auprès des investisseurs nationaux et étrangers qui se bousculent au portillon pour imprimer leur marque à la filière. Mais pour le moment, un seul est en train d’émerger avec programme bio-équitable qui révolutionne le quotidien des femmes ramasseuses et donne le pouvoir à la jeunesse locale pour offrir au Bénin, une garantie de qualité qui différencie ses amandes et son beurre de Karité de ceux des autres pays producteurs d’Afrique. Il s’agit de Wakapou, une start-up implantée dans le Nord du pays dont nous avons visité les maillons de la chaine de production.

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Oubérou, un village situé à une cinquantaine de kilomètres de Parakou sur l’axe Djougou-Parakou, abrite sur domaine de 3 ha, un complexe ordinaire (un grand bâtiment peint en rouge et un grand hangar) mais révolutionnaire pour la filière Karité au Bénin. En effet, c’est dans ce village en plein cœur de la zone de production du Karité que le français Hervé Pourcines et son associé béninois Auguste Pognon ont décidé d’implanter l’unité de production de leur start-up dénommé « Wakapou ». L’objectif premier de ce projet est d’organiser la récolte, la transformation, le stockage et la commercialisation d’amandes de karité biologiques de première qualité pour l’industrie cosmétique. Tout ceci avec un programme de modernisation de l’activité des femmes et de développement communautaire en prime. Du Bio-équitable en sommes ; dirigé et orchestré par une équipe jeune et dynamique avec le conseil avisé du cabinet CECAGRID qui a accompagné le projet dans son processus de certification.

La révolution du ramassage du fruit et de la vie coopérative est marche à Oubérou et environs

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Les femmes ramasseuses s’apprêtant à faire du ramassage dans la forêt

Se voulant une société équitable et responsable, Wakapou travaille exclusivement et directement avec des femmes organisées en coopératives et selon les règles du commerce équitable sans aucun intermédiaire. Ce qui assure à l’entreprise, le contrôle de la chaine de production et la garantie du Bio. Dans cette perspective, Wakapou a contracté une dizaine de coopératives qu’il a enregistré aux normes de l’OHADA afin que les femmes ramasseuses profitent véritablement de leur travail. Mieux, la société a certifié bio-équitable les cinq coopératives (Oubérou, Sinahou, Kaki-Koka, Samba et Banigri) impliquées dans cette première année d’activités. Elle a mis des moto-tricycles dont les conducteurs sont équipés de matériels de tracking et des rouleaux ramasseurs à la disposition des coopératives avec un ordre de mission délivré chaque matin.

« Notre ambition est d’amener les gens à changer la manière et la procédure de production et à réduire la pénibilité du travail pour les femmes. Ce qui va freiner le bradage du travail des femmes dans la filière et accroitre leur production et par conséquent leur gain » a expliqué Nicolas N’Tcha, le directeur adjoint de l’unité Production. En plus du matériel moderne de travail, Wakapou met aussi un accent particulier sur la vie coopératives des femmes ramasseuses avec là aussi un programme de structuration et de développement.

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Une femme de Oubérou utilisant le rouleau ramasseur pour collecter les fruits

Ainsi, en plus de l’enregistrement aux normes OHADA et la certification ECOCERT (certification bio-équitable), la société organise des séances de sensibilisation et de formations avant, pendant et après chaque saison afin d’aider ces femmes à non seulement développer les bonnes pratiques de ramassage du fruit avec une bonne organisation interne mais aussi à s’organiser pour les activités coopératives en dehors du ramassage. « Les femmes reçoivent ainsi, un appui-conseil pour qu’un pourcentage de leurs revenus soit dégagé pour des activités génératrices de revenus et pour le bon fonctionnement de leur coopérative en plus de la prime de développement que Wakapou verse à chaque coopérative » nous a confié Jocelyne Mahitekawa, la chef Service Développement des Coopératives.

Wakapou a aussi prévu de récompenser les meilleures coopératives qui et les meilleures femmes ramasseuses à l’issue de la saison.

La modernisation du ramassage réjouit et motive davantage les femmes

Il sonnait 09h45 (heure locale) ce jeudi quand un groupe de femmes du village de Oubérou et de Sinahou prit la route pour la forêt Ouémé supérieur dans le département du Borgou malgré le temps grisâtre qu’il faisait. Reparties par groupe de six dans sept tricycles estampillés Wakapou, ces femmes ramasseuses du fruit de Karité étaient très excitées à l’idée d’entamer une nouvelle journée de travail. Malgré l’état de dégradation avancée de la piste qui mène à la forêt et le peu de confort dont elles jouissaient sur le trajet, elles étaient toutes contentes et motivés car pour elles, le tricycle est un moyen moderne de déplacement pour faire en un peu moins de deux heures, la distance qu’elles mettaient quatre ou cinq heures à faire auparavant. « C’est très bon pour nous, Wakapou nous rend la tâche facile et nous fait gagner beaucoup d’argent » s’est exclamée Marie Moumouni l’une des femmes ramasseuses.

En effet, avant l’avènement du projet Wakapou dans la zone, elles ne pouvaient ramasser que 30 kg par femmes chaque jour et elles devraient marcher très longtemps pour retourner au village, la nuit. Soit, elles venaient dormi dans la forêt plusieurs jours pour avoir une plus grande quantité de fruits à ramener à la maison. « Dans ce cas, nous retournons au village avec une partie du butin et faisons appel à un taxi-moto qui venait chercher le reste de la marchandise contre 1000 francs CFA. Mais parfois, ces ‘’Zem’’ peuvent refuser de faire le transport s’ils estiment que la marchandise est trop lourde à transporter. Dans ce cas, nous étions obligées de faire plusieurs jours rien que pour ramener les fruits ramassés au village. A la fin de la saison nous accumulions beaucoup de fatigue et n’avions que ce qu’il faut juste pour survivre et subvenir aux besoins de la famille. A toutes ces difficultés, s’ajoutent les morsures de serpents et les piqures de guêpes ou d’abeilles qui peuvent parfois entrainer la mort dans nos rangs » raconte Kpankpanrou Amina la présidente de la coopérative de Oubérou.

« Mais avec Wakapou c’est beaucoup mieux. Nous sommes transportées à la forêt, nous pouvons ramasser jusqu’à 150 kilos par jour par femme. Nous avons nos bottes pour nous promener dans la forêt et les rouleaux ramasseurs pour récolter les fruits.  Les tricycles se chargent de transporter tous les fruits ramassés vers l’unité de production et reviennent nous remorquer le soir à 18 heures au plus tard » ajoute-t-elle avec un air joyeux.

Une procédure de traitement stricte pour obtenir une amende de qualité certifié Bio

Si Wakapou tient à révolutionner le ramassage des fruits de karité par les femmes, c’est avant tout parce qu’il est dans une démarche bio-équitable. Ce qui revient à dire que la production des amandes et du beurre certifiés bio est primordiale pour la société. Et pour y arriver, il observe une rigueur absolue dans le traitement du produit à chaque étape de la chaîne de production.

« Après la réception des fruits à l’air de déchargement, nous passons au lavage dans les dépulpeuses. Quatre au total, ces machines sont conditionnées pour nettoyer efficacement le fruit ramener des champs et de le débarrasser de sa pulpe » nous explique Adam Souradjou, responsable de la Production de Wakapou. « La noix obtenue après la phase de dépulpage passe à la cuisson pour une durée approximative de 40 minutes dans un fourneau qui peut contenir jusqu’à 800 Kg. Un temps de refroidissement de 30 à 40 minutes est observé après la cuisson avant que la noix soit envoyée dans l’aire de séchage. Là-bas, elle passera environ sept jours avant d’aller au décorticage. Ce n’est qu’après cette étape que l’amande débarrassée de sa coque va au séchage afin d’être convoyer dans le magasin de stockage » a-t-il poursuivi.

« L’aire de séchage est un concept unique en Afrique de l’Ouest car elle est habituellement utilisée par les producteurs pour les fèves de cacao mais pas pour le séchage de karité. Elle est faite de matériaux résistants aux intempéries afin de garantir la qualité de la noix et de l’amande » a lancé Hervé Pourcines, promoteur du projet.

Une innovation donc qui permet à Wakapou de parfaire son environnement de production bio avec un suivi exercé à chaque étape pour éviter que le fruit ou l’amande soit contaminé. « Nous disposons d’une machine qui nous permet de mesurer le taux d’humidité du fruit dès son arrivée dans l’aire de déchargement. Wakapou entend aussi acquérir très prochainement, le matériel de contrôle de matière grasse et du taux d’acidité dans les fruits. En plus, nous recevons régulièrement, la visite des experts de l’Agence Béninoise de l’Environnement (ABE) qui exercent un contrôle régulier sur nos installations » a dit pour sa part Aichath Bouraïma la responsable Qualité, Hygiène et Sécurité Environnementale du projet.

Un sérieux total et une rigueur absolue qui traduit l’ambition de Wakapou de produire de l’amande Bio et d’offrir à ses clients une chaine d’approvisionnement fiable des champs jusqu’à leurs usines pour une gamme de produits agricoles certifiés biologiques et équitables. Une ambition que soutient pleinement la faîtière de la filière, l’Association Karité du Bénin (AKB). Son coordonnateur Urbain Gbéhou espère que cette innovation de Wakapou fasse école afin de conférer au karité du Bénin, une particularité en Afrique. Face à la récurrence des plaintes des acheteurs sur la qualité du beurre et des amendes fournis par les coopératives, l’Association Karité du Bénin a décidé de travailler pour asseoir le label « karité du Bénin ».

Un programme de professionnalisation de la chaîne de production depuis le ramassage des fruits jusqu’à la production de l’amende ou du beurre de Karité. Toujours avec ses partenaires que sont le PARASEP et la GIZ, elle entend former les femmes des coopératives aux bonnes pratiques de ramassage du fruit et à la bonne procédure de traitement de l’amande et d’extraction du beurre a laissé entendre monsieur Gbéhou pour qui, Wakapou est une référence.

André Tokpon

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4 commentaires

  1. Wakapou est en constante recherche d’innovations simples, économiquement viables et efficaces, pour améliorer la productivité et la rentabilité de la filière karité tout en respectant l’environnement et les communautés qui travaillent avec l’entreprise.

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